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GIRONDE VIGILANTE
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5 septembre 2022

Le Président du SDIS, comme de nombreuses autorités compétentes, avait été alerté par Gironde Vigilante

20 minutes du 2 septembre 2022

Incendies en Gironde : « Le département doit avoir des moyens aériens de façon permanente », affirme son président

INTERVIEW Le président du conseil départemental de la Gironde, Jean-Luc Gleyze (PS), revient pour « 20 Minutes » sur les incendies qui ont détruit cet été plus de 30.000 hectares de forêt dans le département

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Il a été l’un des élus les plus mobilisés sur le front des incendies cet été en Gironde, à La Teste-de-Buch et Landiras. Jean-Luc Gleyze, président PS du conseil départemental, est également à ce titre le président du Sdis (Service départemental d’incendie et de secours) 33. Il a répondu aux questions de 20 Minutes.

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Alors que le feu de La Teste est aujourd’hui éteint, et celui de Landiras maîtrisé, quel constat dressez-vous après ces deux grands incendies qui ont ravagé les forêts de Gironde cet été ?

La première chose qui me vient à l’esprit, c’est le désastre auquel on assiste quand on traverse la forêt autour d’Hostens. C’est un vrai crève-cœur. Il s’agit d’incendies historiques, de l’ordre de ceux de 1949. Ils ont été hors normes par leur intensité, leur violence et leur périmètre, puisqu’on est aux alentours de 30.000 hectares détruits sur les deux feux cumulés.

Je retiens quatre facteurs qui les ont rendus hors normes : les températures caniculaires, puisque l’on a atteint quasiment 44°C le fameux « lundi noir » du 18 juillet, un taux d’humidité dans l’air qui était excessivement bas certaines journées - nous étions à moins de 10 % le 18 juillet -, une végétation qui était très sèche car elle n’avait pas subi d’hiver ni de printemps suffisamment pluvieux, et des vents tournants et instables. Ces quatre paramètres sont représentatifs du dérèglement climatique. Un cinquième élément est venu se « surajouter » à tout cela, c’est que nous avons eu deux feux majeurs qui se sont déclenchés en même temps, ce qui a obligé à diviser les équipes de sapeurs-pompiers.

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Ces deux incendies n’ont toutefois pas nécessité les mêmes réponses ?

Les deux feux ont eu leur propre particularité. Le premier, sur La Teste, a pris dans une forêt dite « usagère », maintenue volontairement sans entretien par les propriétaires et les usagers. C’est aussi une forêt très ancienne et sauvage, et en milieu dunaire, ce qui rend son accessibilité compliquée. Le feu dit de Landiras a pris, lui, dans une forêt classique des Landes de Gascogne, exploitée en ligniculture [pins en ligne]. Ce sont donc deux configurations très différentes, qui ont été gérées différemment.

Il a rapidement été évalué qu’il serait très compliqué de défendre le feu de La Teste sur le plan terrestre, parce que la forêt était tellement dense et touffue qu’il était impossible d’y passer avec un camion. Il y a donc eu ici une forte concentration de moyens aériens, quand on a pu les avoir. Les pompiers se sont, eux, concentrés sur les périphéries du feu, qu’il a fallu reculer au fur et à mesure qu’il prenait de l’ampleur. Sur Landiras, il existe un réseau de pistes forestières, ce qui permet généralement aux pompiers d’aller au contact du feu, sauf que là l’incendie a pris une telle ampleur, que cela devenait difficile, même si les feux n’ont jamais été « incontrôlables. »

Les moyens d’action déployés ont-ils été suffisants, et est-ce que la stratégie adoptée a été la bonne ?

Les deux objectifs principaux des pompiers étaient qu’il n’y ait aucune victime, et pas d’habitation détruite. On peut dire que le résultat est extraordinaire, puisque nous n’avons aucune victime civile, et neuf habitations brûlées, sur les milliers qu’il a fallu protéger.

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Cela dit, avec le président des Landes et la présidente du Lot-et-Garonne, nous revendiquons aujourd’hui d’avoir des moyens aériens de façon permanente, basés du début du printemps jusqu’à la fin de l’automne sur le massif des Landes de Gascogne. Avec un million d’hectares, nous avons le premier massif de résineux d’Europe, et il s’agit d’une forêt hautement inflammable, puisque c’est essentiellement du pin maritime. Il faut dorénavant nous considérer au même niveau que le Sud-Est de la France. C’est la rapidité d’intervention des moyens aériens qui permet de contenir ces feux, nous l’avons expérimenté cet été, puisque nous avons à plusieurs reprises détourné les avions qui étaient présents sur le massif, vers d’autres feux, dans le Médoc, en nord-Gironde, en Dordogne et dans les Landes. Systématiquement, ces feux ont été éteints rapidement.

Estimez-vous qu’il y a eu un retard d’intervention qui a été préjudiciable dans le traitement des deux grands incendies ?

Je ne dirais pas cela, mais dans ces moments-là, un quart d’heure compte. Donc, sans remettre en cause la réactivité pour déclencher les Canadair et les Dash basés à Nîmes, le temps qu’ils arrivent sur place, c’était déjà trop tard, car les conditions climatiques faisaient qu’il fallait une intervention immédiate.

Et concernant les moyens terrestres déployés ?

L’État et la communauté européenne ont fait leur travail, puisqu’ils nous ont envoyé des colonnes venant de quasiment tous les départements de France, et de quatre pays européens, même si ces troupes sont arrivées après un certain délai, et que cela nous aurait aidés si on les avait eues un peu plus tôt. Mais là où j’insiste vraiment, c’est sur les financements des Sdis [Service départementaux d’incendie et de secours], qui sont établis selon la base de la loi Démocratie et Proximité, qui repose sur la population de l’année 2002. Or, nous sommes en 2022, entre-temps la population de la Gironde est passée de 1,2 million à 1,6 million d’habitants, soit 400.000 habitants supplémentaires. Cela génère beaucoup plus de secours à personnes, et de plus en plus d’incendies, puisque 90 % des incendies sont générés par l’activité humaine. Nous sommes aujourd’hui l’un des départements qui a le plus grand nombre de départs de feux, l’un des départements les plus peuplés, et l’un des plus boisés. Du coup, ce financement n’est plus à la hauteur des besoins.

Est-ce que ces incendies, conséquences du réchauffement climatique, doivent amener de nouvelles réponses en matière d’organisation territoriale ?

La Gironde est un laboratoire du dérèglement climatique : nous avons connu en 1999 puis 2009 les tempêtes Martin et Klaus, en mai 2020 les inondations du sud Gironde, en juin dernier un orage de grêle majeur consécutif à la première canicule, puis les incendies de l’été. Quand on regarde ce panorama, on voit que nous avons été, en vingt ans, sujets à la plupart des incidents climatiques qui peuvent se produire, sans parler de l’érosion côtière. A ce titre, nous avons à œuvrer vers la résilience territoriale, écologique et sociale. C’est pourquoi nous réclamons des états généraux du massif des Landes de Gascogne à partir de l’automne. Et je pense qu’il y aura des réflexions à avoir en matière d’urbanisme, que l’État va devoir engager. 

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