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GIRONDE VIGILANTE
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7 juin 2022

Crise de l'hôpital, salaires en berne, conditions de travail : appel à la grève nationale mardi

Cnews du 7 juin 2022 

APPEL À LA GRÈVE : POURQUOI L’HÔPITAL EST-IL EN COLÈRE ?

2022 06 07 Cnews

Une grande mobilisation pour l’hôpital doit avoir lieu ce mardi 7 juin partout en France, afin de dénoncer les conditions de travail des soignants et le manque d’effectif, qui pousse à fermer des services. A un mois des vacances d’été, la question est plus que jamais cruciale.

La situation était déjà qualifiée de critique avant la période du Covid-19, et la pandémie n’a fait qu’empirer les choses. L’hôpital public va très mal en France. Ses salariés et ses soignants sont donc appelés par de nombreux syndicats et collectifs à une journée de mobilisation ce mardi 7 juin. Le but est d’alerter, s’il le faut encore, sur la situation des services avant l’été, et rappeler que la grogne n’a jamais cessé d’exister.

Si le principe de continuité des soins rend difficile une grève dans les hôpitaux, le mouvement prévoit une cinquantaine de rassemblements à travers le pays, autant dans les grandes villes que dans celles plus petites (Marseille, Toulouse, Grenoble, Nantes, Epernay, Cherbourg, Aurillac…). A Paris, le rendez-vous est donné devant le ministère de la Santé, cet après-midi.

«IL VA Y AVOIR DES DÉCÈS ÉVITABLES»

Cette large mobilisation doit dénoncer la crise qui touche les services, et particulièrement ceux des urgences. Face au manque de soignants et à leur épuisement, 120 d’entre eux ont déjà été forcés de suspendre partiellement ou complètement leurs activités, ou s’y préparent, selon l’association Samu-Urgences de France.

La période estivale pourrait empirer les choses, laissant les patients en danger. «Il va y avoir des décès évitables, des décès illégitimes. C’est ça notre angoisse», prévient Arnaud Chiche, anesthésiste-réanimateur et fondateur du collectif Santé en danger. Les syndicats indiquent dans leur appel à la grève qu’il faut s’attendre à «compter les morts», si rien n’est fait.

DES SOLUTIONS, MAIS À LONG TERME

Cette crainte est d’autant plus forte que des solutions à court terme semblent difficile à mettre en place. Car la «politique de restriction» à l’hôpital, mise en place depuis de très longues années, a causé de telles pertes au sein du personnel qu’il semble impossible d’y remédier rapidement. «Le jeu des chaises musicales, en prenant des soignants à un endroit pour les mettre à un autre, ça n’est pas une solution, pointe ainsi Arnaud Chiche. Pour cet été, je ne sais pas ce qu’il va se passer et je suis très inquiet».

A plus long terme, les demandes se concentrent sur la nécessité de redonner une attractivité aux métiers du soin. Ratio de patients par infirmière, planning, revalorisation salariale, travail de nuit mieux rémunéré… Les solutions sont multiples. «La santé a besoin d’investissement», conclut Arnaud Chiche. En espérant que l’Élysée, plus que simplement entendre le message, prenne le problème de l’hôpital en main.

Cnews du 7 juin 2022 

ARNAUD CHICHE, DU COLLECTIF SANTÉ EN DANGER : «LES SOIGNANTS NE VEULENT PLUS TRAVAILLER DANS LES CONDITIONS ACTUELLES»

2022 06 07 arnaud

Une journée de mobilisation pour l’hôpital est appelée pour ce mardi 7 juin, afin de dénoncer l’état critique dans lequel se trouvent ses services et son personnel. Arnaud Chiche, anesthésiste-réanimateur et fondateur du collectif Santé en danger, explique à CNEWS l’urgence critique de la situation.

Quelle est la raison principale de cette journée de mobilisation à l’hôpital ?

L’accès au soin est tout simplement de moins en moins garanti. Il y a un manque de soignants, de médecins et de paramédicaux. Même dans les villes, les gens n’arrivent plus à avoir médecin généraliste.

Avec la politique de restriction des gouvernements pour l’hôpital, il y a eu une très forte perte d’attractivité. Les soignants ne veulent plus travailler dans les conditions actuelles. Donc, on ferme des lits et des hôpitaux. Aujourd’hui des services d’urgences doivent aussi fermer.

Ça bloque au niveau de l'exécutif

On court à la catastrophe. Le mouvement d’aujourd’hui sert à dénoncer cette catastrophe. Il va y avoir des décès évitables, des décès illégitimes. C’est ça notre angoisse, car on a toujours notre responsabilité de soignants.

Comment la situation peut-elle s’améliorer ?

Nous avons un manque de soignants. Par exemple, une infirmière a trop de patients à gérer. Elle souffre, elle déprime et elle change de travail. Elle n’a pas signé pour ça, elle ne veut plus travailler comme ça. La solution serait d’établir des règles de travail, comme un ratio de patients par infirmière. Cela existe déjà dans des services comme les soins continus, qui ont beaucoup servis pendant le Covid. Ce système permet de protéger le soin des patients et aussi les professionnels de santé.

Il faut aussi protéger la formation. L’élève infirmière, quand elle voit ce qu’il se passe, elle ne veut pas rester. Pour avoir plus de soignants, il faut protéger les étudiants, avec un tuteur mis spécifiquement en place pour eux.

On doit relancer l’attractivité de l’hôpital. Cela passe par les ratios, mais aussi par le biais financier. Le travail de nuit, notamment. Une infirmière de nuit ne touche qu’un euro brut de l’heure en plus. C’est 20 euros pour un médecin. Donc c’est normal qu’ils aillent faire de l’intérim plutôt qu’être embauchés.

Vous pensez que le pouvoir politique est capable de changer les choses ?

Il faut un choc de conscience politique. La santé a besoin d’investissement. Quand on parle avec les députés, on voit qu’ils sont d’accord avec nous, même les macronistes. Mais j’ai l’impression que c’est au niveau de l’exécutif que ça bloque, voire directement à l’Elysée.

Que pensez-vous de cette «mission flash» pour l’accès aux soins, annoncée par Emmanuel Macron ?

Des rapports sur les soins, il y en a déjà plein, dont celui du Sénat. Il suffirait de le lire. Le diagnostic, on le connait. Les vacances sont dans un mois, la situation va être encore plus compliquée. J’ai la désagréable sensation que l’on essaie de gagner du temps et de faire passer la période des législatives. Le seul côté positif de cette mission flash, c’est qu’elle est confiée à François Braun, le président de Samu-Urgences de France. J’ai confiance en lui, c’est quand même une bonne nouvelle.

Pensez-vous qu’il existe une solution immédiate pour améliorer la situation de l’hôpital ? Par exemple prendre des soignants à un endroit pour les faire travailler dans un établissement en difficulté ?

La situation est trop dégradée. La mutualisation des soignants ne peut pas fonctionner car il en manque de partout. La solution ne peut pas être celle des chaises musicales. Donc pour cet été, je ne sais pas ce qui va se passer et je suis très inquiet. Je n’aime pas inquiéter les gens, mais là je sèche un peu…

Europe1 du 7 juin 2022 

Hôpital en grève : «On est limite épuisés de faire des mouvements pour rien»

Nouvelle journée de grève dans les hôpitaux ce mardi, à l'appel de neuf syndicats et collectifs de soignants. Au moins 50 rassemblements sont prévus partout en France, comme à l'hôpital d'Orléans, où le service d'urgence est en grève depuis des semaines. Europe 1 s'est rendue sur place.

La fièvre monte à l'hôpital. Il n'y a toujours pas assez de bras, de temps, d'argent, de moyens et beaucoup, beaucoup de fatigue. Les personnels sont au bout du rouleau, ils font donc à nouveau grève ce mardi. Neuf syndicats et collectifs appellent à la mobilisation. Au moins 50 rassemblements sont prévus partout en France, comme à l'hôpital d'Orléans, où le service d'urgence est en grève depuis des semaines. "Parfois il y a des patients qu'on ne voit pas pendant 8 heures. Ça veut dire qu'un patient pourrait être mort dans un box et qu'on ne le retrouve pas avant 8 heures. Ce n'est pas possible."

C'est pourtant l'angoisse quasi quotidienne de Mélanie et Marine, aides-soignantes au service d'urgences d'Orléans. Elles n'ont de cesse de le répéter, mais rien ne change. "On ne voit pas le bout", assure Mélanie. "J'ai l'impression qu'on a fait un mouvement pour que les choses puissent changer, et que finalement, on nous prend de haut et on n'est pas considéré", poursuit Marine. "On est limite épuisés de faire des mouvements pour rien parce que rien n'en ressort. C'est usant", continue Mélanie.

Point de non-retour

Pour elles, pas le choix. Cette grève nationale doit servir de détonateur. "On ne sait pas ce que ça va donner, on ne sait pas s'il va y avoir des améliorations. Mais on aimerait bien que ce mouvement change quelque chose, que ça ouvre les yeux aux gens", continue l'aide-soignante.

>> LIRE AUSSI - «C’est humainement impossible» : de plus en plus d'infirmiers quittent l'hôpital public

S'il ne se passe rien, ce sera le point de non-retour pour Marc, infirmier depuis dix ans. "On n'est pas entendus et donc on en est au point de se dire : 'Je vais partir.'" Il n'est pas le seul. Des trois personnes de ce reportage, toutes sont prêtes à démissionner. 

Sud-Ouest du 7 juin 2022

2022 06 07 SO Futurs soignants Vocations sous perfusion

 

Sud-Ouest du 7 juin 2022 

Les futurs soignants face à la crise de l’hôpital 

En France, environ 15 % des étudiants infirmiers abandonnent. À l’Institut de formation Nightingale-Bagatelle à Talence (33) et Bergerac (24), ils ne sont que 5 %. Reportage

2022 06 07 futursDurant un atelier « chambre de patient » pour des étudiants infirmiers et aides-soignants de l’Institut Nightingale de Bagatelle à Talence. THIERRY DAVID /« SUD OUEST »  

Mickaël a 34 ans. Bâti comme un deuxième ligne de rugby, sa chemise est retroussée sur des bras tatoués. Aujourd’hui étudiant en reconversion professionnelle, ancien brancardier, il se forme pour devenir aide-soignant à l’Institut Nightingale-Bagatelle de Talence (33) au milieu d’une majorité de filles. Il aura son diplôme très bientôt, a déjà travaillé lors de stages dans des Ehpad, des maisons d’accueil spécialisées auprès de personnes handicapées, et en hospitalisation à domicile. « Le point commun, dit-il sobrement, c’est la souffrance. Celle des gens dont on s’occupe, mais aussi, et c’est ce qui m’a surpris, celle du personnel soignant. » 

Idem pour Dalila, 23 ans, étudiante infirmière en deuxième année. « Après mon bac, j’ai fait une année de fac en biologie, puis une prépa d’école d’infirmière et j’ai un peu travaillé en Ehpad. Mais heureusement que j’ai vécu ces trois années de sas, ce temps m’a nourrie pour être face à ce que l’on voit aujourd’hui. Aussi bien du côté des patients, que de celui des équipes éreintées. » Est-ce qu’ils regrettent leur choix, est-ce qu’ils ont bien conscience d’être dans un navire qui coule, un système de santé qui se délite ? « Carrément. Et non, je ne regrette rien, assume Mickaël. Chacun de nous ici va y aller avec son seau et va écoper ! » 90 infirmiers et autant d’aides-soignants sortent chaque année diplômés de l’Institut de formation, avec un supplément d’âme et des convictions bien accrochées. Suffisamment ? 

« 80 % du relationnel » 

Mickaël, Dalila, Éléonore, Chloé, Marie, Tom, futurs infirmiers ou aides-soignants ont tous entre 19 et 34 ans et un dénominateur commun : « On bosse dans l’humain, la relation, le respect de l’autre. » Pas question de limiter leurs compétences à un seul aspect technique. « Comme si une infirmière était juste destinée à savoir faire des piqûres, et un aide-soignant faire des toilettes », rouspète Éléonore. 

« La technique, c’est vrai, on l’apprend à l’école, reprend Marie. Mais notre boulot, c’est à 80 % du relationnel et ça, nous y sommes tous très attachés. Alors quand on voit, lors de nos expériences dans les services hospitaliers, les équipes débordées, qui courent partout, je comprends le décrochage de beaucoup d’étudiants. La réalité du terrain nous renvoie cette question : quelle professionnelle je veux devenir ? Est-ce que je désire vraiment être comme ça ? Attention, on voit des gens formidables aussi, investis et malheureux d’en arriver là. » 

Les voilà dans un cours de travaux pratiques, autour du lit d’un patient en plastique, mal en point. Il lui manque une jambe et sa bouche est désespérément ouverte. Il faut l’intuber, vérifier ses constantes, le piquer, le manipuler. Mais même avec ce mannequin, ils apprennent la bienveillance. Comment le remonter sur ses oreillers, comment le retourner sans le blesser. Tom, étudiant en seconde année, a 22 ans : « On sait que l’on est à une charnière. On bascule dans un autre système de soins, mais nous tous, ici, on va mettre en avant notre métier, revendiquer l’aspect humain. Pour ça, la reconnaissance de l’essence de nos métiers est essentielle. » 

Chloé et Éléonore sont les plus jeunes de la classe. 19 ans à peine, elles sont entrées à l’Institut juste après le bac. « Les conditions de travail m’affolent un peu et parfois, soutient Chloé je me demande si je suis prête à vivre comme ça, toute ma vie. » « La formation est immersive, on est tout de suite dans le monde réel, reprend Éléonore. On sait très vite si on est fait pour ça. » 

2022 06 07 futurs2

Le taux d’abandon des étudiants infirmiers au plan national s’élève à 15 %, un chiffre qui croît depuis la crise Covid. À l’Institut Nightingale, selon Cécile Bartholome, directrice, ce taux ne dépasse pas 5 % et concerne surtout la 1 ère année. « La grande démission que l’on observe aujourd’hui dans tous les établissements de santé est liée à une perte de sens, assure-t-elle. On sait que nos étudiants tiendront si le premier stage immersif se passe bien, s’ils sont bien considérés, s’ils croisent des gens passionnés, engagés. La plupart du temps, malgré les difficultés, c’est le cas. » 

Elle s’intéresse à la « dimension vocationnelle » de ses élèves. « C’est associé à la notion de sens », soutient-elle. « Ceux qui quittent le navire ont pris conscience de l’écart entre le rêve d’un métier et sa réalité. » Quoi qu’il en soit, ceux qui restent sont totalement conscients du contexte actuel, dangereux. Cette phrase revient souvent dans leur bouche : « On sait qu’on va mettre en jeu notre diplôme tous les jours. »

2022 06 07 SO Il faut revoir les salaires et les conditions de travail

2022 06 07 SO Il faut revoir les salaires et les conditions de travail2

2022 06 07 SO Il faut revoir les salaires et les conditions de travail3

 

2022 06 07 SO Le recrutement est le nerf de la guerre

2022 06 07 SO Le recrutement est le nerf de la guerre2

2022 06 07 SO Le recrutement est le nerf de la guerre3

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