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4 avril 2020

Coronavirus à l'étranger

Sud-Ouest du 4 avril 2020 

New York poursuit sa lutte à mort contre le virus tueur 

ÉTATS-UNIS Le nombre de décès dus au Covid-19 explose. Près de 1 200 personnes sont mortes, hier, c’est du jamais vu dans un seul pays. Reportage à New York qui aura été la première grande ville américaine frappée

2020 04 04 New york

2020 04 04 New york 2

 

L ’ambulance s’en est allée, aussi vite qu’elle était venue. Un simple brancard, recouvert d’une couverture d’où dépassait une paire de pieds. Un vieux Monsieur est parti, sa vie avalée, rayée d’un trait par le coronavirus, sans un mot, sans un hommage, dans le quartier italien de Carroll Gardens, à Brooklyn. Sans gyrophares, non plus. Ceux-là sont réservés aux ambulances qui, elles, transportent les vivants, ceux en détresse respiratoire qu’une intubation d’urgence pourrait encore sauver. S’ils parviennent assez vite à l’hôpital. 

New York fait front, comme un boxer encaissant les uppercuts, vacillant mais toujours debout. La ronde des sirènes rappelle aux millions de citadins cloîtrés chez eux que le mal rôde, invisible et redoutable. 

Une ville à genoux 

Voilà bientôt un mois que l’État de New York, à l’incitation de son gouverneur Andrew Cuomo, a décrété l’état d’urgence. Il n’y avait alors, le 7 mars, que 89 cas détectés. Ce fut suffisant pour faire fuir les touristes, fermer les 25 000 restaurants et les spectacles de Broadway, les concerts et les musées, mettant à genoux la «ville qui ne dort jamais», tandis que les aéroports internationaux, Newark et JFK, se refermaient au trafic aérien non essentiel. La métropole de 8,6 millions d’âmes compte désormais près de 100 000 cas, pour 1500 morts au moins. Principal foyer de la pandémie outre-Atlantique, New York redoute un déferlement de victimes en service de réanimation dans les deux semaines à venir, lors du pic de contamination anticipé. Les projections les plus optimistes font état de 19 000 morts en ville, pour un minimum de 240 000 à l’échelle du pays. 

Outre le navire-hôpital USNS Comfort amarré dans le West Side, avec ses 1 000 lits d’appoint, des hôpitaux de fortune sortent de terre, dans le Jacob Javits Center, sur les pelouses de Central Park ou au terminal du paquebot de luxe Queen Mary 2, à Red Hook (Brooklyn). 

Times Square continue de charrier son flot d’écrans publicitaires géants, sur une place quasi déserte, où les policiers rappellent par haut-parleur les consignes de distanciation sociale aux rares badauds. Le métro new-yorkais, habituellement bondé, ne convoie plus que les personnels «essentiels», proprement masqués et gantés. Un silence irréel plane dans les lieux publics, interrompu seulement par les sirènes dans le lointain. 

Les cas d’héroïsme abondent. À l’hôpital Montefiore, dans le Bronx, on pleure la mort du neurochirurgien James «Jim» Goodrich, une légende depuis la séparation réussie de siamois liés par le cerveau en 2004. 

Incivilités et désobéissances 

Les statistiques, elles, donnent le vertige. Un quart des ambulanciers de la ville, soit 950 personnes, sont souffrants et consignés à domicile. Il en va de même pour 17% du NYPD, soit plus de 5 600 agents de police, confrontés aux incivilités de riverains refusant d’obéir aux injonctions de distanciation sociale. 

Les cas se multiplient d’individus toussant à la figure des membres de forces de l’ordre qui s’efforcent de les raisonner. Et la recommandation en faveur d’un port du masque permanent émise jeudi par les docteurs Anthony Fauci et Deborah Birx, membres de la task force nationale contre le coronavirus dirigée par le vice-président Mike Pence, ne devrait rien arranger. 

Les bonnes nouvelles, rares, sont abondamment commentées par visioconférences autour desquelles amis et collègues se retrouvent, jour après jour. À Brooklyn, un homme qui faisait commerce de masques chirurgicaux de type N95, a été arrêté, après que la police avait repéré des allées et venues suspectes autour de son domicile. Il avait réussi à vendre 1 000 de ses masques pour 12 000 dollars à un médecin du New Jersey. Au total, près de 200 000 masques ont été saisis cette semaine chez des particuliers très «prévoyants», et aussitôt redirigés vers les hôpitaux de Manhattan, du Queen et de Brooklyn. 

L’ONU offre des masques 

Samedi passé, le siège de l’ONU a offert 250 000 masques chirurgicaux à la ville qui l’héberge depuis 1950, après un inventaire des stocks préétablis pour ses personnels civils, en vue d’opérations en Afrique, notamment en zone ebola. Submergés, contraints de dresser des morgues temporaires dans des remorques frigorifiques parquées au-dehors, les hôpitaux new-yorkais disposent de quelques milliers de respirateurs artificiels, qui s’usent déjà prématurément, et de masques pour six jours tout au plus. 

Un «commando» d’urgentistes 

Seule lueur d’espoir, 80 000 médecins et infirmières retraités ont accepté de rempiler, tandis que 21 000 autres professionnels accourent des quatre coins pays pour prêter main-forte. «Nous ne l’oublierons jamais », a confié jeudi le gouverneur Cuomo. 

Mais la plus grande surprise est venue du milliardaire Robert Kraft. Propriétaire de la franchise de football américain des New England Patriots, meilleurs ennemis des deux équipes new-yorkaises, les Jets et les Giants, le mécène âgé de 78 ans a annoncé qu’il offrait 300 000 masques à l’État de New York tout juste achetés en Chine, en plus des 1,4 million commandés pour le compte de l’État du Massachusetts. Rapatriés dans un avion privé appartenant à Kraft et acquis à prix d’or, d’après la presse américaine, ces stocks ont-ils un lien avec la commande perdue par la France, revendue au plus offrant sur le tarmac de l’aéroport de Shenzhen? 

Bill de Blasio, le maire de New York, appelle à un enrôlement national du personnel médical, un « commando» de quelques milliers d’urgentistes qui puisse être déplacé à la guise des autorités à mesure que l’épidémie se propage d’une agglomération à l’autre. Après New York, les villes de Chicago, Détroit, La Nouvelle-Orléans émergent comme les nouveaux fronts de cette guerre sanitaire. 

«Ce pays n’est pas équipé pour lutter contre ce virus, avertit de Blasio, furieux contre la pusillanimité de l’exécutif fédéral. La semaine prochaine sera très dure, beaucoup plus dure encore que celle que nous venons de vivre». Quant à la fin de l’épidémie et la levée espérée du confinement, moins d’un Américain sur deux croit désormais en un retour à la normale pour le mois de juin.

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