Sud-Ouest du 4 avril 2020 

Un espoir d’éviter le pire 

SUD-OUEST Même si l’épidémie prend de l’ampleur dans la région, le confinement peut la sauver du drame vécu plus au nord

2020 04 04 un espoir

 

Le vendredi 27 mars, l’Agence régionale de santé Nouvelle-Aquitaine faisait état de 96 cas graves en réanimation sur le territoire de la région et de 42 décès en milieu hospitalier. Une semaine a passé et les chiffres ont graduellement enflé. Hier, à l’heure du bilan hebdomadaire, l’ARS recensait 225 patients en réanimation ou en soins intensifs et 100 décès (à l’hôpital). 

« Nous recevons aujourd’hui 24 patients en provenance de Strasbourg, nous aurons donc ce soir 24 lits de réanimation occupés en plus. Mais à cette heure, nous en gardons 164 disponibles. Et dans les hôpitaux et les cliniques privées de la région, nous pourrions en 48 heures créer 100 à 130 places supplémentaires en réanimation si un besoin impérieux s’imposait à nous », expliquait, hier après-midi, Michel Laforcade, le directeur général de l’ARS Nouvelle-Aquitaine. 

Dans des régions comme le Grand Est ou l’Ile-de-France, la tension sur les structures hospitalières est à son maximum. À titre de comparaison, il y avait au 1er avril plus de 900 personnes en réanimation dans le Grand Est, une région moins peuplée que la Nouvelle-Aquitaine. Ce contraste est le reflet d’une situation épidémique objectivement moins grave dans le Sud-Ouest que dans la partie Nord/Nord-Est de l’Hexagone. 

Toute la question est de savoir si ce différentiel va se maintenir. Si aucune mesure de protection n’avait été imposée par les pouvoirs publics, il n’y a guère de doute que la vague du Covid-19 aurait déferlé à l’identique, décalée dans le temps. La mise en place du confinement et la quasi-suppression des liaisons interrégionales (aéroports fermés, desserte ferroviaire réduite au minimum) a changé la donne. 

«Conserver le décalage» 

« Je demeure très prudent, surtout quand il s’agit d’établir des projections sur une épidémie. Mais l’entrée en vigueur d’un confinement généralisé sur tout le territoire à la même date a pu nous permettre de conserver le décalage favorable que nous avions avec d’autres régions le 16 mars. On espère qu’il en sera ainsi jusqu’à la sortie du confinement. Ce qui ne veut pas dire que tout sera rose en Nouvelle-Aquitaine. À mesure que le temps va passer, nous aurons bien sûr plus de cas et, hélas, plus de cas graves et de décès», explique Michel Laforcade. Région touristique et bien dotée en résidences secondaires, la Nouvelle-Aquitaine va notamment enregistrer sur son territoire des cas de Covid-19 qui résultent du déplacement de population constaté à la veille du confinement. Selon les statistiques de l’opérateur téléphonique Orange, 1,2 million d’habitants du Grand Paris ont quitté leur domicile à cette période. Ce qui a, pour l’heure, des conséquences plutôt positives puisque les hôpitaux d’Ile-de-France boivent la tasse. 

84 patients transférés 

Mais à ce jour, ce sont surtout les transferts de malades lourds par voie aérienne ou par TGV médicalisé qui gonflent les statistiques hospitalières de la région. 84 personnes sont ainsi arrivées depuis le début de la crise. 

Il ne viendrait à l’esprit de personne – peut-on espérer – de critiquer cette solidarité active. La question est de savoir jusqu’à quel point les hôpitaux de Nouvelle-Aquitaine peuvent soulager les régions les plus touchées sans se mettre en danger. Michel Laforcade est confiant. Il souligne que certains de ces malades transférés ont déjà quitté les services de réanimation, ce qui libère des places. 

Les motifs d’inquiétude sont ailleurs. Ils portent sur l’approvisionnement en médicaments des pharmacies hospitalières, notamment en produits indispensables aux protocoles de réanimation. Et sur les interruptions de traitement de la part de patients, souvent chroniques, qui regimbent à aller se soumettre à leur dialyse, leur chimiothérapie ou leurs examens programmés. «Je leur lance un appel. Le système de santé peut et doit répondre à leurs besoins. Il faut absolument qu’ils continuent à se faire soigner», insiste Michel Laforcade.

2020 04 04 un espoir 2

2020 04 04 un espoir 3

2020 04 04 SO La faculté de médecine pour le port du masque

2020 04 04 SO Comment le groupe sanguin pourrait influencer notre sensibilité au virus

2020 04 04 SO Comment le groupe sanguin pourrait influencer notre sensibilité au virus2

2020 04 04 SO Dépistage le drive a déjà testé 33 patients

2020 04 04 SO Dépistage le drive a déjà testé 33 patients2

2020 04 04 SO Soigné à la maison comme à l'hôpital

2020 04 04 SO Soigné à la maison comme à l'hôpital2

2020 04 04 SO Le TGV médicalisé est arrivé à Bordeaux

2020 04 04 QO Peut-on emmener les enfants chez papi et mamie

2020 04 04 SO Le littoral atlantique surveillé depuis le ciel

2020 04 04 SO Le littoral atlantique surveillé depuis le ciel2