Réchauffement climatique

Sud-Ouest du 3 août 2019 

Les sols, un allié de poids contre le réchauffement 

RAPPORT DU GIEC Publié la semaine prochaine, il soulignera l’importance d’une bonne gestion des terres pour stabiliser le climat. La déforestation est à nouveau dans le viseur

"Le Giec, le groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat, a le sens de la dramaturgie. Il a beau n’y être pour rien, il s’apprête à boucler son rapport sur la désertification, la gestion des terres, la sécurité alimentaire et leur rapport au changement climatique dans le contexte d’une actualité chargée. Écrasées de chaleur, les forêts de Sibérie sont dévorées par des incendies d’une ampleur peu commune. À l’autre bout du monde, la polémique ne cesse de rebondir sur la déforestation qui galope en Amazonie sous l’œil impavide du président brésilien Jair Bolsonaro."...

..."Un quart des émissions 

C’est la première fois que le Giec se penche, par le biais d’un rapport dédié, sur le rôle spécifique des sols dans les bouleversements climatiques en cours. Les émissions de gaz à effet de serre liées aux terres et à leur usage sont moins faciles à quantifier que celles de l’énergie (charbon, pétrole, gaz). On estime néanmoins que l’agriculture et l’exploitation forestière sont à la source de 25% des émissions mondiales. 

L’élevage est un gros pourvoyeur net. La déforestation a un impact différent en ce qu’elle supprime des « puits de carbone » : les arbres qui absorbent en permanence du carbone atmosphérique pour les besoins de leur croissance. L’élimination des forêts a d’autres conséquences climatiques. Elle modifie le cycle de l’eau et rend arides des régions entières. 

Une dégradation générale 

L’IPBES (la plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques) a elle aussi travaillé sur le thème. Selon son rapport publié en mars 2018, la dégradation des terres affecte d’ores et déjà 3,2 milliards d’humains et concourt à l’extinction massive des espèces animales et végétales. Sans surprise, les experts de l’IPBES pointaient du doigt l’agriculture intensive, la déforestation, l’éradication des milieux naturels (comme les zones humides), l’extraction minière et l’urbanisation."...

..."Il y a pourtant des solutions 

Le rapport du Giec devrait au contraire mettre en avant les solutions agro-environnementales. Ainsi que la reforestation, qui ne tient pas de l’utopie. L’Éthiopie, l’un des rares «bons élèves » de la lutte contre le réchauffement climatique, mène une vigoureuse campagne de restauration de ses forêts, dont la superficie a été réduite de 40% à 15% du pays en l’espace d’un demi-siècle. 

Dans un pays comme la France, largement boisé, les solutions sont autres. Elles résident surtout dans l’arrêt de l’artificialisation des sols du fait de l’étalement urbain et des projets d’aménagement comme EuropaCity, en région parisienne. Un message souvent trop compliqué à comprendre par les décideurs."

2019_08_03_SO_Les_sols_un_allié_de_poids_contre_le_réchauffement