Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
GIRONDE VIGILANTE
Archives
3 avril 2019

Record de France d'incidents déclarés par les pompiers de Gironde

Sud-Ouest du 3 avril 2019 

Pompiers : les agressions en hausse 

SÉCURITÉ Notre département détient le record de France des incidents déclarés par des pompiers, selon l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales. Explications

gironde les agressions sur les pompiersPlus de 60% des agressions subies par des pompiers girondins en 2017 ont eu lieu lors d’interventions nocturnes, dans la métropole bordelaise. PHOTO ARCHIVES THIERRY DAVID

Clinique de Lesparre, une nuit de juillet dernier. Une équipe de pompiers arrive avec une vieille dame qui a fait un malaise chez elle et se retrouve pris à partie par deux hommes, aux urgences. Ils sortent de discothèque, se sont battus contre d’autres jeunes et ne supportent pas d’attendre. Ils agonissent d’injures les soignants, bousculent des gendarmes appelés à la rescousse, giflent un pompier et dégradent le véhicule des secouristes avant d’être maîtrisés. Jugés deux jours plus tard, le duo de 20 et 25 ans écope de prison ferme. 

Caillassés sur les quais 

Un an plus tôt, le 12 août 2017, sur le quai de Paludate, à Bordeaux, à la fermeture des boîtes de nuit. «À cette heure-là, c’est un zoo. Les gens sont ivres et parfois davantage. Et nous, on se retrouve souvent au milieu», soupire un pompier bordelais. Des collègues à lui interviennent pour un malaise dans la rue. Penchés sur la victime, ils essuient des insultes d’un passant. Comme ça. Sans raison. Très excité, l’homme ramasse un pavé et le jette sur le fourgon des secouristes qui sont remontés à bord, avec le blessé. Le pare-brise vole en éclats, deux sapeurs sont coupés par des morceaux de verre. L’agresseur prend la fuite. Retrouvé peu après, il a été récemment condamné. 

Si ces événements ne constituent pas, heureusement, le quotidien des interventions des 5 000 sapeurs pompiers professionnels et volontaires de la Gironde (1), les incivilités et agressions à leur encontre sont en constante progression. D’après les derniers chiffres publiés par l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP), notre département détient même le record de France des agressions déclarées par des pompiers avec 415 signalements remontés en 2017. Un chiffre énorme, en hausse de 19% par rapport à 2016 et… sept fois supérieur à celui des Alpes-Maritimes, le triple du Nord, le quadruple des Bouches-du-Rhône et même le double de la région parisienne ! 

Comment expliquer un tel écart ? 

Chaque Service départemental d’incendie et de secours (Sdis) mène sa politique en la matière. Certains incitent davantage que d’autres à faire remonter les incidents. La Gironde est plutôt bonne élève sur ce point. De plus, le seuil de tolérance aux violences et incivilités peut varier d’un département à un autre. «Ce chiffre repose sur du déclaratif et englobe tout. Les atteintes graves, à savoir les violences, menaces, insultes ou dégradations, ont été évaluées à 143 faits en 2017 et 127 en 2016», précise Jean-Paul Decellières, directeur du Sdis de la Gironde, qui ne livre aucune tendance pour 2018, «les données n’étant pas consolidées». 

«Banalisation de la violence» 

Bien qu’affiné, le chiffre place toujours la Gironde dans le peloton de tête et constitue un sujet de préoccupation pour le Sdis qui a lancé des groupes de travail, voilà quelques mois, pour améliorer la sécurité de ceux dont la mission est de nous protéger (lire par ailleurs). «Nous ne sommes pas confrontés au phénomène des bandes qui tendent des guets-apens aux pompiers, comme le subissent des collègues d’autres régions. Mais nous constatons une évolution de la société avec une banalisation de la violence. On se retrouve pris pour cible parce que porteurs d’un uniforme», expliquent Jacques Noaille et Jean Billard, de l’Unsa Sdis33, le syndicat majoritaire. Trois ingrédients reviennent le plus souvent dans les cas de dérapage: «l’alcool, les différends familiaux et, à la marge, les troubles psy», relèvent les deux syndicalistes. 

«Serpillière sociale» 

Ce que confirment de simples pompiers qui y ajoutent la consommation de drogue. «Notamment de cocaïne, qui a explosé sur Bordeaux», pointe François (2), pompier dans la capitale girondine, récemment menacé de mort par un homme qu’il venait de secourir. «Il était bourré et défoncé. Il n’a pas aimé qu’on lui pose des questions pour dresser un bilan et nous en a mis plein la tronche. C’est épuisant. Avec la hausse de population dans notre département et celle de nos interventions, cela devient de plus en plus fréquent», raconte-t-il. 

« Les risques du métier, je les connais. Mais je n’ai pas signé pour ça, abonde, Frédéric (2), en poste lui aussi dans la métropole et victime d’une agression, en 2017. «Parfois, j’ai le sentiment d’être une serpillière sociale, témoigne ce père de famille. On nous appelle de plus en plus pour tout et n’importe quoi, surtout en zone urbaine. On est confrontés au quotidien à la détresse des gens. Alors, quand on vous crache dessus, ça fait mal. Plus que des équipements de sécurité supplémentaires, c’est d’une prise de conscience de la population dont nous avons besoin: nous ne sommes pas là pour l’embêter mais pour l’aider. Qu’elle ne l’oublie pas !» 

  1. Un nouveau record a été battu en Gironde, en 2018, avec 130 000 interventions des pompiers.

  2. Les prénoms ont été modifiés à la demande des intéressés

    2019 04 03 SO pompiers agressés en gironde

    pompiers agressés 2

Publicité
Commentaires
Publicité
Derniers commentaires
GIRONDE VIGILANTE
Publicité