Autre dysfonctionnement ?
Sud-Ouest du 27 juin 2018
Bordeaux : une femme enceinte a-t-elle été victime de négligences aux urgences ?
Émilie Catin et son compagnon, Pascual Pugliese, ont décidé de saisir la justice. PHOTO E.A.-C.
"Le 25 mai, Émilie Catin est admise aux urgences de la polyclinique de Bordeaux-Nord. Elle passe une échographie près de 12 heures plus tard. Et repart avec une trompe en moins.
Des négligences ont-elles été commises aux urgences de la polyclinique de Bordeaux-Nord ? Cette question hante un couple de Bordelais qui a décidé de saisir la justice. Le 25 mai, Emilie Catin, une professeur de français de 37 ans, est admise dans ce service, dans la soirée. Elle quittera l’établissement le lendemain, avec une trompe en moins.
« Deux semaines avant cette hospitalisation, j’avais appris que j’étais enceinte de trois semaines. Vers le 16 mai, j’ai commencé à avoir des saignements. J’ai vu ma gynécologue qui a pensé à une fausse couche. Cette hypothèse n’a pas été exclue par une échographie faite dans la foulée. Cette dernière ne rejetait pas non plus la piste d’une grossesse extra-utérine », raconte la jeune femme, les résultats de cette échographie du 18 mai en main. Des analyses complémentaires révéleront une légère remontée de son taux de béta-hCG, l’hormone de la grossesse. Les jours passent. Les saignements persistent. Jusqu’au 25 mai.
« Le sentiment d’être oubliée »
Émilie Catin est prise de douleurs allant crescendo. « J’appelle ma gynécologue qui me conseille d’aller aux urgences de Bordeaux-Nord. » Émilie Catin s’y rend avec son compagnon, Pascual Pugliese. « On arrive vers 23 h 30. Il n’y a pas foule. On patiente 1 h 30 dans la salle d’attente avant que ma femme soit conduite dans une chambre. Là, on attend encore 1 h 30 », témoigne le restaurateur bordelais.
« Vers 3 heures du matin, je vois une médecin. Elle me pose des questions mais ne m’ausculte pas. Elle m’indique qu’il s’agit très certainement d’une fausse couche, que je passerai une échographie le lendemain matin et elle repart », relate Émilie Catin. Inquiet, Pascual Pugliese rattrape le docteur dans le couloir. « Je lui demande si tout va bien. Elle me répond une phrase qui m'interloque : ‘‘Votre femme est émotive.’’ »
Selon le couple, rien ne bouge pendant des heures. « Je me sentais très affaiblie. Je ne réalisais pas trop ce qui se passait », confie l’enseignante. Vers 9 heures, elle finit par passer une tête hors de sa chambre et s’enquiert auprès d’une infirmière de la suite. C’était surréaliste. J’avais l’impression d’avoir été oubliée. Je suis toujours restée polie et calme. J’ai eu droit à une réponse sèche : ‘‘On viendra vous chercher.’’
Ce n’est qu’à 10 h 30 qu’Émilie Catin passe une échographie. Et là, tout s’emballe. Le professionnel repère quelque chose qui lui semble « anormal ». Émilie Catin est opérée dans la foulée.
À mon réveil, le chirurgien m’a expliqué que je faisais une grossesse extra-utérine, un début d’hémorragie interne et qu’il avait dû me ligaturer une trompe qui avait été trop endommagée. Ma trompe aurait-elle pu être sauvée si j’avais été prise en charge plus rapidement ? Je ne le saurai jamais."
Avec son compagnon, elle a pris un avocat qui s’apprête à déposer une assignation en référé devant le tribunal de grande instance de Bordeaux. « Nous allons demander la désignation d’un expert afin d’éclaircir les circonstances de cette prise en charge et de déterminer d’éventuelles responsabilités à rechercher », explique Me Marlène Durand."...
2018_06_27_SO_Bordeaux_Une_femme_enceinte_a-t-elle_été_victime_de_négligences_aux_urgences