Incendies en Gironde

Sud-Ouest du 16 septembre 2022

Sud-Ouest du 16 septembre 2022 

Incendie à Saumos et Sainte-Hélène : Heureux de rentrer à la maison 

Hier, vers 18 heures, alors que l’incendie qui menaçait Saumos et Sainte-Hélène depuis trois jours était déclaré fixé, les habitants ont pu regagner leur domicile. Témoignages

Dans le bourg de Sainte-Hélène, à proximité de la salle des fêtes, les visages étaient rayonnants hier en début de soirée. Il y avait aussi beaucoup de soulagement. Dès 18 heures, la préfecture et les pompiers, en accord avec les maires de Saumos et Sainte-Hélène, avaient pris la décision de permettre à 1 700 personnes sur plus de 1800 évacuées de pouvoir regagner leur domicile. Le feu qui, depuis lundi, a ravagé 3 400 hectares de forêt entre ces deux communes, venait finalement d’être fixé. Dans ces conditions, alors que les pompiers avaient repris la maîtrise du terrain, il n’y avait plus aucune raison de tenir les habitants éloignés de leur village. 

« Forte solidarité » 

« Nous avons appris la nouvelle sur Facebook. À Sainte-Hélène, le maire Lionel Montillaud nous tenait régulièrement informés de l’évolution de la situation. C’était rassurant. Il a alors envoyé un communiqué sur les réseaux sociaux en précisant que nous pouvions rentrer à la maison. Nous sommes de retour ! » lance Stéphanie, avec sa fille Lena, sans oublier le chat Shelby. « C’est vrai que c’était difficile. Nous avons dû passer deux nuits à l’extérieur, mais on a surtout beaucoup pensé aux pompiers ». Lena, 7 ans, qui raconte avoir été incommodée par les fumées, avait d’ailleurs préparé un beau dessin pour les soldats du feu. À peine le temps de poser les valises dans le salon, la petite famille prenait déjà la direction de la salle des fêtes pour remercier les secours. 

Au même moment, un peu après 18 heures, il y a Laura qui traverse le village avec sa valise à roulettes. « J’ai été évacuée mercredi vers 14 heures. Je suis partie chez une collègue à Arcins. Je suis contente de rentrer, contente de savoir que cet incendie est maintenant maîtrisé. J’avoue ne pas avoir été trop stressée. J’habite dans le bourg. Je me doutais bien que les flammes n’allaient pas arriver jusque-là. En revanche, alors que la piste criminelle semble se confirmer, je ressens une certaine colère. Les conséquences sont lourdes. Les pompiers risquent leur vie, la forêt est détruite, les populations déplacées. Tout cela pose question. J’ai aussi fait en sorte que ma fille ne ressente pas d’angoisse. Elle était logée chez ses grands-parents. » 

À l’extérieur du bourg, allée des Acacias, Yves, retraité, vient tout juste de rouvrir ses fenêtres. « Il est 19 heures. J’arrive à l’instant. J’ai quitté ma maison mardi. J’étais dans le premier groupe des gens évacués. » Dans la discussion, cet habitant explique qu’il a été marqué « par la forte solidarité des gens, de tous les bénévoles, des personnels de la municipalité. Il y a aussi cette dame de la chambre d’hôtes à Castelnau-de-Médoc qui m’a ouvert ses portes. C’est phénoménal ce qu’il s’est passé ! » Dans le même pâté de maisons, Florence a cette image en tête de la forêt rougeoyante et de l’épaisse fumée. « Il a fallu partir deux jours. Nous sommes allés chez mes beaux-parents à Saint-Aubin-de-Médoc. En suivant les annonces du maire, j’ai su que c’était le moment de revenir. Je suis rassurée de voir ma maison intacte, mais dans le même temps, je suis assez triste de retrouver notre environnement dans cet état. J’ai vu les images de la forêt brûlée, celle où j’ai l’habitude d’aller marcher. C’est un déchirement. Je retiens aussi que tout peu basculer à n’importe quel moment. C’est la nature qui décide. » 

« Beaucoup de boulot » 

Alors que la circulation reprend de l’ampleur dans les rues du village, Lionel Montillaud, le maire, venu faire un point avec ses équipes et les pompiers dans la salle des fêtes, indique que quelques familles, une vingtaine de personnes vivant plus à proximité de la forêt, devront encore patienter avant de réintégrer leur maison. « Le feu est fixé, mais il y a toujours des pompiers qui travaillent au cœur du massif. Il y reste beaucoup de boulot. Il va falloir éteindre l’incendie définitivement. Cela pourrait prendre une dizaine de jours. » 

Enfin, le maire annonce que l’école, les services périscolaires, les commerces vont rouvrir dès aujourd’hui. « C’est notre vie quotidienne qui reprend grâce à l’action des pompiers, la mobilisation des bénévoles et notre population qui a su faire preuve de cohésion ». Comme de nombreux habitants, l’édile allait aussi pouvoir retrouver ses proches et passer une soirée en famille, avec son épouse et sa fille.

Sud-Ouest du 16 septembre 2022 

Une logistique mécanique bien huilée 

Au poste de commandement, point de ralliement de l’ensemble des secours mobilisés sur le sinistre de Saumos, deux ateliers mécaniques du Sdis dépannent les véhicules non-stop

« Bonjour, on a un problème de motopompe, vous pouvez nous aider ? » Les deux bénévoles de la Défense de la forêt contre les incendies (DFCI) arrivent avec leur camion, devant l’atelier mécanique du Service départemental d’incendie et de secours de la Gironde (Sdis 33). Jonathan Courcy les accueille : « OK, garezvous là devant l’atelier, on va regarder ça. » 

Ici, ce sont deux duos de mécaniciens issus des sapeurspompiers girondins qui officient : une équipe de jour, une équipe de nuit. Si ce sont en priorité les véhicules de secours des soldats du feu locaux, mais aussi ceux des autres régions et départements venus en renfort qui passent entre les mains et sont dépannés, les pépins de ceux qui œuvrent en seconde ligne à leurs côtés sont aussi examinés. 

Installés sur le site du Temple, au poste de commandement (PC) des secours de lutte contre les incendies de Saumos et Sainte-Hélène (lire ci-dessus), les ateliers mécaniques sont sur la brèche non-stop. « Les interventions les plus récurrentes ? Le remplacement de roues, la réparation de fuite d’air au niveau des freins et des pompes, la recherche de fuite d’eau ou de panne d’électricité, les flexibles et le liquide de freins… Des interventions qui peuvent prendre quelques minutes, d’autres qui peuvent aller jusqu’à une heure et demie. On essaie de faire au plus vite pour ne pas immobiliser les équipes trop longtemps », souligne Jonathan. 

Sur place et sur la zone 

«On est équipés d’outillage classique mais aussi de crics poids lourds, de compresseurs d’air et de purgeurs de frein, ce que n’ont pas les véhicules des autres départements et régions venus en renfort. Parfois, on ne peut assurer sur place, alors on envoie le véhicule ou la pièce au groupement technique à Bordeaux, avec un impératif de retour court. » 

Et au-delà du dépannage au PC du Temple, il faut parfois aller dans la forêt, au plus près des véhicules coincés dans les zones du sinistre. « Hier, on a dû aller dépanner un fourgon au cœur du village évacué de Saumos. Il était chargé de la surveillance de la zone, pour éviter que les flammes ne reviennent se rapprocher des habitations… » Au Sdis 33, on dépanne, mais on alimente les véhicules aussi. « Nous avons, sur site, une cuve de 18 000 litres de gasoil pour les pleins, avec renfort d’une cuve privée, mais aussi des cuves à essence pour les tronçonneuses qui débroussaillent les zones du sinistre, pour les motopompes… » 

Plus le temps de parler. La motopompe de la DFCI attend justement. C’est le binôme mécanicien de Jonathan qui a pris les choses en main, ce dernier lui tient le capot, va chercher le cruciforme dans l’atelier et répond à une nouvelle équipe qui a besoin d’huile… pour le moteur. Le rythme de la journée s’annonce soutenu.