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8 septembre 2022

Incendies en Gironde

Sud-Ouest du 8 septembre 2022

2022 09 08 SO Incendies Dans la forêt la course contre la montre

Sud-Ouest du 8 septembre 2022 

Incendies : « Plus on attend, moins le bois a de valeur » 

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Président de l’interprofession de la filière forêt, bois, papier de Nouvelle-Aquitaine, Christian Ribes revient sur la gestion des conséquences des incendies girondins de cet été

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Depuis un peu plus d’une semaine, les entreprises de travaux forestiers ont pu réinvestir la forêt de la Teste-de-Buch d’abord, puis celle impactée par les deux incendies de Landiras, en Sud Gironde. Quelles sont leurs priorités ?

Elles ont entamé une course contre la montre : il s’agit d’éviter coûte que coûte que des parasites, les scolytes en premier, ne s’attaquent au bois endommagé. Il est impératif de nettoyer, dans un délai très court, les parcelles impactées par ces incendies.

On commence, par dégager le bois qui est valorisable, autrement dit le bois le plus âgé, celui qui a plus de 25 ans, et dont on peut encore sortir des planches. Sachant que cette matière subit naturellement, du fait de ces catastrophes et donc de l’augmentation de l’offre en volume, une décote de 30 à 40 %. Les premiers propriétaires à avoir négocié le prix de leurs bois et à avoir dégagé leurs parcelles seront les mieux servis. Car plus on attend, plus le risque de présence de parasites s’élève et moins le bois a de valeur.

Lors de la tempête Klaus, en 2009, les arbres arrachés étaient sains et pouvaient être conservés, notamment par la méthode de l’arrosage, et stockés. Cette fois, ils ne sont pas en état d’être stockés. Après, relativisons, nous ne sommes pas sur les mêmes volumes de dégâts qu’en 2009 ! 

Et quelles destinations pour des bois plus jeunes endommagés ?

Une partie des bois brûlés est actuellement achetée par la papeterie de Biganos, Smurfit Kappa Cellulose du pin, pour la fabrication du papier kraft, légèrement coloré. Pour des papeteries spécialisées dans le papier blanc d’écriture, l’utilisation de cette matière n’est pas possible. Pour le reste, la seule valorisation possible reste le bois énergie pour les chaudières industrielles ou des particuliers. Le devenir de ces jeunes arbres carbonisés ne couvre pas ou à peine le coût du nettoyage de la parcelle. 

Les forestiers sont lancés dans une course contre la montre pour éviter la prolifération des parasites, mais sont-ils suffisamment nombreux localement pour faire face à l’urgence ?

A priori, non. L’interprofession Fibois Nouvelle-Aquitaine travaille à d’éventuels renforts, si besoin. Nous ferons alors appel à des entreprises d’ailleurs, y compris d’autres régions non sinistrées. Mais ça ne s’improvise pas. Il faut organiser les déplacements des machines avec des porte-char et l’hébergement des salariés sur place. 

Les sylviculteurs touchés par les incendies de 2022 vont-ils pouvoir replanter en 2023, une fois leurs parcelles déblayées et nettoyées ? Y aura-t-il assez de plants ?

Les plants pour 2023 ont été réservés un an à l’avance pour les parcelles dont les arbres ont été coupés. Les vergers à graines ne sont pas nombreux et ne pourront répondre à la demande. Il faudra alors patienter jusqu’à 2024. D’autant que ces vergers ont pour mission de fournir des géniteurs sélectionnés pour améliorer la production – comme ces pins qui poussent plus droits et plus vite. Ensuite, il faut garder à l’esprit que la replantation sera différente, plus diversifiée avec d’autres essences que le pin. Des essences qu’il faudra peut-être acheter en partie chez nos voisins dans des pays plus chauds qui ont des variétés résistantes à la sécheresse. Enfin, sur certaines parcelles, avec des bois plus anciens, des propriétaires vont faire le choix d’une régénération naturelle : les arbres matures ont des pommes de pin (pignes) qui sous l’effet des flammes éclatent, distillant des graines qui vont se semer naturellement.

Ensuite ces graines vont germer avec l’humidité. Et là, nouveau problème : l’été que nous venons de passer a été particulièrement sec. La sécheresse perdure…

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2022 09 08 SO Politique Pour la forêt il faut un diagnostic partagé

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Sud-Ouest du 7 septembre 2022 

Sud-Gironde : après l’incendie, le nouvel horizon des lagunes du Gât-Mort

Classé Espace naturel sensible, le Domaine départemental Hostens-Gât-Mort a été détruit aux deux tiers par l’incendie de Landiras. De ce désastre écologique, une biodiversité plus riche encore pourrait renaître de ses cendres

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Derrière le noir du paysage brûlé, c’est une page blanche qui s’ouvre sur le Domaine départemental Hostens-Lagunes du Gât-Mort. En juillet, le feu de Landiras a ravagé les deux tiers du site classé Espace naturel sensible et Natura 2000, soit environ 400 hectares. Et 18 hectares de plus ont brûlé en août sur le site, lors de la reprise, à l’ouest des lacs d’Hostens. 

« Toute la partie base de loisirs, du côté du lac de Lamothe où il y a les plages, a été épargnée. Par contre, tout le reste a brûlé. Le feu a quasiment fait le tour du lac du Bousquey. C’est la partie la plus riche en termes de biodiversité qui a été la plus touchée. C’est le cœur de l’espace naturel sensible », déplore Sébastien Fourcade, responsable de l’aménagement et de la gestion des espaces naturels sensibles au Département de la Gironde.

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Constitué de lagunes naturelles où la nappe phréatique affleure et où le Gât-Mort prend sa source, le site est une réserve de biodiversité constituée d’une mosaïque d’habitats. Une sorte de sanctuaire, un vestige de la lande humide originelle au milieu d’un océan de forêt d’exploitation, que le Département préserve et invite à découvrir à travers des circuits pédestres jalonnés de postes d’observation de la faune et de la flore. De tout ceci, il ne reste que des cendres et des arbres calcinés.

« Ce sera un laboratoire à ciel ouvert. Contrairement aux forestiers qui sont durement éprouvés, nous n’avons pas d’enjeux de production »

Des lagunes asséchées

« On a vu des roselières qui ont brûlé. Ce sont des espèces qui vivent dans l’eau, jamais on n’aurait cru cela possible. Certaines lagunes ont été asséchées. Tout comme le Gât-Mort, en tête de bassin-versant, asséché sous l’effet de l’évaporation », décrit Sébastien Fourcade.

Mais quelques semaines après le sinistre, l’espoir pointe déjà. Il a la couleur du vert. Celle des fougères qui se sont déployées sans attendre, des touradons qui ont repris racine dans la tourbe, des tiges de bouleau qui poussent aux pieds des arbres calcinés, des roselières qui ont retrouvé de l’eau.

« Il y a de la casse, mais il y a de la résilience. Quand, comment et à quel niveau ? C’est difficile à évaluer. Les premiers jours, on a pleuré. Maintenant on rebondit », optimise Sébastien Fourcade. Mieux, de ce désastre écologique, le Département espère aujourd’hui tirer partie pour restaurer une biodiversité plus riche encore.

Déjà, avant l’incendie, la collectivité n’attendait plus qu’un arrêté interministériel pour la création d’une réserve biologique. Le projet qui avait reçu un avis favorable du Conseil national de la protection de la nature est plus que jamais d’actualité. « On va s’appuyer sur ce projet pour aider la nature à se régénérer. Cette réserve biologique sera créée sur un état zéro, c’est la réserve phénix. »

Restauration écologique

Le Département avait prévu dans ces objectifs de gestion le déboisement de certains secteurs afin d’élargir les milieux ouverts et humides qui concentrent les plus grands enjeux de biodiversité. Le feu a rebattu les cartes et d’anciennes parcelles de pins d’exploitation qui avaient un intérêt paysager devront être coupées par la force des choses. Environ 30 000 m³ de bois vont être exploités dans les prochains mois a évalué l’ONF, gestionnaire délégué du Domaine.

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« On allait mener des opérations de désenrésinement, c’est-à-dire couper des pins qui pompent 100 litres d’eau chaque jour et assèchent la lagune. Ceux qui ont brûlé dans ces endroits, on ne les replantera pas. Pour autant, on va avoir des opérations de replantation avec une volonté de diversification et d’expérimentation. »

La Maison de l’arbre

Avec un nouvel outil de gestion pour le Département, la Maison de l’arbre et des paysages. Ce projet, qui doit sortir de terre à Hostens, à la Tuilerie, aura sa propre pépinière qui permettra au Département de maîtriser ses productions de plants pour ses forêts. « Désormais, on saura d’où viennent les arbres, on aura une vraie traçabilité génétique et on pourra expérimenter », envisage Sébastien Fourcade.

En parallèle, le Conservatoire botanique national Sud Atlantique va mettre en place un protocole de surveillance des habitats naturels et de la flore afin d’accompagner la restauration écologique. Il s’agira entre autres d’éviter l’émergence d’espèces invasives et de favoriser le retour de la biodiversité originelle. Des analyses de l’eau ont déjà commencé afin d’étudier l’impacte des cendres sur l’environnement des lagunes.

« Ce sera un laboratoire à ciel ouvert. Contrairement aux forestiers qui sont durement éprouvés, nous n’avons pas d’enjeux de production. On part d’une page blanche, c’est un défi », annonce Sébastien Fourcade.

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