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GIRONDE VIGILANTE
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15 août 2022

Incendies en Gironde

Sud-Ouest du 15 août 2022

2022 08 15 SO Le choc du retour

Sud-Ouest du 15 août 2022 

« Enfin chez moi ! », le retour des évacués de Landiras 2 

Hier, tous les habitants des communes évacuées ont pu réintégrer leur habitation, qu’ils avaient été contraints d’abandonner face à l’incendie. Reportage à Belin-Béliet

2022 08 15 retour

Nathalie ouvre le portail qui donne chez elle. En grand, comme son sourire, immense. Elle appelle ses chats Lotus et Nany, même pas besoin, les deux l’attendaient pile devant la porte. D’un seul regard, Nathalie embrasse le paysage, tout est en place. Rien n’a changé. « Quelle histoire », souffle-t-elle en glissant sa clé dans la serrure. Électricité OK. Eau, OK. Sans attendre, elle fait claquer les volets. « Il faut aérer. » Elle n’a quitté sa maison à contrecœur qu’il y a cinq jours, une éternité. « Mes trois enfants sont partis avec leur doudou et pourtant ils sont bien grands, ils ont été accueillis chez des amis, moi, j’ai été d’abord chez ma belle-mère, puis chez d’autres amis, tout comme mon mari. On était éparpillés. Quel soulagement de rentrer chez moi. » Elle ne peut réprimer un spasme de sanglot, vite ravalé. 

« J’ai eu peur de perdre mes chats, mais je pense que j’ai eu très peur, tout bêtement. Il faudra remercier la mairie, on a été parfaitement accompagnés depuis le début, et mes chats ont été nourris par des employés municipaux. » Nathalie n’a pas tout vu, elle vit dans le centre-ville de Belin-Béliet qui n’a pas été touché par les flammes de cet incendie dantesque. La fumée, l’odeur de cramé partout, l’ambiance apocalyptique, ça oui. Elle a même hébergé une vieille dame et son chien, évacués de Saint-Magne dans la nuit de mardi, avant de devoir quitter les lieux elle-même. Ironie du sort. « Mais aujourd’hui, tout va bien, non ? » se rassure-t-elle. 

« Il faut encaisser » 

Tout ne va pas bien pour tout le monde hélas. Même aujourd’hui. Dans le quartier de Joué, à quelques kilomètres de là, la forêt calcinée crachote encore ses fumerons. Les pompiers sillonnent les bois noirs, sur des routes qui ont l’air d’un décor de film dystopique, jusqu’à ce hameau désolé. Tiphanie et sa mère Corinne viennent de rentrer chez elles, sidérées. « On savait, mais là être en face, j’ai la trouille au ventre, admet Corinne. Non, je ne suis pas prête à dormir chez moi. J’ai été épargnée miraculeusement, mon jardin est carbonisé, le feu s’est arrêté devant ma terrasse. J’ai honte d’avoir eu cette chance, quand mes voisins là, en face ont tout perdu. » 

Dans ce quartier, plusieurs maisons ont entièrement été détruites. Notamment, un magnifique corps de ferme réhabilité. « Ils ont bossé deux ans dessus, c’est toute leur vie qui a brûlé, reprend Corinne. Ils dormaient dans un mobile-home pendant les travaux. Avoir ça sous les yeux, ça me gêne. Quand on voit les choses de loin, derrière la télé, on supporte, mais là, en vrai, faut encaisser. » Un groupe de pompiers s’arrête un moment et tente une explication pour justifier « le miracle » de la maison de Corinne, épargnée. « Un Canadair a dû lâcher sa cargaison d’eau, juste au-dessus de chez vous, c’est le plus logique, commente un pompier. Certains ont eu la même chance, d’autres non. La nuit de mardi à mercredi a été la pire. » 

Les bruits du quotidien 

Corinne et Tiphaine ne vont pas rester ce soir. Et puis, l’électricité n’a pas été réinstallée. Et puis, elles trouvent que les fumées dans la forêt sont encore bien trop proches. Et aussi, il y a ce hérisson incinéré dans le jardin devant lequel, elles ont hoqueté... « Et puis, franchement, je ne sais si cet endroit aura encore du sens pour nous, ajoute Tiphaine. Il y aura un avant et un après. » En quelques heures, Belin-Béliet a pourtant retrouvé une vitalité, volets ouverts, va-et-vient des familles qui rentrent chez elle, les bruits du quotidien se font entendre à nouveau. 

« On a pu dormir » 

À la mairie, l’équipe municipale, les bénévoles n’en ont toujours pas fini. Le retour à domicile des administrés génère un brouhaha pas possible dans le bâtiment, orchestré par le maire Cyrille Declercq. « On a encore demain à souffrir, lâche-t-il. On ouvre à 8 heures, il reste beaucoup de choses, et les gens auront besoin d’aide de tous côtés. Là, nous devons demander aux directeurs du Super U et de l’Intermarché d’ouvrir exceptionnellement. » 

Pourtant ce dimanche, tout le monde a l’air de mieux respirer. « On a pu dormir, commente Cyrille Declercq. Quand on a commencé à voir tomber la pluie, peu avant minuit, nos craintes de l’orage sec se sont envolées. Quel soulagement. » 

Dans son bureau de la mairie, Catherine Boyrie adjointe à la Cause animale rend les clés de leurs maisons aux habitants qui débarquent au compte-goutte. Elle en était la gardienne, responsable du nourrissage des animaux domestiques : « Des chats, des poissons, des poneys, des poules… Nous étions toute une équipe d’employés communaux à nous relayer. On n’a pas chômé ! »

2022 08 15 SO Le soulagement des pompiers mais le combat n'est pas fini

2022 08 15 SO Le soulagement des pompiers mais le combat n'est pas fini2

2022 08 15 SO Le soulagement des pompiers mais le combat n'est pas fini3

Sud-Ouest du 15 août 2022 

Incendie en Gironde : « On a tous applaudi quand il s’est mis à pleuvoir » 

Dès le début des incendies, des familles évacuées de leur domicile ont été accueillies au dojo de Salles. Elles racontent leur semaine éprouvante

2022 08 15 applaudi

Il y avait une petite fête samedi soir à Salles, les Estivales gourmandes, place du Champ-de-Foire. Les familles hébergées au dojo du complexe de Lanquette y sont allées se changer les idées. La mairie leur avait offert des coupons pour profiter des stands de restauration. 

«Vers 21 h 30, on a tous applaudi quand il s’est mis à pleuvoir », raconte John, évacué de Saint-Magne avec sa femme et ses deux garçons, âgés de 3 et 5 ans. Le son de la pluie a eu l’effet d’une berceuse. « J’ai réussi à dormir une heure de plus, soit cinq heures », apprécie-t-il. 

Leur pavillon n’a pas été touché par les flammes. « Le feu s’est arrêté à la clôture du jardin. Les valises n’étaient pas encore défaites. En juillet, nous avions déjà dû partir huit jours. Tout ce qui est papiers, documents, je ne les avais pas encore sortis. On a donné un sac aux enfants pour les jouets et les doudous qu’ils voulaient emporter et on a vite quitté les lieux. Samedi, il y a encore eu une reprise sur la piste cyclable. »

2022 08 15 applaudi2

Dans la voiture ou un hamac 

Tendus, la plupart avouent avoir du mal à fermer l’œil. « La première et la troisième nuit, je n’ai pas dormi du tout », rapporte Christian, venu d’un lotissement voisin. « Là, j’ai dormi quatre heures, mon record. J’essaie de ne pas le montrer, mais je suis inquiet, car pas mal de personnes ont perdu leur maison. Je suis triste pour eux. » Depuis le début, il couche dans sa voiture. C’est son choix. Avant que n’éclate l’orage, son fils, lui, dormait même à la belle étoile, dans un hamac, comme cinq autres sinistrés avec lesquels il a sympathisé. Ils ont installé leurs véhicules, banquette arrière repliée, sous les deux grands chênes situés près du dojo. C’était la meilleure solution pour Achille et Pyla, les chiens qui leur tiennent compagnie. 

Rien n’est imposé. 

Chacun dort où il veut. Vingt lits de camp d’allure confortable, matelassés, sont répartis dans le dortoir. On pourrait en déployer facilement le double. « Nous, depuis le début, on dort à quatre sur un épais matelas de gymnastique, on y est bien », montre John. Hier, ils étaient seize adultes, plus ces deux enfants, à loger dans cette salle de sport en attendant de pouvoir regagner leur domicile. Les autres, une trentaine, étaient chez l’habitant. « Par pudeur », John a décliné cette alternative. « Habiter chez des gens, ce n’est pas pareil, trouve-t-il. On se sent un peu redevables. » 

Certains sont rentrés 

Les repas pris en commun prouvent que la cohabitation se passe parfaitement bien. « On se régale », tiennent-ils à dire. Le compliment s’adresse en particulier à Mélanie Laffitte, de la conserverie locale du même nom, qui leur prépare chaque jour à titre bénévole déjeuner et dîner. Ce ne sont pas les ingrédients qui manquent, les Sallois se sont montrés généreux. « Dès le mercredi, on a fait un appel aux dons sur le site de la mairie, relate Alain Bourguignon, le conseiller municipal chargé de l’intendance. En une heure, on a eu tout ce qu’on demandait. » Deux frigos sont remplis de boissons et de laitages. Des steps (marchepieds de sport) soigneusement empilés servent d’étagères à tout le nécessaire d’un costaud petit-déjeuner. Les enfants des élus ont prêté leurs jeux de société et de quoi dessiner. « Le maire nous a même invités à la piscine, souligne John. Il est partout. C’est vraiment une personne exceptionnelle. » 

Hier, en fin de matinée, le maire Bruno Bureau était accompagné du sous-préfet d’Arcachon, Ronan Léaustic, qui a passé beaucoup de temps à discuter avec une dame arrivée la veille du Barp, où l’autre centre d’hébergement venait d’être réquisitionné pour les pompiers appelés en renfort. Des psychologues ont rempli ce rôle d’écoute, en plus de la CroixRouge présente sur place nuit et jour. Des kinés sont également intervenus. « Ils sont aux petits soins pour nous, on ne manque de rien, atteste une habitante de Belin-Béliet. On nous a dit que ce serait un peu lunaire quand on allait rentrer. » 

Comme elle, John attendait les consignes (lire aussi en pages 2 et 3). « Il ne faut pas prendre en compte que sa maison », expliquait ce dernier, en pensant à l’électricité. « Il y a des blocs qui ont pris feu, des poteaux consumés ». Sa famille a finalement décidé de rester. Une poignée d’évacués ont préféré regagner leur logement dès dimanche. Le centre de Salles demeure ouvert jusqu’à mardi pour ceux qui hésitent encore.

2022 08 15 SO Comment Enedis a préparé le retour des habitants

2022 08 15 incendies fixés

2022 08 15 incendies fixés2

2022 08 15 SO Les délégations grecque et italienne décorées

2022 08 15 SO Les délégations grecque et italienne décorées2

2022 08 15 SO Le combat continue

2022 08 15 SO Le combat continue2

2022 08 15 SO Le combat continue3

2022 08 15 SO Comment évacuer le Ferret en cas d'dincendie

2022 08 15 SO Comment évacuer le Ferret en cas d'dincendie2

2022 08 15 SO Comment évacuer le Ferret en cas d'dincendie3

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