Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
GIRONDE VIGILANTE
Archives
13 août 2022

Incendies en Gironde

Sud-Ouest du 13 août 2022

2022 08 13 SO Toute les forces dans la bataille

Sud-Ouest du 13 août 2022

Landiras 2, l’incendie de toute la démesure 

Le deuxième feu de Landiras qui a ravagé 7 400 hectares de forêt en à peine trois jours mobilise des moyens humains et matériels extraordinaires pour parvenir à le contenir

2022 08 13 landiras

Landiras 2. Comme la suite d’un film catastrophe, c’est ainsi que le commandement des pompiers a baptisé le second feu hors norme de l’été qui a frappé le Sud-Gironde. Plus de 14 000 hectares brûlés en deux semaines dans le premier scénario de juillet. 7 400 en trois jours seulement dans ce second volet. Si les pompiers semblent en passe de parvenir à dompter le monstre de feu qui s’est déclaré mardi soir dans le secteur Saint-Magne-Hostens, cet événement est à tout point de vue démesuré. 

Qu’il s’agisse des conditions météorologiques, de la puissance incendiaire du feu ou des moyens humains et matériels engagés, Landiras 2 est au-delà de tout ce que l’on connaissait en matière de feu de forêt. Avec un chiffre qui paraît invraisemblable et que beaucoup ont dû se faire répéter mercredi matin pour y croire : 5 000 hectares brûlés en une seule nuit. 

Une nuit en enfer pour les premiers pompiers engagés et pour les populations prises dans ce chaos sans nom. Au matin, on apprend aussi que 17 maisons ont brûlé, un bilan matériel déjà beaucoup plus lourd que le premier feu de Landiras. Mais une fois encore, les pompiers ont sauvé l’essentiel, les vies. « 5 000 hectares en une nuit, c’est l’un des feux les plus virulents que l’on n’ait pu connaître », confirme le commandant Matthieu Jomain, porte-parole des pompiers de Gironde. « On est dans une situation qui, pour les plus anciens, peut être comparée au feu de 1949, mais dans l’histoire récente, une situation comme celle-ci, c’est une première. En juillet, on était déjà dans la surenchère des superlatifs. Aujourd’hui, les mots manquent. »

2022 08 13 landiras3

 Des moyens colossaux 

Pour autant, les pompiers comme les populations locales n’ont jamais exclu une nouvelle catastrophe après avoir annoncé que le premier feu de Landiras a été fixé. « On était malheureusement dans un scénario qui était attendu. Mais ce que l’on n’avait jamais connu encore en Gironde, c’est cet épisode avec des températures aussi extrêmes pendant autant de temps sans aucune pluie depuis le premier incendie de Landiras, il y a un mois », a souligné le général Marc Vermeulen, patron des pompiers de Gironde. 

Végétation asséchée, température à plus de 40°C, hygrométrie à moins de 20 % et le feu de Landiras 1 loin d’être éteint, tel était le décor explosif et inédit quand le dragon s’est réveillé mardi soir le long de la D5 à Saint-Magne. 

Très vite, des moyens colossaux de lutte incendie ont été déployés. Plus de 1 000 pompiers, 250 membres de la Défense des forêts contre les incendies en Aquitaine (DFCI), de l’Office national des forêts (ONF), gendarmes, policiers, militaires avec des moyens lourds du génie, un nombre incalculable de volontaires bénévoles, agriculteurs, forestiers, chasseurs et des moyens aériens comptant jusqu’à six Canadair, deux Dash, deux hélicoptères. Une véritable armée à manœuvrer, avec à sa tête le lieutenant-colonel Chavatte, commandant les opérations de secours pour la Gironde et les Landes. 

« On sait manœuvrer des centaines d’hommes sur le terrain, décrypte le commandant Matthieu Jomain. On a une organisation pyramidale qui peut se démultiplier selon l’envergure du chantier jusqu’à ce que l’on connaît ici, avec plus de 1 000 sapeurs-pompiers et une structure de commandement qui évolue en parallèle. Pour autant, si une telle configuration opérationnelle est abordée dans le cadre de nos formations d’officiers lors de scenarii pédagogiques, en aucun cas on avait déjà touché du doigt cette réalité. Là, on y est. » 

Jamais les pompiers n’avaient donc opéré avec tant de moyens, sans compter l’arrivée depuis hier des renforts européens qui a donné à l’événement une tournure internationale, couvert par des journalistes du monde entier. Le débarquement des Polonais en avions de transport militaire C-130 avec 49 véhicules à l’intérieur a frappé les esprits. « Ça devient une super production américaine », sourit un officier des pompiers, pas mécontent de voir des troupes fraîches relever les pompiers épuisés. 

La base arrière 

Dans cette guerre du feu, il y a un autre décor tout aussi démesuré, celui du quartier général, aménagé à Hostens, dans le camp de vacances du Département qui ressemble aujourd’hui à un camp militaire. Le va-et-vient incessant de dizaines de lourds camions revenant du front, des hélicoptères qui se posent et décollent sans cesse, des centaines de pompiers ou militaires fourmillant à toute heure de la journée et de la nuit, des gendarmes, des officiers de tous les corps. En limite du périmètre de l’incendie, l’habituel camping s’est mué en une impressionnante base arrière où se décident les stratégies et où les troupes s’offrent un peu de répit. 

Ce lundi, le Département de la Gironde comptait y créer une base de restauration pour les pompiers œuvrant encore à éteindre le premier feu de Landiras. Le second incendie a puissamment changé la donne. « Nous sommes passés à un stade industriel », lâche Jean-Luc Gleyze, président du Département. Plus de 700 personnes s’y sont installées mercredi, plus de mille jeudi et 360 soldats du feu européens supplémentaires viennent grossir les rangs depuis jeudi soir. Tout ce beau monde y mange, y dort. 

On y sert désormais 2 000 repas à chaque service. De nombreux bénévoles et une trentaine d’agents, issus du domaine ou des services départementaux, bichonnent les combattants des flammes, tartinant des milliers de sandwichs ou leur mettant à disposition tout ce dont ils ont besoin : des brosses à dents, des nougats, sodas ou barres de céréales, une bière fraîche et bientôt des produits antimoustiques. 

« Sur ce point aussi on est sur une phase inédite. C’est un effort de guerre déterminant pour maintenir le moral des troupes », salue le commandant Jomain. 

La solidarité s’est organisée à vitesse grand V. Les dons proviennent d’enseignes commerciales, de collectivités et même d’anonymes. 

Hier, la sympathique Annie, habitant Bernos-Beaulac, a porté 200 crèmes au chocolat. Ce week-end, le maire de Lignande-Bazas doit passer derrière les fourneaux. « Nous avons monté une base militaire en à peine cinq jours, se réjouit Jean-Luc Gleyze. Alors que de voir tous ces pins mourir est un crève-cœur, ces évènements accouchent aussi d’une aventure humaine extraordinaire. »

2022 08 13 SO Ces volontaires qui traquent les retours de flammes

2022 08 13 SO Ces volontaires qui traquent les retours de flammes2

2022 08 13 SO Ces volontaires qui traquent les retours de flammes3

Sud-Ouest du 13 août 2022

Auprès des soutiens européens face au feu, pour « faciliter le travail » 

L’aide européenne s’est mise en place hier à Hostens : 361 pompiers supplémentaires aux côtés des Français opposés aux feux depuis un mois. Rencontre avec les officiers roumains

2022 08 13 auprès

« J’ai vraiment hâte d’aller sur le feu. » Il est midi, hier, au poste de commandement d’Hostens, et le major John Bradeanu est prêt au combat. Quelques heures plus tard, lui et son équipe de pompiers roumains interviennent déjà près de Saint-Magne, au cœur de la forêt. Autour, les arbres sont noirs. Les fumerons cessent peu. L’odeur de brûlé n’attaque pas les narines, mais est bien présente. « Attention où vous marchez, le sol est très chaud. Il y a du feu en-dessous », ordonne le major, la lance incendie en main. « Nous protégeons une maison dans laquelle se trouvent des animaux. » 

Les premiers officiers roumains sont arrivés sur Hostens, lieu où se situe le poste de commandement, dans la nuit de jeudi à vendredi. À 12 heures, ils étaient 24. Ils seront 77 par la suite. « Le pays dans lequel nous intervenons importe peu. Nous aidons nos collègues français », avance le chef du détachement Cristian Buhaiànu. « Je suis prêt à rester autant que nécessaire », assure de son côté le lieutenant-colonel Burdulea Bodgan qui réalise sa première mission en dehors de son pays. L’adrénaline et la fierté sont visibles dans les yeux de ces pompiers. Ils resteront au moins deux semaines. 

65 pompiers allemands 

À leurs côtés, l’officier de liaison du renfort Benoit Isner. Le rôle de ces officiers est de « mettre de l’huile dans les rouages, d’accompagner les étrangers et de faciliter leur travail ». Ils assurent également la traduction. « Chez les pompiers, la langue est universelle. Cette barrière là n’est en réalité pas un problème », avance pour sa part - le contrôleur général des pompiers de Gironde Marc Vermeulen. 

Plus tôt dans la matinée, aux alentours de 9 heures, ce sont les pompiers allemands qui ont été les premiers à se rendre sur le terrain. Simon Fritz, commandant en charge d’une partie des 65 pompiers arrivés d’outreRhin, et son équipe sont positionnés sur la D3 entre Saint-Magne et Belin-Béliet. Ils ont pour mission de protéger un moulin situé non loin. 

Armée d’une carte placée sur le capot d’une voiture, les pompiers français expliquent le plan d’action à leurs homologues. « Vous allez nous suivre, nous allons aller vers le moulin de Litch », indique l’un d’entre eux au commandant allemand. « Nous sommes là pour aider les équipes locales. La coordination entre nous est essentielle », explique pour sa part Simon Fritz. 

D’autres arrivent 

« La France a demandé des renforts. La commission européenne, qui finance les déplacements à 75 %, a ensuite diffusé l’appel », explique Claire Kowalewski, en charge de la coordination européenne en France. « Ces renforts européens appuient des troupes locales déjà engagées depuis un mois et qui fatiguent », complète Marc Vermeulen. « Des renforts qui sont bienvenus au regard de la superficie à traiter », euphémise de son côté Mathieu Joumain, commandant en charge de la communication du Service départemental d’incendie et de secours (Sdis) de la Gironde. C’est la première fois que des pompiers européens interviennent de manière terrestre sur des incendies en France. 

Le nombre de ces pompiers présents en Gironde va grimper à 361 d’ici ce matin. Ils viennent en soutien des 1 100 pompiers français déjà mobilisés. Ils proviennent de quatre pays (Allemagne, Autriche, Pologne, Roumanie), auxquels s’ajoutent deux Canadairs grecs et deux autres italiens. 

Ce vendredi, 77 Autrichiens étaient attendus sur les coups de 21 h 30. 144 Polonais doivent également rallier Hostens ce samedi matin.

2022 08 13 SO Les Canadair italiens et grecs sont déjà au front

2022 08 13 SO Les Canadair italiens et grecs sont déjà au front2PNG

2022 08 13 SO Le feu ne progresse plus depuis deux jours l'A63 rouverte

2022 08 13 SO Incendies en bref

2022 08 13 SO Incendies en bref2

Sud-Ouest du 13 août 2022

Saint-Magne : En seconde ligne, les mécanos des pompiers ne chôment pas 

Pour réparer les camions-citernes, soumis à très rude épreuve depuis un mois, un « garage de campagne » a vu le jour

2022 08 13 seconde ligne

 « Jeff, il faut que tu partes à la Gravière à Belin-Béliet. L’embrayage d’un camion a lâché. Au passage, toujours à Belin, il y a un autre engin à sortir. Il s’est renversé dans un fossé. » Jeudi, sur le parvis de l’ancienne gare de Saint-Magne. Devant une carte, le lieutenant de sapeurspompiers Marc Bouloux, officier logistique, fait un point avec Jean-François, mécanicien. Autour d’eux, une noria de camions-citernes feux de forêt (CCF) venant de toute la France 

C’est là, au centre du village d’où est parti mardi « Landiras 2 » – la reprise du feu de Landiras de juillet, en Sud-Gironde – qu’a vu le jour un « garage de campagne », à l’image d’un hôpital de campagne. Les véhicules servant à la lutte contre l’énorme incendie qui a déjà ravagé plus de 7 400 hectares en trois jours y sont réparés et viennent faire le plein en carburant. 

Dans le vocabulaire des pompiers, on appelle cet atelier « l’échelon mécanique ». Pour « Landiras 1 », il était placé à Guillos, à 20 kilomètres de là. « On a déménagé pour s’approcher au maximum de la zone de feu, afin que les camions aient le moins de chemin à parcourir. On bouge en fonction de l’incendie », explique Marc Bouloux. Deux mécaniciens et deux conducteurs, tous des personnels administratifs et techniques du Service départemental d’incendie et de secours (Sdis) de la Gironde, travaillent avec lui. Le garage est ouvert 24 heures sur 24. Chaque jour, deux équipes d’astreinte pour la semaine se relaient toutes les douze heures. 

Crevaisons 

À l’entrée du site, une file de camions attend devant la « station-service avancée » pour faire le plein en carburant. À l’opposé, un « véhicule atelier » est garé : dans ce poids lourd, on trouve tous les outils nécessaires aux réparations. Une collection de pneus est rangée à côté. « On traite énormément de crevaisons et de roues déjantées. Pas mal de casse sur des barres d’accouplement aussi », précise l’officier logistique à qui arrivent les demandes de dépannage par les différents PC répartis sur la zone de feu. 

Des mécanos se rendent ensuite sur place. « Le but est d’essayer de sortir les camions en panne ou de les mettre en sécurité, afin d’éviter qu’ils ne brûlent. » Depuis le 12 juillet, une dizaine de CCF ont pris feu. 

Ce jeudi, en une matinée, une quinzaine de demandes de dépannage sont tombées. Après un mois de combat acharné contre les feux, le matériel s’use et souffre. « Il est sursollicité depuis juillet, rappelle le lieutenant Bouloux. Il est confronté à l’évolution du feu, à des températures extrêmes, à la poussière. Les camions roulent dans le brûlé. Logiquement, ils commencent à montrer des signes de fatigue. » 

Face à cette crise exceptionnelle, le groupement technique et logistique (GTL) du Sdis de la Gironde – la maison mère pour la mécanique – a revu en urgence son organisation. « Il a fallu que tout monte en puissance : le nombre d’équipes d’astreinte, les commandes de matériel, etc. Tout le monde est impliqué, à tous les niveaux hiérarchiques. On avance tous ensemble. »

 

2022 08 13 SO La journée d'hier en images

2022 08 13 SO La journée d'hier en images2

 

2022 08 13 SO Pompiers volontaires Sur le terrain on a le même rôle que les pros

 

2022 08 13 SO Des reprises de feu observées dans la forêt

 

2022 08 13 SO La CPME de Gironde attend un cadre juridique

2022 08 13 SO La CPME de Gironde attend un cadre juridique2

Publicité
Commentaires
Publicité
Derniers commentaires
GIRONDE VIGILANTE
Publicité