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GIRONDE VIGILANTE
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11 août 2022

Incendies en Gironde

Sud-Ouest du 11 août 2022

2022 08 11 SO Le cauchemar

Sud-Ouest du 11 août 2022 

« Un monstre avec un cerveau et un comportement tactique » 

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La reprise du gigantesque feu de Landiras a atteint les Landes et poursuit sa progression. Il se dirigeait hier soir vers le Nord, menaçant la commune de Belin-Béliet, en Gironde

2022 08 11 cauchemarLes pompiers ont dû faire face à un feu qui avançait à 7 km/h pendant la nuit de mardi à hier, contre 2 km/h en juillet. SÉBASTIEN HUSTÉ /« SUD OUEST » 

On craignait le pire, c’est au-delà. Le feu qui a repris dans le sud de la Gironde mardi, entre les villages de Saint-Magne et d’Hostens, est un monstre insatiable. « Un monstre avec un cerveau qui aurait un comportement tactique », lâche le préfet délégué pour la défense et la sécurité de la zone Sud-Ouest, Martin Guespereau. En fin de journée, hier, il avait dévoré 6 200 hectares de forêt du massif des Landes de Gascogne, entraîné l’évacuation de 8 000 personnes en Gironde et 2 000 dans les Landes, provoqué la fermeture de l’autoroute A63 entre l’A660 (voir carte cicontre) et Liposthey (40), grièvement brûlé aux jambes un pompier de la Marne (il a été hospitalisé, ses jours ne sont pas en danger), légèrement blessé d’autres soldats du feu et détruit 17 maisons sur la commune de Belin-Beliet (33) ainsi que deux camions feu de forêt des pompiers des Landes. 

« La vitesse de propagation de cet incendie, c’est du jamais-vu, souffle un soldat du feu. Jusqu’à présent, le record en Gironde était de 6 000 hectares en trois jours. » Record pulvérisé en à peine 24 heures. « C’est le résultat de plusieurs facteurs. Des températures caniculaires depuis des semaines, une hygrométrie très basse et du vent, auxquels s’ajoutent l’extrême sécheresse de la végétation et la nature du terrain, fait de tourbe et de lignite dans lequel le feu peut s’enterrer et réapparaître plus loin », explique le lieutenant-colonel Arnaud Mendousse, officier communication du Service départemental d’incendie et de secours (Sdis) de la Gironde. 

« Avançant au rythme de 6 à 7 km/h pendant la nuit, contre 2 km/h pour le feu de Landiras en juillet », précise le président du Département de la Gironde et du conseil d’administration du Sdis, Jean-Luc Gleyze, l’ogre a atteint les Landes au milieu de la nuit de mardi à hier. Les communes de Mano, Moustey et Saugnac-et-Muret ont rejoint leurs voisines girondines de Saint-Magne, Hostens et Belin-Béliet sur la liste des évacuations. 

L’autoroute en pare-feu 

Dans la journée, d’importants renforts sont arrivés de toute la France. Un millier de sapeurs-pompiers sont désormais engagés sur le terrain et luttent de toutes leurs forces, aidés par des centaines de bénévoles de la DFCI (association de Défense des forêts contre l’incendie), des moyens aériens dont cinq Canadair, deux avions Dash et deux hélicoptères bombardiers d’eau et 120 militaires. 

Les moyens aériens devraient augmenter, avec neuf avions, selon une annonce du ministre de l’Intérieur. Gérald Darmanin se rendra d’ailleurs sur place, aujourd’hui, aux côtés de la Première ministre, Élisabeth Borne. « La mobilisation du gouvernement et des services de l’État aux côtés des élus locaux, des bénévoles et des habitants est totale », a tweeté la Première ministre. « Le feu a appris à nous surprendre. Il tourne, il fonctionne en escargot. C’est pour ça que les évacuations ont été faites tout autour. C’est pour ça que l’autoroute A63 a été fermée. Elle est désormais entièrement dégagée. Les pompiers sont en capacité de venir dessus pour attaquer les flammes. Elles sont vraiment très proches », a rapporté Martin Guespereau lors de son point de situation hier soir. Depuis le milieu d’après-midi, les engins de la DFCI ouvrent un large pare-feu le long de l’A63. Un nouveau chantier titanesque de 5 km de long. D’autres pare-feu sont envisagés à l’arrière du front sud, dans les Landes. 

Le feu explose 

À ses côtés, le contrôleur général du Sdis de Gironde, Marc Vermeulen, décrit un « feu qui ne respecte pas les règles édictées par Météo-France ». « On devait avoir un vent de nord établi et un front de feu qui devait se propager vers le sud. Ça n’a pas vraiment été le cas, il est plutôt resté sur zone et s’est élargi de tous les côtés. On a été amené à avoir des actions sur tous les flancs. » 

Le chef des pompiers explique qu’avec les augmentations des températures, l’incendie explose à certains endroits et prend un axe de propagation qui lui est propre. Les flammes sont même plutôt remontées vers le nord hier. « La commune de Belin-Béliet est menacée ainsi que Saint-Magne, suite à une saute de feu. » 

Défendre les maisons 

La technique opérationnelle est toujours la même depuis les grands incendies de juillet. La priorité va à la sauvegarde des personnes. « Dès lors que l’on ne peut pas tenir l’incendie, ce qui a été le cas aujourd’hui [hier], on protège les points sensibles et on essaie de le contrarier au gré des différentes possibilités », poursuit Marc Vermeulen. 

À Belin-Béliet, la lutte est acharnée. Les Canadair ont largué à l’avant du feu pour le ralentir et permettre de faciliter la défense de points sensibles comme les maisons. Des Dash ont aussi opéré pour créer une ligne de retardant. Lors de la reconnaissance sur le terrain vers 18 heures, les flammes avaient encore changé de sens. « Il était plutôt à la reculade sur Belin-Béliet. On va l’observer pendant toute la nuit et adapter le dispositif au fur et à mesure. » 

S’adressant à la responsabilité de chacun, le préfet Martin Guespereau appelle tout le monde « à un très grand respect des règles de la vigilance rouge renforcée ». « Nous sommes au maximum du risque. N’allez pas dans les massifs des Landes et de Gironde. »

2022 08 11 cauchemar2

2022 08 11 SO carte feu

 

2022 08 11 SO J'en ai pleuré de voir les maisons brûlées des voisins

2022 08 11 SO J'en ai pleuré de voir les maisons brûlées des voisins2

2022 08 11 SO Les incendies en bref

2022 08 11 SO La conduite à tenir face aux fumées

2022 08 11 SO La conduite à tenir face aux fumées2

Sud-Ouest du 11 août 2022 

A Saint-Magne, « on n’est pas loin de craquer, mais on tient » 

Le feu a repris mardi depuis ce village de 1 000 âmes déjà évacué le 18 juillet dernier. « Moralement, c’est très difficile », témoignent des habitants rencontrés hier

2022 08 11 a saint-magne

La petite route de Joué serpente au milieu des pins entre Saint-Magne et Hostens. Des gilets fluo sur le dos, Guillaume, Denis et Stéphane fixent une parcelle d’où s’échappe une fumée de plus en plus épaisse. Le vrombissement d’hélicoptères bombardiers d’eau et de largages les oblige à hausser la voix. Celle de Guillaume se brise quand on lui demande ce qu’ils font là. « On est là parce que ça nous fait chier de voir tout ça partir en fumée », dit-il en désignant de petits pins de 3 ans qui s’embrasent en quelques secondes. 

Guillaume, Denis et Stéphane sont des bénévoles de l’association locale de Défense des forêts contre l’incendie (DFCI) et de la commune. Depuis des semaines, ces habitants de Saint-Magne arpentent le massif à l’affût du moindre fumeron. « On est censé les contrôler et appeler les pompiers en cas de grosse reprise. » Depuis mardi, ils sont anéantis. « C’est un désastre. Regardez, au moindre coup de vent, ça repart. » 

Des pompiers de La Rochelle s’affairent dans les parcelles. Les camions-citernes tournent à plein régime. « C’est une reprise. On arrose la végétation avec un mélange d’eau et de produit retardant », explique le lieutenant-colonel Arnaud Mendousse, officier communication du Sdis de la Gironde. Les premières maisons se situent à 200 mètres, volets clos, occupants évacués quelques heures plus tôt. 

Pas « tirés d’affaire » 

Sur le millier d’habitants que compte Saint-Magne, « seule une quarantaine a décidé de ne pas partir », explique la maire, Ghislaine Charles. « Je ne jette la pierre à personne. Ils ne veulent pas laisser leur maison, leur chien, leur chat. J’ai tout fait pour les convaincre. Je leur ai dit de se tenir prêts. Ils sont quand même un peu raisonnables : tous ont préparé leur valise. » 

Comme Hostens la voisine, Saint-Magne a déjà connu une évacuation il y a quelques jours à peine : le 18 juillet, pendant une semaine. « Moralement, c’est très difficile. On se croyait tirés d’affaire. Quand on nous a parlé de reprise et d’évacuation, mardi soir, ça m’a mis un grand coup. J’ai eu peur, je suis partie chez ma fille, à Balizac, pour la nuit. Et puis, je suis revenue. Notre secteur est pour l’instant épargné », raconte Florence Quemenaire depuis sa maison sur la route de Louchats. La belle pinède qui l’entourait a cramé en juillet. 

Fidèle au poste, Ghislaine Charles est « épuisée ». « On n’est pas loin de craquer, mais on tient. Il le faut. Les gens s’usent, le matériel aussi. Il va vraiment falloir que ça s’arrête », souffle la première magistrate qui, comme son homologue d’Hostens, s’interroge sur la cause de ce nouvel incendie, parti du bord de la route départementale 5. « Je veux bien qu’il y ait des reprises par la tourbe, que le feu s’enterre et réapparaisse plus loin. Mais quand vous avez trois pieds de feu différents à trois en droits différents et que le feu a sauté la route, alors que des bénévoles de la DFCI étaient passés dix minutes plus tôt et qu’il n’y avait rien, vous vous posez des questions. » 

Hier soir, Saint-Magne se couchait peuplé de pompiers. « A priori, la situation est sous contrôle, ils sont encore nombreux sur place, précise la maire. On a été inquiets pour un lotissement, dans l’après-midi. Mais les Canadair et les Dash ont multiplié les largages. J’espère qu’ils l’ont bien assis et qu’il va nous laisser tranquilles pour la nuit. »

2022 08 11 SO Poourquoi une reprise aussi violente est peu probable

2022 08 11 SO Poourquoi une reprise aussi violente est peu probable2

2022 08 11 SO Comment le feu s'est-il propagé aussi vite

 

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