Covid-19

Sud-Ouest du 24 juin 2022

Ouest-France du 23 juin 2022 

« Covid long ». Symptômes, effets sur le cerveau, nouveaux nés… On en sait plus sur cette maladie

De nombreuses personnes souffrent du Covid durant plusieurs mois, parfois sans le savoir. L’ANRS mobilise la recherche pour mieux comprendre cette nouvelle maladie.

Le Covid long présente des symptômes variés et touche le cerveau. | GETTY IMAGES/ISTOCKPHOTO

C’est un sujet d’urgence et de long terme. Nous en avons pour longtemps avec le Covid long »,​explique Yazdan Yazdanpanah, le directeur de l’ANRS, qui fédère les recherches contre le virus. Cette maladie touche, durant plusieurs mois, des personnes qui ont contracté le virus. Pour mobiliser les troupes, l’ANRS a lancé un appel à projet avec la Fondation pour la recherche médicale.

«La prise en charge thérapeutique du Covid long est un challenge,​explique l’infectiologue Olivier Robineau, coordinateur à l’ANRS.Aucun médicament ne fonctionne sur l’ensemble des symptômes. L’impact sociétal est peu connu. Mais nous avons beaucoup plus de données qu’en 2021 et les articles scientifiques sont de meilleure qualité ».

Des recherches sur la population générale en France, au Royaume-Uni et aux États-Unis montrent que ce phénomène existe et que les symptômes sont parfois intenses, notamment chez certaines populations​. L’association de malades #AprèsJ20, impliquée par l’ANRS dans les projets de recherche, avait lancé l’alerte en 2020 sur cette maladie émergente. Elle n’est pas psychosomatique. On ignore encore pourquoi les symptômes perdurent, si c’est lié à une persistance virale, à des antécédents médicaux ou effet d’une comorbidité.

Hémorragies dans le cerveau

Les effets sur le cerveau ont été étudiés par Vincent Prévot, directeur de recherche à l’Inserm. Avec le CHU de Lille, son équipe a observé les vaisseaux sanguins des cerveaux de patients décédés du Covid. Le virus crée des hémorragies dans le cerveau. C’est peut-être réversible, comme des modèles animaux l’ont montré. Mais s’il y a une fragilité du système nerveux central, le patient est susceptible de contracter ensuite une maladie neurodégénérative ».

L’ANRS encourage aussi les recherches sur les femmes enceintes et leurs nouveau-nés. La probabilité qu’elles contractent une forme sévère de la maladie est 8 % plus élevée que chez les autres femmes, ​explique l’épidémiologiste Catherine Deneux-Tharaux.La vaccination est un véritable enjeu, ainsi que le suivi des enfants. Quelle sera la conséquence sur leur développement cérébral ? ​Pour le comprendre, 6 000 femmes qui ont contracté le virus seront suivies, avec leur bébé, jusqu’aux quatre ans de l’enfant.

Le nombre de personnes souffrant du Covid long reste difficile à établir. Certains ne savent pas qu’ils l’ont,​poursuit Olivier Robineau. Des symptômes pris isolément, comme un mal de tête, nous font passer à côté du diagnostic. Les patients souffrant du Covid, durant un mois, pourraient s’élever à 20 ou 30 % des personnes touchées ».

Ouest-France du 22 juin 2022 

Covid-19. Quelle est la différence entre les variants et les sous-variants ?

La France enregistre un rebond des cas de Covid-19, notamment du à des sous-variants d’Omicron. Qu’est-ce qu’un sous-variant ? Est-il plus à craindre que le variant ? Peut-on craindre l’apparition de « sous-sous variants » ? Ouest-France vous répond.

Tous les virus peuvent connaître des mutants. Photo d’illustration. | REUTERS

« Quelle différence existe-t-il entre variant et sous-variant ? » La question nous est posée par Thomas, de Rennes, alors que la France enregistre un rebond des cas de Covid-19, notamment dû aux sous-variants.

BA.1, BA.2, BA.3, BA.4, BA.5… à lister tous les sous-variants, on en oublierait presque qu’ils sont les « descendants » d’Omicron. Alors qu’est-ce qu’un variant ? Qu’est-ce qu’un sous-variant ? Un sous-variant peut-il devenir un variant s’il s’impose ? Ouest-France vous répond.

Tous les virus ont des variants

La première chose à rappeler avant de répondre à Thomas, c’est que le Covid-19 n’est pas le seul virus à avoir donné naissance à des variants. Tous les virus mutent avec le temps. C’est par exemple le cas de la variole du singe pour laquelle quelques variants ont été observés. « La plupart des mutations n’ont que peu ou pas d’incidence sur les propriétés du virus. Cependant, certaines mutations peuvent affecter les propriétés du virus et influer, par exemple, sur la facilité avec laquelle il se propage, la gravité de la maladie qu’il entraîne ou l’efficacité des vaccins, des médicaments, des outils de diagnostic ou des autres mesures sociales et de santé publique », rappelle l’Organisation mondiale de la Santé.

Néanmoins, et on a pu le constater avec le Sars-Cov-2, l’apparition, fin 2020, de variants qui présentaient un risque accru pour la santé publique mondiale a conduit à caractériser des variants à suivre et des variants préoccupants, afin de hiérarchiser les activités de surveillance et de recherche au niveau mondial pour orienter la riposte à la pandémie de Covid-19.

Lire aussi. Covid-19. La question du retour du masque dans les transports est sur la table, selon Alain Fischer

Qu’est-ce qu’un variant ?

Pour survivre dans l’organisme, un virus se multiplie dans les cellules en créant des répliques. Mais il arrive que des erreurs se produisent dans le processus de reproduction du code génétique. C’est ce qu’on appelle une mutation.
Le plus souvent, ces mutations n’ont aucune utilité pour le virus ; certaines lui sont même néfastes. À l’inverse, dans certains cas, ces mutations rendent le virus plus transmissible ou plus résistant aux réponses immunitaires que peut lui envoyer l’organisme. Ainsi Omicron s’est révélé d’un côté plus contagieux que les autres variants, mais d’un autre côté moins virulent.

« On regarde le nombre de mutations dans un virus donné pour classifier les virus. Une différence importante avec le virus de départ va aboutir à l’apparition d’un variant. Ainsi, au sens strict du terme, un variant possède plusieurs mutations susceptibles de modifier ses caractéristiques, par exemple une plus grande facilité à se transmettre par rapport aux autres versions du virus », détaille Yannick Simonin, virologue et enseignant-chercheur à l’université de Montpellier.

Et le sous-variant ?

Le sous-variant d’un virus présente un peu moins de mutations dans son génome. Ainsi BA.4 ou BA.5, qui sont responsables de la reprise épidémique en Europe, ont assez peu de différences avec les autres membres du variant Omicron. On les appelle donc sous-variants, au même titre que BA.1 ou BA.2 par exemple.

« Cette appellation peut évoluer en fonction de l’observation du comportement du virus, ainsi un sous-variant peut devenir par la suite un variant si on remarque par exemple un changement important de son impact sur la santé humaine », ajoute Yannick Simonin.

Et des variants de variants ?

Est-il possible de voir apparaître des variants de sous-variants donnant alors naissance à des sous-sous-variants ? Non, tranche ici le virologue.

« Il n’y a pas de sous-variant de sous-variant, mais il y a plusieurs degrés de classification en fonction du nombre de mutations, explique le scientifique. Un virus qui possède par exemple une seule mutation localisée dans son génome pourra être simplement appelé un mutant. »

Ouest-France du 22 juin 2022 

Covid-19. La question du retour du masque dans les transports est sur la table, selon Alain Fischer

Surnommé Monsieur vaccin, le professeur Alain Fischer, président du conseil d’orientation de la stratégie vaccinale, chargé de conseiller le gouvernement, estime que le retour du masque dans les transports en commun serait raisonnable, face à la reprise épidémique.

Alain Fischer, médecin, professeur d’immunologie pédiatrique et chercheur en biologie, est responsable de la coordination de la stratégie vaccinale contre le Covid-19 en France. | DANIEL FOURAY / OUEST-FRANCE

La remontée des cas de Covid-19, portée par de nouveaux sous-variants d’Omicron, suscite des appels à la vigilance. Surnommé Monsieur vaccin, le médecin et professeur Alain Fisher, président du conseil d’orientation de la stratégie vaccinale, chargé de conseiller le gouvernement, a déclaré que la question du retour du masque dans les transports en commun était sur la table.

Une bonne mesure, selon lui

« Cela se discute sérieusement », a-t-il indiqué ce mercredi 22 juin 2022 sur France 2. « Dans les transports collectifs, je pense que c’est probablement raisonnable. Certainement pour les personnes fragiles, et probablement pour l’ensemble de la population, parce que c’est une mesure de protection collective et en faisant le petit effort de porter le masque on contribue à protéger les personnes fragiles », a-t-il défendu.

Retour du #masque dans les transports : "Ça se discute sérieusement" pour le @PrAlainFischer (conseil d’orientation de la stratégie vaccinale) 💬 #Telematin pic.twitter.com/frnIR2DzNv

— Telematin (@telematin) June 22, 2022

Alain Fischer estime que rétablir l’obligation du masque dans les transports collectifs serait une bonne mesure.

Rappel pour les plus de 60 ans

Le professeur a par ailleurs plaidé pour un rappel supplémentaire pour les personnes fragiles et de plus de 60 ans.

« Ce vaccin est sûr et on sait que ce deuxième rappel permet de rattraper le niveau de protection obtenu après le premier rappel, en termes de protection contre l’infection et surtout contre les formes graves, et donc pour plusieurs mois, jusqu’à l’automne, les personnes sont protégées à hauteur de 90 % de diminution du risque. Et ce rappel est efficace dans les jours qui suivent ».

#Covid : "Le vaccin est sûr"

Le @PrAlainFischer recommande un rappel supplémentaire pour les personnes fragiles de +60 ans 💬 #Telematin pic.twitter.com/3jQapsCmBE

— Telematin (@telematin) June 22, 2022

Pour les autres populations, il estime que ce rappel n’est pas à ce stade nécessaire. « Parce que le risque est très faible. À la rentrée, on verra ».

Ce mardi, le gouvernement a appelé les plus âgés à recevoir leur second rappel vaccinal « le plus vite possible » au regard de la reprise épidémique, alors que seulement un quart des personnes éligibles ont reçu cette injection.