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GIRONDE VIGILANTE
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19 juin 2022

Risques d'incendies sévères

Sud-Ouest du 19 juin 2022

2022 06 19 SO Canicule la journée de tous les records

Sud-Ouest du 19 juin 2022 

Records de chaleur et risques d’incendies sévères dans la région 

La canicule touche la forêt où les indicateurs relevés quotidiennement par les pompiers font redouter un été sous haute tension

2022 06 19 recordsTous les matins, en Gironde, une trentaine de patrouilles de pompiers sillonnent la forêt à l’affût des moindres signes de vulnérabilité aux incendies. DAVID THIERRY/« SUD OUEST »

Il fait déjà plus de 30 °C à 9 heures, ce samedi matin, à Cestas (33). Comme dans les 30 centres de secours situés sur des communes forestières en Gironde, l’adjudant Xavier Morin s’apprête à partir en reconnaissance dans le massif. Celui-ci a été placé en risque incendie « sévère » il y a quelques heures. Soit le quatrième niveau d’une échelle qui en compte 6. « Il est rare qu’il soit activé si tôt dans l’année », remarque le commandant Mathieu Jaumain du Service départemental d’incendie et de secours (Sdis) de la Gironde. 

Face aux berges sèches du « lac bleu » au beau milieu du massif à Cestas, où quelques baigneurs cherchent de la fraîcheur, Xavier Morin se désole. « En dix ans, le niveau moyen a baissé d’un bon mètre. Ces îlots au milieu du lac n’apparaissaient jamais. J’espère bien ne jamais le voir à sec », lance-t-il. Avec la crainte qu’un jour, les pompiers ne puissent plus y puiser l’eau nécessaire à leurs interventions. Même étonnement quelques kilomètres plus loin devant un ruisseau dont le débit se réduit peu à peu. 

Le « pouls » de la forêt 

L’objectif de ces sorties quotidiennes est de prendre le « pouls » de la forêt à l’aune du risque incendie. « On regarde aussi bien l’état des pistes que la sécheresse de la végétation ou les niveaux des points d’eau », explique le sous-officier. Toutes les informations sont ensuite centralisées et croisées avec d’autres indicateurs, dont la météo. 

« La couleur des fougères nous renseigne efficacement sur le niveau de sécheresse », précise le pompier. Ici, elles ne sont pas encore jaunies par la chaleur. « C’est hétérogène sur le massif. Là, ça va encore. Mais, à Biscarrosse, on voit déjà de la végétation complètement sèche », développe le commandant Jaumain. Une chose est sûre, cette année, les indicateurs sont précoces. « Si on devait poursuivre ainsi, la situation sera très critique cet été », averti l’officier. 

La Gironde n’a pas encore connu d’incendie majeur cette année. Mais des départs de feux de forêts ont été signalés en Bretagne ou dans la Loire, des régions traditionnellement épargnées. Et des incendies d’ampleur sont en cours en Espagne où 22 000 hectares ont déjà brûlé (lire par ailleurs). Très entretenue, notamment avec le concours des propriétaires (la forêt des Landes de Gascogne est à 60 % privée) qui ont obligation de nettoyer leurs parcelles et d’entretenir des pistes, la forêt des Landes de Gascogne a jusqu’à présent été épargnée par le phénomène des mega-feux survenus au Portugal ou en Grèce ces dernières années. Mais pour les pompiers, il ne fait guère de doute qu’un « big one » n’est qu’une question de temps. « On redoute que tôt ou tard, on aura un incendie que seul l’Océan sera en mesure de stopper », glisse Mathieu Jaumain. 

Une perspective d’autant plus inquiétante qu’à Cestas comme dans la plupart des communes forestières, l’urbanisation gagne sur la forêt, multipliant les zones dites d’interface entre le massif et les villes. Une urbanisation qui s’accompagne d’une fréquentation accrue du massif, surtout en période de chaleur lorsque les habitants viennent y chercher de la fraîcheur. En ce moment, l’accès à la forêt reste interdit au public entre 14 heures et 22 heures, lorsque la chaleur est au plus fort. 

Feux invisibles 

« L’urbanisation change les stratégies de lutte contre les incendies. En cas de départ de feu pouvant menacer à terme une zone urbanisée, on privilégiera la protection des habitations, quitte à laisser par ailleurs courir le feu un peu plus longtemps », explique Mathieu Jaumain. 

Vendredi, la Sécurité civile a dépêché en prévention un bombardier d’eau Dash à Mérignac. Traditionnellement, les moyens aériens de la Sécurité civile sont prépositionnés à Nîmes. « Cela les place à environ trois quarts d’heures du Sud-Ouest, ce qui reste efficient en cas de gros départ de feu », pense Xavier Morin. 

Mais ce samedi matin, le point de vigilance sur le secteur du centre de secours de Cestas, c’est surtout l’accident d’avion survenu vendredi après-midi en pleine forêt à Martillac. Le crash a provoqué un feu de surface pouvant receler des dangers invisibles. « Lorsque la tourbe est sèche, le feu peut couver sous terre pendant des jours avant de ressortir au milieu du massif et provoquer un départ majeur. » 

Ce matin deux fumerons ont été repérés sur le site. Il devra rester sous surveillance pendant de longues journées. Récemment, à Captieux, un feu de tourbe a couvé sous terre pendant trois semaines avant que les pompiers n’en viennent définitivement à bout. 

Autre sujet d’inquiétude pour l’adjudant Morin, voir se lever un vent d’est, toujours plus sec que les vents provenant de l’Océan. Un cocktail particulièrement dangereux lorsqu’il est associé à la canicule.

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