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5 juin 2022

Covid-19

Ouest-France du 4 juin 2022 

Covid-19. « La contamination reprend » : deux infectiologues veulent une relance de la vaccination

Alors que Santé publique France se veut plutôt rassurante sur l’évolution de l’épidémie de Covid-19, le Dr Benjamin Davido et le professeur Yves Buisson s’inquiètent d’une nouvelle vague à l’automne. Face aux nouveaux variants et à des contaminations qui repartent en hausse, ils jugent urgent de disposer de nouveaux vaccins et de relancer une politique de vaccination régulière, comme pour la grippe.

2022 06 04 of covidDans un service de réanimation Covid-19 au centre Hospitalier de Saint-Malo , le 17 Janvier 2022. Photo d'illustration. Photo Vincent Michel / Ouest-France | ARCHIVES VINCENT MICHEL, OUEST-FRANCE

Les variants BA4 et BA5 du Covid-19 pourraient entraîner une nouvelle vague d’hospitalisations, qui tomberait au plus mauvais moment, à la rentrée de septembre, alors que les services d’urgence des hôpitaux français ont tous, peu ou prou, un genou à terre. Cette vision inquiète, partagée par certains médecins, tranche avec la dernière communication de l’agence nationale Santé Publique France, vendredi 3 juin 2022.

Santé publique France souligne en effet le constat rassurant que la circulation du Sars-CoV-2 a continué de ralentir ​et que les hospitalisations continuent de diminuer ». ​L’agence concède cependant que durant la semaine du 23 au 29 mai, la baisse du taux d’incidence était plus faible dans certaines classes d’âge et [qu’] une tendance à la stabilisation était observée dans certaines régions », ​avec une mention distincte pour l’Outre-mer, aux indicateurs virologiques toujours très élevés ».

« Une absence d’impact hospitalier »

Santé publique France évoque également les nouveaux variants BA4 et BA5 d’Omicron, en augmentation ». ​L’agence rassure toutefois en relevant qu’en Afrique du Sud, après un pic épidémique passé mi-mai, son impact a été très modéré ».

En conférence de presse, des nuances ont été apportées par Guillaume Spaccaferri, épidémiologiste au sein de l’agence, qui a souligné le fait que, depuis quelques jours, on voit d’ores et déjà une légère augmentation […] de la circulation virale », ​avec, du moins pour le moment, une absence d’impact hospitalier ».

De fait, plusieurs indicateurs montrent qu’en dépit de signaux politiques, en France, tendant à accréditer que le Covid-19 ne nécessiterait plus de mesures de précaution particulières, l’épidémie reste à un niveau élevé, avec, même un rebond en ce moment.

Les contaminations repartent

On l’observe dans le nombre de cas quotidiens de contamination. Dans la période récente, un pic a été atteint à plus de 140 000 début avril avec une baisse constante depuis lors, du moins jusqu’au 27 mai, à 17 700. Mais depuis, cela repart, avec 22 354 cas le 3 juin.

Pour ce qui est du taux d’incidence, c’est-à-dire du nombre de cas pour 100 000 habitants, on relève, sans rentrer dans le détail des montagnes russes observé depuis le début de l’année, qu’il est actuellement de 196, alors qu’il dépassait à peine les 100 il y a un an.

En matière de nombre de nouveaux malades du Covid hospitalisés chaque jour, on était à 400 le 3 juin, contre 200 début juin 2020 et 450 début juin 2021.

Enfin, le chiffre ultime, celui des décès dus au Covid sur sept jours, à l’hôpital. On est très loin des terribles 3 800 atteints au plus fort de l’épidémie, il y a deux ans, et des plus de 2000 constatés de la fin 2020 au printemps 2021, ainsi qu’au début de l’hiver dernier. Mais les chiffres les plus récents sont tout de même de plus de 250. C’est davantage qu’en juin 2020 et presque autant qu’en juin 2021. En dépit de la vaccination, la lutte contre la mortalité du Covid n’est pas gagnée.

« Loin du seuil des 5 000 cas fixé par Emmanuel Macron »

Tout ceci amène le Dr Benjamin Davido, infectiologue et directeur médical référent Covid-19 à l’hôpital Raymond-Poincaré de Garches (Hauts-de-Seine), à tirer la sonnette d’alarme. La contamination reste sur un plateau élevé, au-dessus des 17 000 cas par jour, qui non seulement ne baisse pas, mais reprend. Cela signifie qu’on a une situation endémique qui se pérennise, qu’on reste en présence d’un énorme réservoir de contaminations. On est loin du seuil des 5 000 qui, au début de l’épidémie, avait été fixé par Emmanuel Macron pour déclencher un déconfinement.

Face à cela, il s’interroge, pour le moins, sur la décision française de supprimer le port obligatoire du masque dans les transports en commun, du moins, dès la mi-mai.On sait que le train, l’avion et le métro sont des lieux de contamination. Il aurait été plus prudent de ne supprimer l’obligation du port du masque que plus tard, par exemple au début de l’été, lorsqu’on prend moins les transports en commun pour aller travailler et que tout le monde passe plus de temps à l’extérieur du fait du beau temps ».

Si l’infectiologue s’inquiète, c’est du fait des sous-variants d’Omicron BA4 et surtout BA5. Ils sont très présents au Portugal, à nos portes. Leur contagiosité est 10 à 15 % plus forte. Ce n’est pas énorme, d’accord, mais c’est, encore et toujours, du plus en faveur de l’épidémie. Il ne faut pas se leurrer, ce sous-variant deviendra, tôt ou tard, dominant à son tour ».

Face à cela, comme le fait d’ailleurs également Santé publique France, Benjamin Davido invite les Français à continuer de porter le masque dans les transports en commun et dans les situations à risque ».

« Secouer le cocotier »

Surtout, l’infectiologue veut secouer le cocotier ​et en appelle à une autre approche, beaucoup plus volontariste, en matière de vaccination,pour éviter que l’hôpital public, dans l’état dans lequel il est, se trouve sous une vague épidémique après la rentrée de septembre ». ​Car, rappelle-t-il, on a 10 à 15 millions de Français fragiles, dont une part bien trop faible a bénéficié d’un second rappel (32,4 % des 60-79 ans et 27,5 % des plus de 80 ans)​ ».

Il appelle donc, d’une part, les laboratoires à commercialiser rapidement des vaccins mis à jour et adaptés aux nouveaux variants ». ​À cet égard, il estime que l’État français, fort du soutien qu’il a apporté à Sanofi, pourrait exiger de lui que le vaccin qu’il va enfin commercialiser soit mis à jour ».

Benjamin Davido estime, par ailleurs, qu’il faut à la fois relancer l’appel des plus fragiles à recevoir leur deuxième dose de rappel et entrer dans une logique de vaccination régulière, comme on le fait pour la grippe. L’épidémie ne va pas s’arrêter avec un claquement de doigts ».

« Il ne faut pas lâcher la vaccination, mais c’est ce qu’on fait »

Ce point de vue est partagé par le professeur Yves Buisson, président de la cellule Covid-19 de l’Académie de médecine. Même si le fait que la plus grande partie de la population soit vaccinée et qu’Omicron a infecté plus de la moitié de la population, fait qu’on est globalement protégé contre les formes graves, il ne faut pas laisser tomber la vaccination, or c’est ce qu’on a fait, ​regrette-t-il.

Le virus est chez lui, désormais. Il ne va pas lâcher l’humain. Il va continuer de circuler, tout le temps. Or on s’immunise mal contre lui et on est mal protégé ». ​Face à un risque probable de reprise, à la rentrée, avec le retour du froid, du travail, de l’école, alors qu’on a abandonné toutes les mesures barrières, il faut, ​insiste-t-il, que les personnes vulnérables se protègent ».

Alors que, selon lui, le politique a toujours couru derrière l’épidémie, depuis le début », ​il estime qu’il serait bienvenu​que soit mise en place une politique de vaccination, à l’aide d’un vaccin contre le Covid de deuxième génération, à spectre plus large, qui pourrait, pourquoi pas, être couplé à celui de la grippe ».

Malheureusement, les pouvoirs publics ne parlent plus de vaccination », ​un sujet dont il déplore qu’il n’apparaisse pas dans le débat électoral actuel ».

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