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GIRONDE VIGILANTE
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5 avril 2022

Réchauffement climatique

Huffpost du 4 avril 2022 

Climat: selon le Giec, il faut aspirer le CO2 pour limiter le réchauffement

Jusque là écartée par les experts du climat, la captation du carbone dans l'air apparait maintenant comme l'une des solutions pour limiter nos émissions de CO2.

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CLIMAT - Une onde d’espoir avec ce 3e opus. Après deux premiers volets très alarmants, le dernier volet du 6e cycle d’évaluation du GIEC, dévoilé ce lundi 4 avril, dessine des chemins possibles pour éviter la catastrophe climatique. Mais à la condition d’efforts considérables et inédits.

Des propositions, basées sur de nombreux travaux scientifiques, sont faites pour chaque grand secteur (énergie, transport, industrie, agriculture…) et face à l’urgence et à une réaction bien trop timorée des États face au péril, les solutions technologiques, comme le captage de CO2, ne sont plus écartées.

Les techniques d’élimination de CO2 de l’atmosphère (CDR) étaient jusqu’ici jugées risquées et peu efficaces par la communauté scientifique. Mais les experts du climat semblent avoir changé d’avis. D’abord, car il y a un constat, que l’on connait depuis la précédente partie du 6e rapport du GIEC, dévoilé à l’été 2021: sans captage de CO2, impossible de rester sous les 2°C (d’augmentation de la température mondiale en 2100 par rapport à l’ère pré-industrielle), sans même parler de 1,5°C.

Pour respecter l’Accord de Pairs, il faudra donc compter sur ces technologies, écrivent les experts du climat qui ont calculé pour la première fois l’efficacité des diverses techniques permettant d’éliminer le CO2 de l’atmosphère. Avec une précision importante: cela ne peut être qu’un complément. Des mesures d’atténuation drastiques de nos émissions de gaz à effet de serre sont encore et toujours urgemment nécessaires.

La nature ne peut pas capter seule le CO2

Pour atteindre l’objectif mondial de zéro émission de CO2 net, les puits de carbone naturels, les forêts et les océans essentiellement, ne suffiront pas. Pour rappel, notre grand allié l’océan a absorbé environ un tiers du CO2 généré par les activités humaines depuis le début de la révolution industrielle. 

Même avec l’aide de la nature et même si nous réduisons très fortement nos émissions, resteront des émissions résiduelles. Ce sont par exemple le protoxyde d’azote ou le méthane dans le secteur agricole. “Ces émissions résiduelles doivent être compensées par des émissions négatives obtenues par des techniques de stockage comme la reforestation ou l’agroforesterie”, explique Céline Guivarch, directrice de recherche au Cired (Centre International de Recherche sur l’Environnement et le Développement). 

Le reboisement est la technique la plus connue pour piéger le CO2 atmosphérique. La photosynthèse des arbres utilise l’énergie solaire pour fixer le CO2. D’autres technologies sont plus hasardeuses comme “l’alcalinisation” de l’océan, autrement dit en le rendant plus basique. Concrètement, il faut déverser dans l’océan un anti-acide comme le carbonate, car moins l’océan est acide, plus il ingurgite du CO2. Autre technique qui fait penser à un film de science-fiction: le captage de CO2 de l’air appelé scientifiquement le DACCS, qui n’était même pas évoqué dans le précédent rapport en 2015.

Des technologies efficaces, mais pas sans effets collatéraux

Des entreprises utilisent déjà cette technologie. À Reykjavik en Islande, une usine filtre l’air dans de gros ventilateurs et les molécules de CO2 récupérées. Elles sont ensuite mélangées à de l’eau puis à des roches de basaltes pour finir en pierre, explique le MIT Technology Review. L’usine a pour objectif de capturer 4000 tonnes de CO2 par an, soit l’équivalent de ce qu’émettent 900 voitures sur la même période. Avec un prix élevé pour le moment: entre 550 et 730 euros la tonne de CO2. À terme, des sociétés comme Carbon engineering espèrent réussir à capturer un million de tonnes de CO2 dans une seule usine avec un coût de 100 à 200 euros la tonne.

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L’attention du GIEC sur ces techniques s’est accentuée dans ce rapport avec un tableau détaillé. Celui-ci permet de comparer le potentiel d’aspiration de CO2 atmosphérique, de ses bénéfices, coûts et risques. À la lecture de ces données, le captage de CO2 de l’air et l’alcalinisation semblent les plus efficaces, mais aussi les plus couteuses.

Sans parler des risques, désacidifier l’océan pourrait déstabiliser le PH des océans et détruire la biodiversité marine. Pour le captage dans l’air, le risque, c’est d’utiliser énormément d’eau et d’énergie pour récupérer le CO2. “Parmi les différentes techniques de stockage de carbone, seule la séquestration dans la biomasse dans les sols a été testée. Les autres sont à des stades de recherches embryonnaires”, rappelle Franck Lecocq, directeur du Cired. 

Ces technologies, souvent attirantes par leur efficacité, ne doivent pas faire oublier leurs effets collatéraux énormes sur la biodiversité. Par ailleurs, comme le souligne la chercheuse Céline Guivarch: “Seules des mesures immédiates et ambitieuses  dans tous les secteurs et les échelons sont à même de réduire rapidement les émissions de gaz à effet de serre.” Même si la technologie pourra nous aider à réparer les dégâts, la seule façon de limiter le réchauffement reste de changer radicalement notre modèle de production et de consommation.

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