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11 mars 2022

Hôpital public

Sud-Ouest du 11 mars 2022 

Après le Covid, l’hôpital public cherche à se reconstruire 

Les candidats à l’élection présidentielle redoublent de propositions face aux difficultés du milieu hospitalier. État des lieux après deux années de pandémie

2022 03 11 hôpitalLutter contre la fuite des soignants de l’hôpital public, un enjeu pour la présidentielle. Ici au CHU de Bordeaux en pleine épidémie de Covid-19. STÉPHANE LARTIGUE/« SUD OUEST » 

Dossier réalisé par Isabelle Castéra

i.castera@sudouest.fr 

À l’hôpital public de Périgueux en Dordogne, les visites aux patients sont interdites. « Le Covid a bon dos, rouspète Liliane, coincée sur son lit de douleur. C’est juste que ça leur facilite la tâche. On voit bien qu’ils manquent de temps pour tout, alors si en plus il faut gérer les visiteurs… Je suis hospitalisée depuis quinze jours et je n’ai vu personne. Le téléphone est mon seul lien avec mes enfants. » Mais jeudi matin, bonne nouvelle, l’hôpital a enfin autorisé des visites sous conditions drastiques, au compte-goutte. « Une personne seulement, entre 14 et 17 heures, avec un passe sanitaire complet et pas plus d’une heure par visite », commente-t-on à l’accueil. 

Voilà où nous en sommes, deux ans après le début d’une crise sanitaire sans précédent. En Lot-et-Garonne, Marmande, Nérac se battent pour la permanence d’accès aux soins. En plein Covid, les urgences de la sous-préfecture, saturées, ont été contraintes de fermer, carrément. Un collectif Hôpital Urgences est né, qui a ouvert le débat avec l’Agence régionale de santé, avant de dégainer une solution quasi hors-la-loi pour sauver les meubles. Une maison médicale de garde. Elle a ouvert le week-end dernier dans l’hôpital, sans l’aval de l’ARS, uniquement pensée avec l’association d’usagers, le chef des urgences de l’établissement de Marmande, le docteur Laurent Maillard, et les médecins libéraux du secteur : « La société change, on doit changer avec elle, il faut une relation ville-hôpital de qualité, alors inventons des modèles. À 18 heures, les urgences de Marmande sont fermées, et une régulation s’opère par téléphone qui dirige le patient en fonction de la gravité de son état. » 

« C’est une souffrance » 

Sonia, aide-soignante aux urgences du CHU de Bordeaux depuis cinq ans, a observé cette lente dégradation : « Il y a cinq ans, les patients attendaient quatre heures en moyenne, aujourd’hui c’est plutôt huit heures. Comment gérer ça ? On n’a le temps que de l’essentiel. On ne s’occupe plus des gens, on ne peut pas les rassurer ni les accompagner, on n’a plus le temps pour ça. Nos patients sont placés les uns avec les autres sur des brancards, aucun respect de leur intimité. C’est une souffrance pour nous aussi. On n’a pas choisi ce métier pour vivre cette frustration. » 

Elle dit ne pas voir le bout du tunnel, même si depuis quelques jours, l’épidémie refluant un peu, le rythme effréné se calme. « Le mal est fait », dit-elle. À Bordeaux aussi, un Collectif Urgences a vu le jour cet hiver réunissant des médecins urgentistes, des assistants de régulation médicale du Samu, des infirmiers, des aides-soignants, des brancardiers. « On a été totalement lessivés, avec le sentiment de mettre nos patients en danger », relate Aude Grigoletto, médecin urgentiste. Fin janvier, il a fallu dresser à l’entrée des urgences de l’hôpital Pellegrin de Bordeaux deux tentes réservées à la médecine de catastrophe pour répondre à la situation. 

Pierre Catoire a 30 ans, il est médecin aux urgences de Pellegrin. Selon lui, le Covid n’a été qu’un révélateur : « Avant, on disait déjà que l’hôpital n’avait pas les moyens de gérer une crise. À notre sens, l’hôpital n’a pas tenu. Dans l’est de la France à Paris, il a fallu transférer des dizaines de patients ! Au CHU, on oscille entre 300 et 700 lits fermés selon les périodes. On manque de personnel partout, alors que la démographie de l’agglomération flambe. L’hôpital de 2022 a moins de place que celui de 2008. En trente ans, les gouvernements ont voulu griller l’hôpital public, pour aller vers une santé à l’anglo-saxonne. » 

« Tenir » 

Les arrêts maladies longue durée se multiplient, « plus de 15 % aux urgences du CHU aujourd’hui », signale le médecin, les démissions se sont accumulées pendant la pandémie, des paramédicaux ont préféré rejoindre le privé. Dans les couloirs on parle de burn-out : « Logique, ceux qui restent doivent travailler encore plus. Revenir sur leurs jours de repos. Tenir. » Chloë et Zaïna sont médecins-externes, elles ont traversé la crise sanitaire au CHU, d’un service à l’autre : infectiologie, vaccination, pédiatrie… à un rythme infernal. Pourtant, elles resteront : « L’hôpital public, ça nous fait tous rêver quand on est étudiant : l’excellence de la pratique, les technologies de pointe, la recherche, la solidarité. Après, il y a le réel, les conditions de travail dégradées, la paperasse, le manque de tout, les salaires trop bas. Les conditions de travail merdiques préexistaient à l’épidémie. Pourtant, partir de l’hôpital serait trahir, on ne quitte pas un navire en pleine tempête. On veut y croire et rêver que le changement est possible. »

2022 03 11 SO Un rapport du Sénat sur l'état catastrophique de l'hôpital

2022 03 11 SO Un rapport du Sénat sur l'état catastrophique de l'hôpital2

 

2022 03 11 SO Le CHU de Bordeaux en quête de personnel soignant

2022 03 11 SO Le CHU de Bordeaux en quête de personnel soignant2

2022 03 11 SO Le CHU de Bordeaux en quête de personnel soignant3PNG

2022 03 11 SO L'hôpital public en chiffres

 

2022 03 11 SO 12 candidats au chevet de l'hôpital

Sud-Ouest du 11 mars 2022 

Présidentielle. Santé : quelles sont les propositions des candidats ?

2022 03 11 présidentielle

« Sud Ouest » a décortiqué pour vous le programme des candidats ou prétendants à la candidature à la présidentielle. Voici quelles sont leurs intentions pour la santé et l’hôpital public, après deux années marquées par la pandémie de Covid qui a mis en évidence les carences du secteur

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Valérie Pécresse

- « débureaucratiser » l’hôpital - créer une dotation de « lutte contre la désertification sanitaire » - revalorisation des infirmières et des sages-femmes - recruter 25 000 soignants en cinq ans à l’hôpital public et supprimer une partie du personnel administratif afin de « donner un nouveau souffle à l’hôpital ».

Eric Zemmour

- rétablir l’obligation de garde des médecins - un plan de réinvestissement au profit du système hospitalier - suppression des agences régionales de santé (ARS) - supprimer l’aide médicale de l’État (AME).

Marine Le Pen

- Suspension de la fermeture des lits d’hôpitaux - Suppression des ARS, gestion des Hôpitaux par les Préfets de région - Moins de personnel administratif en hôpital et plus de soignants - diminuer les dépenses d’AME de 75%

Jean Lassalle

- Remplacer les ARS par des DDASS : Directions Départementales des Affaires Sanitaires et Sociales - Recruter 100 000 infirmiers et aides-soignantes. - Ouvrir 20 000 lits avec le personnel soignant afférant

Nicolas Dupont-Aignan

- Mettre fin à la tarification à l'acte - Accorder des primes au personnel hospitalier - Doubler le nombre d’unités de soins palliatifs

Philippe Poutou

- Rouvrir 100 000 lits dans les hôpitaux - Embaucher 200 000 hospitaliers - Rouvrir des hôpitaux de proximité. - Interdire les dépassements d'honoraires ? les franchises et les forfaits hospitaliers.

Jean-Luc Mélenchon

- Reconstruction du service public hospitalier - Lutte contre les déserts médicaux. - Elaboration d’un plan de santé environnementale - Suppression des mutuelles et des autres complémentaires santé

Fabien Roussel

- Supprimer les dépassements d’honoraires - grand plan de développement de l’hôpital public : création de 100 000 emplois,amélioration conditions de travail, suspension des projets de restructuration des hôpitaux en cours, remplacement du financement à l’activité (T2A) - Supprimer les Agences régionales de santé remplacées par des services régionaux démocratiques de l’État .

Yannick Jadot

- Plan d’urgence pour l’hôpital public - Reprendre la dette des hôptiaux - Embaucher 100 000 infirmiers et infirmières - Revaloriser de 10 % les salaires des personnels soignants

Anne Hidalgo

- Un plan Marshall pour sauver l’hôpital public - Créer le statut de « médecins assistants » - Supprimer totalement le numerus clausus - Stopper les fermetures de lits - Lancer un plan de recrutement massif

Nathalie Arthaud

- Embaucher dans les hôpitaux - Assurer la gratuité des soins

Emmanuel Macron

- Une révolution de la Prévention - Lutter contre les inégalités de santé (sociales, démographiques, de territoires) - Réduire la place de la tarification à l’actiivité - Accélérer le déploiement des groupements hospitaliers de territoire

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