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GIRONDE VIGILANTE
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2 mars 2022

Climat

Sud-Ouest du 1er mars 2022 

Face à la férocité du climat, chaque dixième de degré compte 

Hier, les experts du Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) ont publié la deuxième partie de leur nouveau rapport. Décryptage

2022 03 01 climatEn octobre dernier, dans les Alpes suisses, une couverture textile pour éviter la fonte trop rapide du glacier du Rhône. FABRICE COFFRINI/AFP 

Tous les cinq ans environ, les experts du Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) publient un rapport d’évaluation, découpé en trois volumineuses parties. Dans l’intervalle, ils bouclent des rapports spéciaux sur les glaces, sur la désertification, sur les phénomènes extrêmes… 

Depuis plus de trente ans, ils jouent ainsi une partition qui tapisse les anxiétés de l’époque. Les accusations de catastrophisme ont pourtant fait long feu. « Ce qu’on présentait comme des risques il y a dix ou quinze ans correspond à ce que l’on observe aujourd’hui », relève Wolfgang Cramer, directeur de recherches CNRS à l’Institut méditerranéen de biodiversité et d’écologie marine et continentale (CNRS/Université AixMarseille). Il est l’un des 270 auteurs de la somme présentée hier et consacrée aux impacts des dérèglements climatiques. Le second volet du sixième rapport d’évaluation du Giec. 

Conséquences à long terme 

On l’aura deviné avant même de le contempler, le tableau n’est pas rose. Propulsé à +1,1 °C par rapport à l’ère préindustrielle (1850-1900), le réchauffement pèse lourdement sur les sociétés humaines et sur le monde vivant. Parmi les conséquences, il en est qui sont inéluctables. Même si son ampleur est tributaire de notre capacité à réduire les émissions de gaz à effet de serre, la montée du niveau des mers va se poursuivre pendant des siècles. Cette certitude procède de l’inertie de la machine thermique océanique, un monstre qui a le réveil lent. 

Des écosystèmes comme les récifs coralliens sont déjà fortement dégradés par la montée en température des eaux de surface. Le dégel des sols arctiques – le pergélisol, ou permafrost – est lui aussi en route. Il met en péril les villes et les installations bâties sur des sols qui se transforment en marécages. 

Le manque d’eau 

Près de nous, le Maghreb et le Moyen-Orient vont faire face à des menaces existentielles : l’élévation des températures à des niveaux insoutenables pour les organismes, les sécheresses à répétition, le manque d’eau. « Quand la température augmente, l’évaporation aussi. La pénurie ne peut que s’aggraver », souligne Wolfgang Cramer. Jusqu’à trois milliards de personnes vivent dans des régions où l’eau ne serait plus disponible en quantité suffisante dans un monde réchauffé de 2 °C. 

« Des cultures traditionnelles ne seront plus adaptées. Aux latitudes basses, on touchera aux limites », renchérit Delphine Deryng, chercheuse à l’université Humboldt de Berlin, une spécialiste des systèmes agroalimentaires qui figure elle aussi dans la liste des auteurs du rapport. 

Le document pose qu’à partir d’un réchauffement de 1,5 °C (soit 0,4 °C de plus que maintenant), les rendements sur une culture aussi fondamentale que le maïs seront durement touchés dans de nombreuses régions du monde. C’est le paysage de demain. Il est probable que le seuil de 1,5 °C sera franchi à court terme, d’ici 2040. 

L’Europe aussi touchée 

Moins vulnérable que la bande intertropicale, l’Europe ne peut compter sur sa bonne fortune. Outre la montée des eaux, les événements extrêmes vont la frapper de plus en plus fréquemment. L’Allemagne, la Belgique et le Luxembourg en ont fait l’amère et meurtrière expérience lors de crues au mois de juillet dernier. Même si des terres vont devenir cultivables au nord du continent, les rendements agricoles risquent fort de décroître au sud. La bascule s’opérerait autour d’un réchauffement de 2,5 °C. Et la compétition pour l’eau n’arrangerait pas la situation. 

Toute l’Europe du Sud criera sa soif. Un tiers de sa population souffrira de pénurie d’eau dès le seuil des 2 °C atteint. La mortalité causée par les conditions climatiques va aussi prendre de l’épaisseur, un phénomène connu depuis le pic de décès concomitant avec la canicule de l’été 2003. Sur ce sujet comme sur d’autres, chaque dixième de degré compte. Le nombre de morts serait multiplié par deux ou trois si on devait passer de +1,5 °C à +3 °C. 

Pour les chercheurs, le manque d’anticipation de nos sociétés crève les yeux. « Avec la montée des eaux, il va être nécessaire de relocaliser des biens sur le littoral. Le cas emblématique de l’immeuble Le Signal, à Soulac-sur-Mer en Gironde, illustre notre degré d’impréparation. Comment acquérir le foncier ? Comment indemniser ? Nous n’avons pas la réponse à ces questions », déplore Jill Madelenat, chargée d’études au laboratoire d’idées La Fabrique écologique. Selon le Giec, les solutions existent. Elles sont largement fondées sur la bonne santé de la biodiversité et des écosystèmes, nos meilleurs alliés. Que nous détruisons sans relâche.

2022 03 01 SO L'eau sera de plus en plus précieuse dans la région

2022 03 01 SO L'eau sera de plus en plus précieuse dans la région2

2022 03 01 SO L'eau sera de plus en plus précieuse dans la région3

2022 03 01 SO Quand le réchauffement climatique frappe le littoral urbanisé

2022 03 01 SO Quand le réchauffement climatique frappe le littoral urbanisé2

2022 03 01 SO Quand le réchauffement climatique frappe le littoral urbanisé3

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