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15 février 2022

Troubles psychiques chez les enfants et les adolescents

Sud-Ouest du 15 février 2022 

Unis face aux troubles psychiques des enfants 

Le CHU de Bordeaux et l’hôpital psychiatrique Charles-Perrens ont collaboré pour faire face à la hausse de 300 % des troubles psychiques chez les enfants et les adolescents depuis le début de la crise sanitaire

2022 02 15 unisL’équipe de pédopsychiatrie de liaison avec le docteur Brigitte Llanas, chef du pôle pédiatrique du CHU, les docteurs Baptiste Le Grand, Sophie Traissac, et Patrick Ayoun (devant, de gauche à droite), pédopsychiatres à Charles-Perrens. I. C./« SUD OUEST » 

«Voir un enfant de 7 ans en urgences pédiatriques, après une tentative de suicide... », se souvient Sophie Traissac, pédopsychiatre à l’hôpital psy Charles-Perrens de Bordeaux. « Inimaginable ! » 

Pourtant, d’autres ont suivi dès le mois de février 2021. Sophie Traissac et Baptiste Le Grand, tous deux pédopsychiatres de Perrens, sont intégrés à l’équipe pédopsychiatrique de liaison qui rassemble la pédiatrie du CHU à Charles-Perrens. Soit une mise en commun des compétences, une synergie entre la souffrance somatique et psychique. Initiative originale et fort à propos. 

« Nous avions commencé à travailler ensemble juste avant le début de la pandémie, remarque le docteur Brigitte Llanas, patronne du pôle pédiatrie du CHU. À ce moment, il s’agissait surtout de prendre en charge les enfants souffrant de pathologies chroniques qui les fragilisent sur le plan psychique. Et puis, ce phénomène nous est tombé dessus. »

2022 02 15 unis2

 Tous les lits occupés 

Le phénomène, c’est l’arrivée en hospitalisation d’urgence d’enfants en proie à des troubles psychiques paroxystiques : « Anorexie, boulimie, tentatives de suicide ou idées suicidaires, troubles anxieux, scarifications… », décrit Brigitte Llanas. 

« En novembre 2020, quelques mois après le premier déconfinement, on a commencé à voir arriver aux urgences des cas critiques, bien plus que d’habitude, mais l’afflux, la vague a déferlé en février 2021, et là nous avons eu besoin de renforcer l’équipe psy des urgences du CHU », se souvient-elle. 

« Avant, nous recevions 40 enfants par mois présentant des troubles psychiatriques et là jusqu’à 120 par mois. Une épidémie dans l’épidémie. » L’augmentation de plus de 300 % signalée au CHU de Bordeaux a touché toute la France dans des proportions similaires. À ce moment, l’équipe urgences pédiatriques psy du CHU et l’équipe de liaison Charles-Perrens, dirigée par le pédopsychiatre Cédric Galera, se mettent en ordre de marche comme jamais. « Chaque matin, dix nouveaux enfants nous attendaient, relate le docteur Patrick Ayoun, pédopsychiatre à Perrens. Cette collaboration était un souhait convergeant entre le directeur de Charles-Perrens Thierry Biais et celui du CHU, Yann Bubien, mais aucun ne pouvait imaginer que la réalité s’impose avec tant d’urgence. » 

Baptiste Le Grand ajoute : « Tous les lits de pédiatrie au CHU étaient occupés, on plaçait ces enfants en cancérologie, en traumato, partout où il restait de la place, dans tous les services. Nous n’avions jamais vécu une telle situation. » L’afflux de jeunes patients en décompensation psychique vient s’ajouter aux autres pathologies. Au cœur de la pandémie, les urgences pédiatriques craquent dans leurs coutures. « Sans cette convergence des équipes, nous n’y serions pas arrivés », assure Brigitte Llanas. 

Des vulnérabilités 

Des mois après, le déferlement s’est calmé, l’épidémie reflue, le temps de l’analyse est venu. Que s’est-il passé ? « Il y a eu un traumatisme collectif et individuel, note Patrick Ayoun. Ces deux années ont précipité dans le soin des jeunes aux vulnérabilités contenues par le sociétal. En clair, les cadres que sont la scolarité, la vie sportive, les copains leur ont terriblement manqué et ils ont basculé dans la maladie. La preuve que les institutions ne sont pas forcément un décor, mais nécessaires à la santé mentale. » 

La crise sanitaire a démontré, s’il le fallait, l’importance de la relation des jeunes entre eux. « C’est un appui pour puiser une résilience, commente le docteur Le Grand. Il n’y avait plus d’espace pour eux. » Les psychiatres parlent de « lost generation » ou génération perdue. 

« Le virtuel, les réseaux sociaux, le télé-enseignement, toutes ces choses qui ont à peu près fonctionné pour les parents ont été pour eux une source d’angoisse, parce que c’était devenu une injonction sociale qui finalement les a ennuyés », conclut-il.

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