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GIRONDE VIGILANTE
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13 décembre 2021

Implantation d'un dispositif auditif vibratoire

Sud-Ouest du 13 décembre 2021 

« Mi-janvier pour elle, on allume le son… » 

Au CHU de Bordeaux, une jeune fille malentendante vient d’être implantée avec un dispositif auditif vibratoire. Une prouesse

2021 12 13 sourdAu CHU de Bordeaux, le docteur Damien Bonnard, médecin ORL, a posé un implant à une jeune patiente malentendante. STEPHANE LARTIGUE/« SUD OUEST » 

Quelles peuvent être les premières impressions d’une jeune fille qui entend pour la première fois ? Écouter le vent dans les branches, la pluie qui claquette sur les fenêtres, Mozart peut-être, ou alors le rappeur Vegedream, la machine à laver qui ronronne, le gazouillis des oiseaux le matin, ou le « Krrouou » des grues dans le ciel d’hiver… Il faudra attendre mi-janvier, soit la cicatrisation de son implant auditif, pour qu’une jeune fille opérée le 6 décembre à Bordeaux entende définitivement. On imagine bien son impatience, même si elle a déjà eu un avant-goût avec un dispositif provisoire. Souffrant d’une malformation congénitale, elle est née sans oreille et sans conduit auditif. 

2021 12 13 sourd2

«Depuis sa naissance elle était appareillée par un système envahissant, très visible et relativement peu efficace, décrit le docteur Damien Bonnard, chirurgien ORL au CHU de Bordeaux. Elle entendait un peu par un système vibratoire, mais pas assez, donc elle a été scolarisée dans des instituts spécialisés pour sourds toute son enfance. Nous l’avons rencontrée il y a un an, à sa demande, elle cherchait des solutions pour mieux entendre. » Coup de chance, un nouveau dispositif implantable plus performant et plus discret vient de sortir sur le marché, avec toutes les autorisations. Elle veut franchir le pas. 

Prothèse permanente 

Mais avant de poser cette prothèse permanente derrière l’emplacement de son oreille, la jeune fille a dû apprendre à vivre avec la sensation auditive, comme une espèce d’entraînement. « Nous voulions savoir si elle supporterait les bruits, si elle les accepterait, explique le médecin, donc nous lui avons placé un système de prothèse auditif vibratoire extérieur, maintenu par un bandeau. Elle a commencé à découvrir des bruits jusque-là inconnus, et elle a été convaincue. Donc, nous avons pu aller plus loin, jusqu’au système implantable. » 

Opération sans risque 

Qu’a-t-elle découvert ? « La voix de sa mère, les conversations en groupe, la musique… raconte Damien Bonnard. Toutes ces choses auxquelles elle n’avait pas accès, elle a vécu un épanouissement incroyable. Et malgré l’aspect encombrant du système… Un avant et un après. » Depuis quelques mois, des équipes américaines ont commencé à implanter des prothèses, mais en France, c’est le CHU de Bordeaux qui a innové. « Simplement, parce que ce système n’était pas disponible, il a fallu attendre toutes les homologations et autorisations, remarque le docteur Bonnard et nous avons été les premiers. » 

Mais avant l’intervention, il restait un souci de taille. 15 000 euros. Tel est le prix d’un dispositif tellement innovant, qu’il n’est pour l’instant pas pris en charge par la Sécurité sociale. L’équipe du docteur Bonnard, dirigée par leur chef de pôle le professeur Vincent Darrouzet, va défendre le projet, le plaider auprès de la direction du CHU. « On aobtenu une prise en charge par la Commission du médicament et des dispositifs médicaux stériles (Comedims), pour cinq patients entre 2021 et 2022. Tous les signaux étaient au vert, l’opération a eu lieu. » Une incision derrière l’emplacement de l’oreille, un petit fraisage dans l’os du crâne de 4 millimètres où est posé désormais l’implant vibrant qui lui, n’est pas plus gros de 5- 6 cm, soit la taille d’un gros bouton. « L’intervention a été brève, une heure et demi parce que c’était la première, donc chaque geste a été mesuré puisque ça servira d’exemple, commente le docteur Bonnard. Mais c’est une opération assez simple et sans risque. L’implant vibrant est relié à un processeur, pas plus grand qu’un bouton, posé directement sur le cuir chevelu (sous les cheveux) qui tient par aimantation et c’est lui qui envoie l’impulsion électrique vers l’appareil. Les vibrations permettent de stimuler l’oreille interne et d’entendre les sons naturels, comme une personne ordinaire. » Magique. 

Désormais, quatre autres patients pourront bénéficier du dispositif, s’ils répondent à toutes les conditions d’éligibilité. L’intervention sera pratiquée en ambulatoire. « Pas de risque de douleur, ni de vertige, aucun traumatisme post-opératoire », signale le docteur Damien Bonnard. Pour l’instant, la jeune fille opérée est rentrée chez elle, la cicatrisation doit être parfaite avant la mise en route du système qui se fera au CHU, avec les audioprothésistes. « Mi-janvier, pour elle, on allume le son… » C’est le reste de sa vie qui va s’en trouver changer. « Oui, assure le médecin, elle va envisager un métier, peut-être des études… une vie presque normale. »

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