Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
GIRONDE VIGILANTE
Archives
1 novembre 2021

Dépression post-partum

Sud-Ouest du 1er novembre 2021 

« A la naissance de ma fille, j’ai voulu mourir » 

La parole autour du post-partum commence à se libérer. Les mères osent témoigner de leurs difficultés après une naissance. Des premières mesures sont prises pour les aider

2021 11 01 post partumD’après les chiffres officiels, 10 à 20 % des femmes feraient une dépression post-partum. SHUTTERSTOCK

«Je voulais qu’on creuse un trou et qu’on m’enterre dedans. Me lever chaque matin était une véritable épreuve. À la naissance de ma fille, j’ai voulu mourir. » C’était en janvier 2019. La créatrice du blog Masha Sexplique vient d’accoucher. Elle devient mère et découvre le manque de sommeil, les pleurs, le corps meurtri… et un terrible sentiment de solitude : « Je ne m’attendais pas à autant de bouleversements physiques et psychologiques. On ne m’avait rien dit », raconte la jeune femme. 

Sa dépression post-partum sera diagnostiquée et soignée. Mais cette période l’a profondément marquée et quand, en février 2020, une publicité pour des produits post-accouchement est censurée aux États-Unis, elle décide de sortir du silence, « ce silence derrière lequel il y a la détresse de ne pas se sentir comme les autres ». Avec d’autres militantes, elle lance sur les réseaux sociaux #MonPostPartum. « Je suis une femme forte qui a survécu », écrit Masha, dont la BD « Un corps pour deux », dans laquelle elle témoigne de son parcours, est sortie le 26 octobre. Mais combien ne reçoivent pas l’accompagnement dont elles auraient besoin ? 

« Repérer les signes » 

D’après les chiffres officiels, 10 à 20 % des femmes feraient une dépression post-partum. Selon un sondage réalisé en août par OpinionWay, 30 % des mères et 18 % des pères disent avoir connu un épisode dépressif. Par ailleurs, 5 % des mères disent avoir été diagnostiquées par un spécialiste et 78 % des parents n’avaient jamais entendu parler de la dépression post-partum lors des rendez-vous médicaux. 

Depuis ce hashtag, des femmes se sont fait entendre et des premières mesures ont été prises. Vendredi 22 octobre, les députés ont ainsi adopté la mise en place d’un entretien postnatal pour les mères. Présenté en septembre par le secrétaire d’État en charge de l’Enfance et des familles, Adrien Taquet, il sera effectué par un médecin ou une sage-femme et devra être réalisé « entre la quatrième et la huitième semaine suivant l’accouchement ». L’objectif est « de repérer les premiers signes de la dépression post-partum ou les facteurs de risque qui y exposent et d’évaluer les éventuels besoins de la femme ou du conjoint en termes d’accompagnement. » 

« Prise de conscience » 

« On assiste à une prise de conscience », estime Réjane Éreau, autrice de « Post-partum. Paroles de mères : pour en finir avec les tabous ». Pour elle, le rapport de l’Inserm et de Santé publique France, publié en janvier et selon lequel le suicide est devenu la deuxième cause de mortalité maternelle, a aussi permis de tirer la sonnette d’alarme. « Cet entretien est un premier pas, il a le mérite de faire parler, poursuit Réjane Éreau. Quand je suis devenue mère, il y a dix ans, le post-partum était un non sujet. Les choses commencent à bouger. » 

Les témoignages qu’elle a recueillis racontent tous, « comme un secret qu’on peut enfin livrer », la difficulté de cette période. Ce sentiment de ne pas être à la hauteur par rapport à l’image « de la maternité épanouie » véhiculée par la société. « Il y a un manque d’information. Il faudrait préparer le post-partum comme on prépare l’accouchement, dire que l’arrivée d’un enfant est un tsunami qui peut vous pousser dans vos retranchements les plus profonds. » 

« J’ai sombré » 

Élise Marcende a connu cela. Elle n’est pas « une personne à risque » mais pendant sa grossesse son état psychique s’est dégradé sans que personne ne s’en rende compte. « Quand je me suis retrouvée seule avec ce bébé, j’ai fini de sombrer. Je me suis retrouvée aux urgences psychiatriques, je faisais une dépression post-partum sévère. » S’en suivent deux mois d’hospitalisation, des semaines de soin. « J’ai été bien avec ma fille quand elle a eu 1 an », raconte celle qui a eu un autre enfant et est devenue présidente de l’association Maman Blues, dont le but est d’accompagner et soutenir les mères. Pour elle aussi, l’allongement du congé du coparent, les entretiens et le parcours des 1 000 premiers jours, à laquelle l’association collabore, sont « un bon début ». 

Masha, elle, estime qu’il faudrait aller plus vite, plus loin… et mieux. Et d’évoquer la « bébé box » dont la distribution est prévue à partir de 2022 : à l’intérieur, on trouvera, entre autres, une turbulette, un savon neutre… et une crème « pour permettre à la mère de se dire qu’il faut qu’elle prenne soin d’elle », a expliqué Adrien Taquet. « Une honte », dit la blogueuse : « Il faut un vrai congé parental, un suivi psychologique, des livraisons de repas, des heures de ménage… C’est de ça dont les mères ont besoin. Et qu’on les prévienne que non, avoir un enfant, ce n’est pas que du bonheur. »

Publicité
Commentaires
Publicité
Derniers commentaires
GIRONDE VIGILANTE
Publicité