Covid-19
Sud-Ouest du 7 mars 2021
Sud-Ouest du 7 mars 2021
Bordeaux : Des contrôles préventifs sur les quais
Ce week-end, des patrouilles sont mises en place pour faire respecter l’arrêté préfectoral qui interdit la consommation d’alcool dans l’espace public
Ils dégustaient tranquillement leur pizza en sirotant une bière sur les quais de Bordeaux, à deux pas du miroir d’eau, lorsqu’ils ont vu débouler la police municipale, à vélo, ce samedi 6 mars, en début d’après-midi. Ces quatre touristes bretons ont fait partie des premières personnes ciblées par les contrôles renforcés mis en place durant tout le week-end dans l’hypercentre de la ville, les quais et les jardins publics, en vue de faire respecter l’arrêté préfectoral du 4 mars interdisant la consommation d’alcool sur la voie publique, entre 11 heures et 18 heures jusqu’au 18 mars, dans le cadre de la crise sanitaire.
« On ne savait pas, chez nous c’est encore permis », ont réagi les quatre quinquagénaires après avoir été gentiment grondés par les agents. La politique de la Ville de Bordeaux, en effet, se veut avant tout « préventive et pédagogique ». Pas question de verbaliser, sauf si l’interlocuteur « se montre obtus et n’accepte pas les règles » précise un des policiers. « Mais en général, les gens jouent les jeux ».
« Notre objectif est d’éviter l’embrasement de la contamination du Covid-19 et aussi la fermeture des quais sans priver les gens de ce qui fait le sel de la vie », argumente Amine Smihi, adjoint au maire de Bordeaux en charge de la tranquillité publique, de la sécurité et de la médiation. « L’idée, c’est de responsabiliser les habitants. On sait très bien que passé un certain taux d’alcool le respect des gestes barrières devient bien plus difficile. »
Pas d’attroupement
Ce sont les attroupements du week-end précédent qui ont alerté les autorités locales. Trop de monde devant les débits de boissons qui pratiquent la vente à emporter sur le port de la lune. « Je comprends tout à fait cette décision, il faisait très beau et les gens étaient agglutinés sur les trottoirs, les uns sur les autres pour acheter à boire, témoigne Pierre, un Bordelais d’une trentaine d’années. C’est triste, mais c’est logique. En fait, ce sont toujours les excès qui compliquent les choses ».
Une semaine plus tard, sous un ciel voilé et avec des températures moins clémentes, les Bordelais sont nombreux, une fois de plus, à se rassembler sur les quais de Bordeaux, faute de terrasses ouvertes. Et la leçon semble en général bien comprise. Ou presque. Ces trois jeunes infirmiers ont pour le moment échappé à la vigilance des agents. Ils ont chacun en main un grand verre de bière et, sans complexe, ils affirment leur position de frondeurs. « Nous sommes confrontés chaque jour au Covid, mais c’est notre plaisir de sortir, de se retrouver entre amis, autour d’un verre, plaide Baptiste. La rue Sainte-Catherine est noire de monde en ce samedi après-midi, je ne vois pas en quoi notre consommation d’alcool, tout à fait raisonnable, en extérieur, pose problème ».
« Tendance à se relâcher »
« Si les gens ne peuvent pas boire d’alcool dehors, ils le font dans des appartements plus ou moins exigus, plus ou moins ventilés. C’est peutêtre bon pour la com’ de la mairie mais pas pour l’épidémie de Covid ! », lance un autre Bordelais d’une trentaine d’années qui partage un repas à emporter avec trois amis. Ils sont quatre, assis dans l’herbe, et ne cachent pas leurs canettes de bière. « Les gens ont besoin de respirer, de se détendre malgré le Covid, il faut dire que cette situation commence à durer, on a tendance à se relâcher, on en a marre », témoigne à son tour Wesley, qui vit au Chartrons.
Sud-Ouest du 7 mars 2021
A Arcachon, la police stoppe l’apéro sur la plage
Après 18 heures, des gens se promènent sur la plage, certains finissent leur footing et d’autres boivent sur le sable. Mais les motards de la police municipale patrouillent
Au début, le couvre-feu tombait avec la nuit . La pénombre éteignait les lumières sur le bassin d’Arcachon et l’obscurité endormait tout le monde. Mais plus maintenant. Après 18 heures, le jour éclaire encore le Bassin. Rester chez soi est plus difficile. Ce vendredi 5 mars au soir, à Arcachon, Pereire n’est pas désert.
Il est 18 h 27 sur le sable. Près de la route, en haut de la butte, un type est assis tout seul sur un banc rouge. Le vent de nord-est va le refroidir pour les dix jours à venir. Un gars en short court sur le boulevard de l’Océan. Il finit son footing. Enfin, peut-être pas… Il ne transpire pas tant que ça. Quelques voitures passent. De gros nuages gris arrivent du fond des terres et aveuglent le soleil au-dessus du Cap Ferret. Seuls quelques rayons jaunes arrivent encore à percer le coton gris, comme des aiguilles de lumière.
Plus à l’ouest, autour du restaurant Le Soleil, un homme est en short pour promener son petit chien blanc. C’est une drôle d’idée avec ce froid. Il parle anglais avec sa femme et ses deux petites filles. Plus bas, des ados usent leurs genoux sur le skatepark. C’est pourtant l’heure de rentrer. « Allez, une dernière » crie un des mômes. Des gens marchent sur le sable. Au loin, lui n’a pas de montre sur sa planche à voile. Il n’a pas envie de rentrer : dès qu’il approche la plage, il vire et repart vers le large…
Un couple s’assoit sur la plage. Ils viennent d’Auvergne, du Puyen-Velay. Lui coupe en quatre le citron vert. Dans une boîte, une belle bouteille : « Du rhum du Guatemala ! » ça va être chouette là, sur le sable, tous les deux. Mais il fait frais quand même non ? « Ben par rapport à chez nous, franchement, non… » Ils sont à l’hôtel, à 100 mètres. Ils se savent hors des clous. « Mais être là, ça réchauffe le cœur. On paiera l’amende. Je suis vacciné alors qui je vais contaminer ici ? » Tchin. Quatre ados rigolent en haut de la dune qui surplombe le skatepark. Le resto est fermé. Il y a la mer, le ciel gris et orange mais c’est un peu triste quand même. Sur le parking, un homme et une femme discutent. Ils sont venus sur la plage après le boulot. Respirer un peu, c’est tellement important…
Rhum dans la chambre
Il est 18 h 47 et deux motards de la police municipale se pointent sur la promenade. Les skaters giclent. Les quatre jeunes aussi. Le couple près de la voiture démarre vite et s’en va. Reste les deux Auvergnats sur le sable. Eux sont dans la nasse. La discussion s’engage quelques minutes et puis le couple rentre à l’hôtel : le rhum sera tout aussi bon dans la chambre de l’hôtel mais ce ne sera pas tout à fait pareil, c’est vrai.
Les deux motards ne les ont pas verbalisés. « On fait beaucoup de prévention, dit l’un d’eux. On dit les choses. Les gens souffrent de devoir rester chez eux et vous, vous êtes sur la plage. Non ! C’est aussi une question de morale. » Parfois, ils verbalisent : celui qui assure qu’il termine son footing, sauf qu’il est 19 heures, celui qui dit qu’il marche lentement, ceux qui promènent le chien à trois, et sur la plage, etc.