Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
GIRONDE VIGILANTE
Archives
6 octobre 2020

Covid-19

Sud-Ouest du 6 octobre 2020

2020 10 06 SO Covid-19

2020 10 06 SO En bref covid

2020 10 06 SO Comment les restaurateurs ont sauvé leurs établissements de la fermeture

2020 10 06 SO Comment les restaurateurs ont sauvé leurs établissements de la fermeture2

2020 10 06 SO Le télétravail encouragé

 

Sud-Ouest du 6 octobre 2020 

Ils cherchent un remède à la Covid 

COVID Lancé par le CHU de Bordeaux, l’essai clinique qui vise à trouver un traitement précoce contre le virus a repris du poil de la bête et essaimé en France. Les patients se mobilisent

2020 10 06 chuXavier Anglaret, Émeline Collomb, Gwenaelle Chardavoine et Karine Grenier partent en visite. PHOTO THIERRY DAVID/« SUD OUEST » 

Ils ont commencé dans un gymnase, au stade Chaban-Delmas de Bordeaux. Une véritable ruche au mois d’avril, 200 personnes impliquées, des étudiants en médecine à la faculté de Bordeaux main dans la main avec le CHU. Des stocks de matériel médical s’entassaient, des ordinateurs, des dossiers. Ils étaient à fond, dans les starting-blocks. Et ils espéraient que 1000 patients de 65 ans au moins s’inscrivent à Coverage, nom de code du premier essai thérapeutique pour le traitement précoce de la Covid. Ils ont attendu, attendu. L’épidémie a décru. Et ils ont remballé. 

Patience 

«Ce virus est un piégeur, nous le savions, rectifie Xavier Anglaret, médecin interniste, directeur de l’équipe de recherche Inserm(1) sur les maladies infectieuses. Le professeur Denis Malvy, chef du service maladies infectieuses du CHU de Bordeaux a monté cette étude en trois semaines, en pleine première vague. Un tour de force : tous les process ont été bousculés. Plutôt que tout remballer, nous avons conservé le noyau dur du projet dans un bureau avec une poignée de personnes. Nous avons patienté et nous avons eu raison…» 

Pour l’instant, une vingtaine de volontaires, médecins, infirmières, secrétaires, chercheurs, assurent le suivi des patients. Car désormais, patients il y a. «La reprise de l’épidémie nous a permis de réactiver l’étude, note Xavier Anglaret. Des personnes s’inscrivent régulièrement, cela prouve à quel point notre étude était souple, adaptative au regard de ce virus inédit. Nos candidats du printemps étaient tous négatifs, on était content, c’était le signe d’une régression de l’épidémie. Au lieu de tout fermer, on a étendu le projet à toute la France, d’autres sites géographiques nous ont rejoints, dans l’hypothèse d’une seconde vague : Bastia, Nancy, Dijon où des centres opérationnels sont installés, sous l’égide du ministère de la Santé.» 

Émeline Collomb, médecin généraliste est volontaire dans l’équipe. « L’envie de m’investir concrètement, assure-t-elle. Trouver le bon médicament est un challenge!» 

2020 10 06 chu2

Trouver le bon médicament 

À l’origine, quatre «bras» thérapeutiques ont été mis au jour. «Des médicaments homologués, repositionnés à l’investigation dans la nouvelle indication d’une maladie émergente qu’est la Covid-19 », indiquait alors le meneur du projet, le professeur Denis Malvy. En plus, d’un cocktail de vitamines, voilà les médicaments proposés au départ: le telmisartan, le favipiravir, l’imatinib et l’hydroxychloroquine. Très vite, trois seront abandonnés: «Dès que nous obtenons un renseignement fiable sur l’inefficacité d’un médicament, on l’arrête. Et cela s’est produit sur trois d’entre eux l’hydroxychloroquine, le favipiravir et l’imatinib, reprend Xavier Anglaret. Finalement, aucun patient dans l’étude ne les a pris. Et dans la foulée, de nouveaux médicaments ont été positionnés.» 

Pour autant, toute modification, abandon de traitement ou positionnement d’un autre, n’est réalisée sans que toutes les mesures de sécurité soient prises. « Aucun risque pour les candidats patients, assure Xavier Anglaret. D’abord, nous ne faisons que délivrer des médicaments que nous connaissons, dont nous savons les effets délétères. La notion de sécurité est maximale, quitte à abandonner une molécule très prometteuse.» 

Xavier Anglaret et le professeur Malvy ont travaillé ensemble sur l’épidémie Ebola, et sur le terrain ces deux-là ont initié un mode de fonctionnement qu’ils ont dupliqué à Bordeaux, avec Coverage. « On avance pas à pas, les choses s’organisent au fur et à mesure, ce qui est formidable dans ce projet, c’est l’enjeu, certes : le bon médicament. Mais en plus, notre présence quotidienne, au chevet des malades, nous apporte beaucoup de réponses et nous permet d’en apprendre davantage sur ce Sars-Cov2.» 

Avec les médecins libéraux 

Tous les matins, une équipe part du CHU de Bordeaux pour aller au domicile des patients candidats. Ils sont une petite trentaine aujourd’hui, et pour l’instant plutôt situés en Gironde, à bénéficier outre d’un médicament-test, d’un suivi médical très rapproché. Avec Émeline Collomb, médecin généraliste, les infirmières Gwenaëlle Chardavoine, et Karine Grenier sont déjà bien rodées à l’exercice. « On demande à nos patients, d’aérer les pièces avant notre arrivée. Nous sommes masquées, nous portons une combinaison, des gants de protection, charlotte etc. Nous testons (PCR) tous les membres de la famille lors de la première visite, commente Émeline. Il y a prélèvement sanguin, nous faisons beaucoup de pédagogie, on explique quel médicament ils prendront. Nous pratiquons des examens électrocardiogramme, vérifions lors de chaque visite les constantes, fièvre, tension… » Les patients ne sont pas abandonnés à leur sort, ils restent en contact avec l’équipe Coverage. Outre une visite hebdomadaire, ils sont détenteurs d’un numéro de téléphone qui répond 24heures sur 24. La moindre inquiétude, la survenue d’un symptôme ou d’un stress et un médecin leur répond au bout du fil. «On débarque si on sent que c’est nécessaire, remarque Karine Grenier, infirmière. Cette dame qui avait des palpitations, angoissait. Nous ne l’avons pas rassuré à l’aveugle, on est arrivé, elle a bénéficié d’une consultation chez elle, d’un électrocardiogramme, tout était normal. A notre départ, elle était calmée.» 

Coverage s’appuie beaucoup sur le maillon essentiel que représente la médecine de ville. « C’est vrai, remarque Xavier Anglaret, nous nous appuyons sur leur expertise de terrain et même un dispositif de recherche à partir de la médecine générale est en train de voir le jour. Ils sont totalement associés et cela pourrait aussi servir de modèle.» 

(1) Institut national de la santé et de la recherche médicale.

Publicité
Commentaires
Publicité
Derniers commentaires
GIRONDE VIGILANTE
Publicité