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GIRONDE VIGILANTE
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6 juin 2020

Allergie aux pollens

Sud-Ouest du 6 juin 2020 

Pollens : « je n’avais jamais vu ça » 

ALLERGIES La quasi-totalité de la France est en alerte rouge aux pollens et les quelque 15% de Français qui y sont allergiques vivent un enfer. Une situation qui ne devrait pas s’améliorer dans les prochaines années, selon un spécialiste

2020 06 06 pollensLes patients semblent se plaindre de symptômes de plus en plus forts, virulents. PHOTO ARCHIVES QUENTIN SALINIER 

Pour des millions de Français, le début du printemps n’est pas seulement synonyme de beau temps, de douceur des températures et de journées qui rallongent. En cette saison, la renaissance de la nature réserve un cadeau empoisonné à tous ceux qui sont victimes d’allergies aux pollens. 

Fin mai, le Réseau national de surveillance aérobiologique (RNSA) a placé la quasi-totalité de la France en alerte rouge mais dans le Sud-Ouest, celle-ci est en vigueur depuis le 15 mai. Selon le docteur François Bord, spécialiste en allergologie installé à Périgueux, en Dordogne, cette saison 2020 est d’une virulence jamais vue. Entretien. 

«Sud Ouest» Les victimes d’allergies aux pollens sont particulièrement en souffrance cette année. Le phénomène est-il pire que d’habitude. 

François Bord C’est bien pire que les années précédentes. Ça fait 35 ans que je suis installé, je pense que c’est la pire saison que je vis en tant qu’allergologue par rapport aux allergies polliniques. C’est vraiment exceptionnel, je n’avais jamais vu ça auparavant. 

Que vous disent les patients que vous recevez? 

Ils se plaignent de symptômes de plus en plus forts, virulents. Des symptômes qui sont très invalidants. On s’aperçoit aussi que des gens qui n’étaient jamais gênés le sont cette année. On a également des appels de gens qui avaient pris leur traitement antihistaminique en préventif et qui constatent que ces traitements, qui marchaient bien les autres années, ne marchent pas. On a eu de vrais échecs thérapeutiques, on a été obligé d’aller vers une escalade thérapeutique, en augmentant les doses, parfois même en donnant deux antihistaminiques différents dans la journée. Il y a eu une exacerbation très nette par rapport aux années précédentes. 

Comment l’expliquez-vous? 

Ce qui a vraiment dégradé la situation, c’est l’allergie aux pollens de graminées. On a vu ce phénomène à partir de fin avril, début mai, quand il a fait beau, avec du vent. L’explication, c’est d’abord de dire que c’est lié au changement climatique, qui explique qu’on a de plus en plus de pollens en quantité, mais aussi sur de plus en plus de périodes. Ça commence plus tôt et ça finit plus tard. Désormais, on voit par exemple des repousses de graminées en août et en septembre, donc des gens pour qui ça se calme l’été voient que ça récidive en fin d’été et début d’automne. 

Le confinement a-t-il aussi pu jouer un rôle? 

Oui. Selon moi, c’est aussi une explication. Le confinement a fait qu’on a moins entretenu la nature, ce qui fait qu’elle a repris ses droits. Sur les bords des routes, on a vu des graminées partout, avec de grandes herbes qui ont été moins fauchées. Ça peut expliquer cette recrudescence des graminées fourragères, qui viennent de la pelouse, les prés, le bord des routes, les foins, etc. 

Va-t-il falloir s’habituer à ces épisodes d’alerte rouge aux pollens plus forts et plus longs que ce qu’on connaissait? 

Je pense que oui, car le problème du réchauffement climatique ne va pas s’arranger. Aussi, on pourrait avoir une migration des pollens. Il va falloir s’habituer à voir apparaître dans nos régions des pollens du sud. La végétation va changer. On a des espèces qui s’implantent dans le Sud-Ouest alors qu’on ne les avait pas avant, par exemple les cupressus, la pariétaire, l’ambroisie… Il va falloir adapter nos tests, nos traitements, les périodes de pollinisation. 

Le nombre de personnes allergiques va-t-il fatalement augmenter? 

On voit cette année des personnes qui n’avaient jamais été touchées et qui le sont désormais, même faiblement. Quand on dit qu’il y a de plus en plus d’allergiques, c’est vrai. Toutes allergies confondues, on estime qu’on atteint 30 à 35% de la population, dont 15% environ pour les pollens. Des projections disent que dans 50 ou 100 ans, la moitié de la population pourrait être touchée. Quand je me suis installé, on était à 15 à 20% de la population, toutes allergies confondues. On a doublé en trente ans. 

Les masques, qui se sont généralisés contre le Covid-19, sont-ils une protection à conseiller aux allergiques ? 

C’est ce que font déjà, depuis longtemps, les Japonais: ils portaient déjà des masques avant la crise, pour la pollution, mais aussi pour les allergies. Le masque protège, il filtre. Aujourd’hui, je pense qu’on va porter des masques de plus en plus souvent. Pour les gens allergiques qui vont se balader, lorsque la journée est ensoleillée, avec du vent, c’est mieux de porter le masque pour le nez et les bronches. S’ils peuvent y ajouter des lunettes de soleil, une casquette ou un chapeau, c’est encore mieux. Ce sont des protections toutes bêtes mais efficaces, qui évitent le dépôt direct des pollens.

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