Coronavirus
Sud-Ouest du 20 avril 2020
Sud-Ouest du 20 avril 2020
«Nous allons devoir vivre avec le virus»
DÉCONFINEMENT À partir du 11 mai, la priorité sera d’éviter toute reprise de l’épidémie. Voilà pourquoi les gestes barrières rythmeront toute l’horlogerie de notre vie d’après
Gestes barrières, distance sociale : après le 11 mai, ces mesures de prévention resteront de mise dans les commerces. PHOTO AFP
Après avoir écouté, hier soir, Édouard Philippe dévoiler les grandes lignes du déconfinement, qui devrait débuter le 11 mai, un constat s’impose : le retour à la normale n’est pas pour demain. Et encore moins pour après-demain. Qui en doutait ? C’est une certitude, cet après conservera un arrière-goût prononcé de ce confinement qui régit nos vies depuis le 17 mars. Certes, nous n’aurons plus besoin d’une attestation pour sortir, pour nous déplacer, pour nous retrouver. Mais, dans les faits, et encore pour de nombreux mois, plus rien, en réalité, ne sera comme avant. Car, si la décrue de l’épidémie se confirme, si nous continuons de «marquer des points», le coronavirus est encore loin d’avoir disparu. Et la menace d’un rebond toujours devant nous.
Voilà pourquoi ce déconfinement aura d’abord comme priorité de continuer coûte que coûte à ralentir la circulation du virus. Et ce pour deux raisons simples, comme l’a rappelé le Premier ministre : si, après quatre mois de travaux et d’essais, la recherche connaît beaucoup mieux ce virus, il n’y a, à ce jour, «pas de traitement» et «pas de vaccin».
«Pas immunisée»
Selon le chef du gouvernement, il ne faut d’ailleurs rien attendre avant... 2021 minimum. Sachant, et cela a été rappelé hier soir, que les chercheurs ignorent toujours si une personne infectée est ensuite immunisée. Une incertitude qui complique d’autant la mise au point d’un vaccin. Et que les pouvoirs publics n’ont d’autres choix que d’intégrer. Édouard Philippe a été clair : « Nous allons devoir apprendre à vivre avec le virus. La population n’est pas immunisée. Entre 2 et 6 millions de Français auraient été en contact.»
En conséquence, le déconfinement, dans toutes ses composantes et toute sa complexité, s’articulera d’abord autour des nouvelles règles de vie et d’hygiène que nous appliquons depuis déjà cinq semaines. À commencer par le respect des mesures barrières. À partir du 11 mai, celles-ci non seulement n’auront pas disparu du paysage, mais elles fonderont toujours l’horlogerie de notre vie sociale. Il ne sera donc pas question de se serrer à nouveau la main ou de s’embrasser.
«Les gestes barrières sont essentiels, a insisté le Premier ministre. Ne pas les respecter, les prendre avec plus de décontraction, c’est littéralement nous exposer à une reprise de l’épidémie. Nous allons devoir vivre avec.»
Se laver les mains
Comme l’a rappelé Olivier Véran, le ministre de la Santé, il faudra donc continuer à se laver les mains régulièrement, à éternuer et tousser dans son coude. « C’est intangible », a-t-il souligné. Toutefois, si l’usage d’un masque ne nous dispensera en aucun cas d’appliquer ces consignes, ce dernier va, lui aussi, s’imposer dans notre quotidien. À commencer dans les transports en commun où il y a de grandes chances qu’il devienne obligatoire (lire ci-dessous).
Dit autrement, et le propos d’Édouard Philippe ne comportait aucune ambiguïté, la distanciation sociale restera plus que jamais la norme. Partout. À l’école, les élèves pourraient ainsi expérimenter les demi-classes (lire cidessous). Dans les entreprises, où le télétravail a pu être mis en place, il ne s’arrêtera pas. Dans les commerces, les files d’attente devront s’organiser.
Les cafés resteront fermés En revanche, les hôtels, les restaurants et les cafés, eux, ne seront pas autorisés à rouvrir à compter du 11 mai. Alors que dans leur domaine, l’activité a chuté de 90% , le Premier ministre n’a, hier soir, fait aucune annonce en direction de ces professionnels. Pour eux, l’avenir immédiat reste toujours aussi sombre.
Mais, comme l’a rappelé Édouard Philippe : «L’objectif, c’est de faire en sorte qu’à partir du 11 mai, le nombre de nouveaux malades reste limité.» Toute la difficulté est là : concilier cet impératif sanitaire, qui vise à diminuer la pression sur le système de santé, avec la reprise du travail. Et ce alors qu’une crise économique sans équivalent depuis 1945 fonce droit sur nous.