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GIRONDE VIGILANTE
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24 mars 2020

Coronavirus

Sud-Ouest du 24 mars 2020 

Confinement : un tour de vis supplémentaire 

MESURES SANITAIRES Édouard Philippe a signé, hier soir, un décret durcissant dès ce matin certaines conditions de sortie des Français et l’ouverture des marchés alimentaires

2020 03 24 Confinement 2

Certains marchés ouverts pourraient être interdits. PHOTO MAXPPP 

A lors que le coronavirus provoque psychose et sueurs froides, on ne peut pas dire qu’il y ait un suspense hitchcockien à propos de l’avis (consultatif) du Conseil scientifique que préside le professeur Jean-François Delfraissy. Attendu hier, c’est finalement aujourd’hui que va être publié cet avis d’experts sur lesquels s’appuie l’exécutif pour prendre ces décisions, pas toujours reçues dans l’unanimité, comme pour l’organisation du premier tour des municipales, le 15mars dernier. 

Le suspense est d’autant moins angoissant qu’Édouard Philippe, invité hier soir du 20 heures de TF1 (depuis Matignon) en a dévoilé les grandes lignes. Sans surprise, et compte tenu d’un état sanitaire qui ne cesse de se dégrader dans le pays, comme le rappelle chaque soir Jérôme Salomon, le directeur général de la Santé (lire ci-dessous), le confinement, entré en vigueur le 17mars à midi, devrait être prolongé quinze jours minimum. 

Dans un rayon d’un kilomètre 

«Beaucoup de Français aimeraient retrouver le temps d’avant mais il n’est pas pour demain, a annoncé le Premier ministre. Le confinement peut durer encore quelques semaines et la majorité des Français le respectent. » Hier soir, Édouard Philippe a par ailleurs signé un décret visant à durcir l’application de ce confinement. Concernant d’abord l’autorisation «de se dégourdir les jambes », selon son expression. L’autorisation de sortir de chez soi pour pratiquer de l’exercice physique ou sortir ses enfants sera limitée à un rayon d’un kilomètre autour de son logement et pour une heure seulement, une fois par jour. D’où la nécessité d’inscrire sur son attestation l’heure à laquelle on a quitté son domicile, sous peine d’être verbalisé plus fortement. 

Cette mise au point obéit à l’avis du Conseil d’État rendu dimanche soir. La plus haute juridiction administrative (corps d’origine d’Édouard Philippe) a certes rejeté le confinement total réclamé par un syndicat de médecins mais il a reconnu que le gouvernement était encore trop ambigu dans certaines des permissions accordées sur son attestation. Et il lui a laissé 48heures pour rectifier le tir. Ce qui est donc fait à compter de ce matin. 

Dérogation sur les marchés 

L’autre observation du Conseil d’État portait sur les marchés alimentaires. Hier soir, Édouard Philippe a annoncé l’interdiction de tous les marchés ouverts. Mais avec une dérogation. Ce sera aux préfets d’examiner avec les maires « qui sont les mieux placés sur le terrain» d’étudier au cas par cas. «Un marché est souvent le seul moyen de s’approvisionner, rappelle le Premier ministre. Il faut que les gens mangent et il faut penser aux agriculteurs qui en vivent.» Édouard Philippe a enfin précisé que les sorties pour raisons médicales seraient elles aussi restreintes. Il a cité en exemple un patient qui a besoin d’une dialyse et ne peut donc pas en être privé. 

Renforcé par l’avis du Conseil d’État, l’exécutif ne mettra donc pas en place un confinement total de la population. Emmanuel Macron avait d’ailleurs vendu la mèche en recevant, hier, les représentants des cultes auxquels il a indiqué que les fêtes religieuses à venir se célébreraient sans les fidèles. Le chef de l’État a profité de ce rendez-vous pour ironiser sur «ceux qui avaient prévu la crise une fois qu’elle a eu lieu» tandis que la porte-parole du gouvernement, Sibeth N’Diaye, a assuré de son côté que «le gouvernement ne craignait pas de devoir rendre des comptes» sur sa gestion de la crise lorsque celle-ci sera derrière nous. 

Pas de couvre-feu national 

Ni confinement total ni couvre-feu national, pourtant réclamé par des élus de droite et d’extrême droite dont Marine Le Pen. Là encore, fidèle au «en même temps» macronien, Édouard Philippe n’a pas voulu imposer une telle mesure mais, comme pour les marchés, laisse aux préfets le soin d’examiner les situations au cas par cas avec les maires. Le Premier ministre n’a cependant pas exclu d’y recourir «dans certaines parties du territoire s’il le fallait». 

En Gironde, la préfète Fabienne Buccio a décidé de fermer tous les commerces (du moins ceux qui fonctionnent encore, essentiellement alimentaires) entre 21heures et 5 heures du matin. Elle ne sera certainement pas la seule à prendre un tel arrêté

Sud-Ouest du 24 mars 2020 

La France encaisse (mal) 186 morts de plus 

BILAN C’est le plus mauvais chiffre journalier jamais donné par les autorités depuis le début de la crise. Il est le fruit de la dynamique épidémique

2020 03 24 La France

C’est un exercice un rien pénible que de suivre, soir après soir, le bilan chiffré délivré par les autorités françaises. Le rituel est maintenant bien établi. Entre 19 heures et 19 h 30, Olivier Véran, le ministre de la Santé, ou Jérôme Salomon, son directeur général, psalmodient les mauvaises nouvelles. On ne sait depuis combien de temps ces deux-là n’ont pas esquissé un sourire. 

Hier soir, le ministre ne s’est pas fendu d’un message susceptible de restaurer la tonicité de ses zygomatiques. La France a enregistré 186 décès supplémentaires en 24heures pour se lester d’un total de 860 morts (en milieu hospitalier), soit un bond supérieur à 25%. La pente des hospitalisations n’est pas plus réjouissante. Il y a plus de 2 000 patients en réanimation, soit une hausse de près de 20 %. À ce rythme, les capacités des services hospitaliers spécialisés vont clairement vers la saturation dans les régions les plus touchées. 

Ces annonces ont pris un tour encore plus solennel que d’habitude. Deux médecins de ville sont décédés des suites du Covid-19 dans l’est de la France. L’un était gynécologue. Il était âgé de 68ans et exerçait en Haute-Saône. L’autre avait 70 ans et était généraliste dans le Haut-Rhin. Ces deux drames illustrent le tribut que la maladie réclame ces jours-ci à la région Grand Est. Celle-ci espère desserrer un peu l’étau grâce à l’ouverture, programmée aujourd’hui, de l’hôpital militaire mobile monté à Mulhouse. Des malades en réanimation, mais en état stable, y seront transférés. 

Le cap des 100 000 ? 

Le nombre de cas dépistés et confirmés perd de sa pertinence à mesure que les jours passent. Il reflète l’aspect le plus préoccupant du Covid-19 puisque seules les personnes sérieusement malades – et les soignants – sont soumis à un test. Il y avait ainsi près de 20 000 cas avérés hier soir. Nombre de gens développent des symptômes bénins, voire pas de symptôme du tout, ce qui les fait passer sous les radars. Combien sont-ils ? Samedi dernier, Olivier Véran situait le seuil haut à 90 000 contaminés. Les données épidémiologiques laissent à penser que le cap des 100 000 cas a été ou sera très vite franchi sur le territoire national. 

Il est symbolique. Le plus important, le plus grave, c’est le brusque mouvement de vortex dans lequel la France est emportée. Elle n’échappe pas à la règle d’une pandémie « qui s’accélère » selon les termes de Tedros Adhanom Ghebreyesus, le directeur général de l’OMS, l’Organisation mondiale de la santé. 

Si le vaccin reste une perspective lointaine, nombre de traitements sont expérimentés pour soulager les malades et ralentir l’hécatombe. Olivier Véran a tranché pour la chloroquine, la molécule sur laquelle tout le monde ou presque s’autorise un avis. Elle pourra être utilisée dans le strict cadre hospitalier, et uniquement pour les cas graves (lire en page 5). 

Cinq morts dans la région 

La Nouvelle-Aquitaine reste encore à l’écart de la flambée qui sévit au nord de la Seine et sur la frange orientale de l’Hexagone. Les autorités de santé y ont mis en place un nouveau dispositif pour l’anticiper. 2 800 médecins généralistes ont été mobilisés pour recevoir des malades qui n’ont pas de médecin traitant ou qui ne peuvent s’y rendre, faute de consultation disponible. Le 15 les orientera vers ces praticiens. 

Hier soir, l’Agence régionale de santé (ARS) faisait état de cinq décès supplémentaires en 24heures, soit 13 morts au total depuis le début de la crise. Encore une fois, ce macabre décompte repose sur les seules remontées hospitalières. Le nombre exact des personnes qui décèdent à domicile et dans les Ehpad du fait du coronavirus n’est pas connu. C’est plus tard, en comparant les courbes de la mortalité moyenne et de la mortalité 2020 à cette période de l’année qu’on pourra discerner une photographie plus nette des dégâts. 

On compte 149 personnes hospitalisées en Nouvelle-Aquitaine, dont 41 en réanimation. On y dénombre 65 nouveaux cas confirmés, soit un total de 656. L’ARS ne délivre plus de bilan quotidien département par département. À l’avenir, elle s’y livrera une fois par semaine, le vendredi.

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2020 03 24 SO Un guide des bonnes pratiques

2020 03 24 SO Services publics

2020 03 24 SO Comment l'exécutif se retrouve-t-il sans protection à propos des masques

2020 03 24 SO Priorité au soignants

2020 03 24 SO Priorité aux soignants 2

2020 03 24 SO A l'hôpital du Sud-Gironde la ligne de front approche

2020 03 24 SO A l'hôpital du Sud-Gironde la ligne de front approche2

2020 03 24 SO Lège-Cap-Ferret instaure un couvre-feuSud-Ouest du 24 mars 2020 

Chloroquine sous surveillance 

TRAITEMENTS L’antipaludique, qui fait débat, sera réservé aux formes graves et sous surveillance médicale stricte, a annoncé le ministre, hier. Le point

2020 03 24 chloroquine

Il est arrivé aux urgences de l’hôpital Saint-André de Bordeaux (CHU) dans la nuit de dimanche. Henri(1), 75 ans, de Bordeaux a été testé positif au Covid-19. «Depuis trois jours, j’avais une petite toux et la goutte au nez. Puis samedi de la fièvre, un peu, à midi un peu plus et le soir encore plus. La toux plus pénible. On a appelé SOS Médecins, samedi soir.» 

Henri s’en doutait. «Je n’avais pris aucun risque, mais la semaine avant nous étions au ski, et je suis monté plusieurs fois dans les télécabines. Entassés.» À son retour, il s’est confiné. Juste acheter le pain à la supérette à côté. Hier matin, Henri a commencé un traitement pour venir à bout du Coronavirus : Hydroxychloroquine, Azithromycine et Lopinavir/Ritonavir. Une association de plusieurs molécules, dont la fameuse chloroquine « en version allégée, avec moins d’effets secondaires », signale Henri. Il a confiance, regarde la télé, même si «ça rabâche un peu toujours le même truc » et attend d’aller mieux. 

Pas encore homologué 

De fait, le traitement dispensé n’est pas encore homologué par les autorités sanitaires. Il correspond au choix thérapeutique de l’équipe médicale au regard de la littérature scientifique. Et surtout à la situation urgente, un choix «humanitaire ». Hier après-midi, le CHU de Bordeaux, pour homogénéiser ses recommandations thérapeutiques, a tenu une réunion « extraordinaire» de la Commission des AntiInfectieux (COMAI) présidée par le Pr Charles Cazanave, en présence de la plupart des intervenants en service de médecine et de réanimation, sur les sites de Pellegrin, SaintAndré et Haut-Lévêque. À l’issue de ce consortium, une option thérapeutique pour soigner les patients atteints par le Covid-19 et hospitalisés au CHU, a été décidée. Henri a anticipé. 

Chloroquine et pas seulement 

Henri, et d’autres patients comme lui. Puisque les premiers résultats de l’étude clinique lancée par l’Inserm ce week-end, et appelée Discovery, ne rendront pas leurs premières conclusions avant quinze jours. Du jamais vu en termes de rapidité. Ce projet européen qui inclut donc la France avec une cohorte de 800 patients recrutés dans les CHU, mais aussi la Belgique, la Hollande, l’Espagne, l’Allemagne qui réuniront en tout 3 200 malades, a commencé ses essais randomisés (comparatifs). 

Hier, Florence Ader, infectiologue dans le service des maladies infectieuses à l’hôpital de la Croix-Rousse au CHU de Lyon et chercheuse au Centre international de recherche en infectiologie de Lyon, a signalé que les malades étaient déjà en cours de «recrutement» dans les services d’hospitalisation et de réanimation. «Notre essai Discovery est réalisé en temps réel, il va évoluer en fonction de ce que les résultats montreront. Parfois, nous laisserons tomber une molécule décevante, au profit d’une autre.» Cinq traitements ont été élaborés, des «cocktails» de molécules déjà connues, comme le remdesivir, antiviral très prometteur utilisé pour traiter l’épidémie d’Ebola, mais aussi la fameuse chloroquine, soi-disant «miraculeuse ». 

« Nous l’avons rajoutée à notre étude, dans sa version moins toxique, à savoir l’hydroxychloroquine, remarque Florence Ader. Et ceci, à la demande de l’Organisation mondiale de la santé et de l’État. Pourquoi ? Ce choix s’appuie sur une étude scientifique venue de Chine qui apporte des arguments robustes en faveur de cette molécule.» Façon élégante d’écarter l’étude menée à l’hôpital de la Timone de Marseille, par l’étonnant professeur Raoult sur une vingtaine de patients. Les scientifiques de l’Inserm tiennent volontairement des propos sobres, détachés du contexte d’emballement médiatique, autour de cette molécule pourtant prometteuse. «Cette solution (chloroquine) sera évaluée au même titre que les autres, car nous sommes dans un essai pragmatique», reprend Florence Ader. 

«Après, tout ira très vite» 

Les premiers résultats de l’étude Discovery devraient tomber d’ici quinze jours. « Nous pourrons alors, sur la base des résultats positifs de l’une des cinq options thérapeutiques évaluées, arrêter un schéma thérapeutique qui sera validé par une autorisation de mise sur le marché. Mais tout ira très vite, car nous sommes dans une urgence humanitaire, puisqu’il n’existe pas de médicament à proprement parler.» Et comme il faut aller encore plus vite, les médecins hospitaliers prescrivent déjà ces schémas thérapeutiques encore à l’étude… En tenant compte des effets délétères et de la balance bénéfice-risque. 

Hier soir, le ministre de la santé Olivier Véran a d’ailleurs spécifié qu’en dehors du cadre hospitalier, aucune prescription d’hydroxychloroquine n’était autorisée, décision prise après avis rendu du Haut Conseil de la santé publique.

(1) Prénom modifié.

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