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GIRONDE VIGILANTE
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9 mars 2020

Une plus-value dans la lutte contre les feux de forêt

Sud-Ouest du 6 mars 2020 

Vidéo. Gironde : un hélicoptère pour aider les pompiers à lutter contre les feux de forêt

hélicoL’hélicoptère a été mis à disposition le 2 mars, début de la campagne « feux de forêt ». © Crédit photo : PHOTO JEAN-MAURICE CHACUN 

Tous les ans, les pompiers lancent un appel d’offres pour se payer les services d’un hélicoptère d’investigation. Il est opérationnel depuis le 2 mars 

Son jaune « smiley » tranche avec le gris du ciel. Les autocollants « Sapeurs pompiers » et « C33 » (1), s’étalent en lettres rouges du nez aux flancs de l’appareil, posé sur le tarmac de l’aéroport de Bordeaux-Mérignac. Comme tous les ans, le service départemental d’incendie et de secours de la Gironde, Sdis 33, loue un hélicoptère dit d’investigation avec son pilote dans le cadre de la lutte contre les feux de forêt. 

L’Écureuil B 2 relooké pour l’occasion est opérationnel depuis le 2 mars et est à disposition des pompiers durant deux périodes de 64 jours : jusqu’au 4 mai dans un premier temps et du 6 juillet au 7 septembre ensuite. Des journées supplémentaires sont parfois nécessaires.

Appui aérien indispensable 

Une dépense, certes encadrée par un appel d’offres passé par le Conseil départemental, qui demeure importante au regard des difficultés du Sdis 33 à boucler son budget annuel. « Mais pas superflue », défend le capitaine Matthieu Jomain. « Cet appui aérien est devenu indispensable. C’est une vraie plus-value dans la lutte contre les feux de forêt », poursuit l’officier communication du Sdis. 

« Notamment en raison de l’étendue du département de la Gironde sur lequel l’emprise forestière est conséquente. Cinq de nos sept groupements abritent une partie du massif. Cela signifie un enjeu environnemental et économique important. »

hélico 1© Crédit photo : PHOTO JEAN-MAURICE CHACUN 

« Historiquement, nous n’avions pas de moyens aériens », se souvient le commandant Yvan Dupuy. Il était chef du service opération en charge de la préparation de la campagne « feux de forêt » quand la mise à disposition d’un hélicoptère s’est imposée. « En période estivale, Dragon 33 était occupé à d’autres missions, notamment de secours, alors nous avons embarqué dans des hélicoptères bombardiers d’eau. Mais cela s’est vite révélé onéreux et moins pertinent puisque nous avions naturellement glissé vers des fonctions de reconnaissance et d’investigation. » 

« L’avoir à l’année ou en être propriétaire au sein d’une flotte d’appareils serait trop coûteux et ne correspondrait pas à notre réalité sur le terrain », argumente le capitaine Matthieu Jomain. D’où son utilisation uniquement pendant la saison des feux de forêt. Plus cher mais aussi plus rapide pour se projeter sur une zone de sinistre et plus réactif qu’un drone, l’hélicoptère est désormais plébiscité.

hélico 2© Crédit photo : PHOTO JEAN-MAURICE CHACUN 

Ni bombardier d’eau, ni équipé pour le secours à personnes, Charlie 33 est donc fin prêt pour remplir ses missions : l’observation aérienne, le renseignement et la coordination des moyens aériens nationaux que sont les bombardiers d’eau et des moyens au sol. Cette année, emboîtant le pas au Sdis 34 (Hérault) dont ils attendent les retours d’expérience, les pompiers girondins vont installer un dispositif de capture et de transmission d’images. 

« L’officier aéro embarqué va identifier une fumée suspecte. S’il s’agit d’un feu, il va le dimensionner, calculer sa vitesse et sa direction de propagation, définir les enjeux à défendre (habitations, exploitations) et donc adapter notre posture opérationnelle », décrit l’officier communication. Il faut comprendre être efficace, ne pas envoyer prématurément trop de moyens. 

« Car pendant un feu, la vie des casernes continue », rappelle Matthieu Jomain. « Il faut toujours aller secourir des personnes accidentées ou faire du sauvetage animalier… » Les priorités sont inscrites dans les principes généraux de lutte contre les feux. « Priorité au feu naissant », sait par cœur le commandant Yvan Dupuy, parce qu’il se maîtrise plus facilement à son origine que lorsqu’il est entamé et parce que sa maîtrise est moins consommatrice de moyens (en volume et en temps) que la lutte contre un feu établi et que les risques encourus sont moindres. « Et s’il y a plusieurs gros feux, c’est justement la reconnaissance aérienne qui va permettre d’engager les bons moyens au bon endroit. » 

  1. Charlie est l’indicatif radio des hélicoptères évoluant pour les sapeurs-pompiers. La lettre « C » est suivie du numéro du département qui en dispose.

    hélico 3© Crédit photo : PHOTO JEAN-MAURICE CHACUN

Repères 

264 000 C’est, en euros, le montant du marché remporté par HBE R + O pour la location d’un appareil et de son équipage pour deux périodes de 64 jours. Sans compter des jours supplémentaires.

230 C’est, en km/h, la vitesse de croisière minimale.

51 C’est le nombre de missions effectuées en 2019. Dont 42 feux de forêt et cinq reconnaissance de fumée.

143 C’est, en nombre d’heures, le record de l’utilisation de l’hélicoptère dans le cadre de la lutte contre les feux de forêt. C’était en 2015 et 90 h 37 concernent le feu de forêt de Saint-Jean-d’Illac.

C’est le nombre d’officiers, dits « aéro » qui se relaient pendant la location.

20 C’est, en minutes, le délai de décollage maximum en risque faible à modéré à réception de l’appel. En niveau sévère à exceptionnel, l’officier « aéro » étant présent à Mérignac, le décollage est immédiat.

LE NIVEAU DE RISQUE 

Le niveau de mobilisation des services de secours est forcément proportionnel au risque d’incendie, défini quotidiennement. Il y en a six. Faible. Léger. Modéré. Sévère. Très sévère. Exceptionnel. Il n’y a pas de disposition particulière au niveau faible. Quand il est léger, la garde aux tours de guet est assurée. À partir du risque modéré, le redéploiement des moyens de lutte est proposé au sein des groupements. Le niveau sévère entraîne une surveillance accrue du territoire et une montée en puissance du dispositif de lutte. Le renforcement des moyens se poursuit en risque très sévère et exceptionnel où un rappel des sapeurs-pompiers professionnels de repos ou un appel aux extra départementaux est prévu. Défini la veille en fonction des remontées de terrain (hydrométrie, vent, température, activité des feux précédents…) par l’officier « risque naturel », il est déterminant. 

Les yeux et les oreilles de ceux restés au sol 

Passé par l’aéronautique, Patrick Lemoine, pilote chez HBE R + O, réalise « un rêve de petit garçon ». Avec, en plus, le sentiment d’être utile dans la lutte contre les incendies. « C’est une mission gratifiante », résume-t-il. Le capitaine Vincent Eyquem, officier « aéro » d’astreinte cette semaine-là se décrit comme « pompier d’abord, officier ensuite ». 

« La fumée dès qu’on s’élève » 

Chef de centre, il a été soumis, à Soulac comme à Andernos, aux feux de forêt, luttant avec les moyens au sol. Dans le cadre d’une nouvelle affectation, il est parti à Gardanne (13), pour se former à l’École d’application de la sécurité civile (ECASC) aux spécificités de l’investigation aérienne. La location de l’hélicoptère par les pompiers comprend celle du pilote. Avec un délai d’engagement et de décollage qui est fonction du niveau de risque. « C’est un travail d’équipe », décrit le capitaine Eyquem. En liaison radio permanente avec le Centre opérationnel départemental d’incendie et de secours (Codis) et son officier « risques naturels », ainsi qu’avec le commandant des opérations de secours (COS), il échange également beaucoup avec Patrick Lemoine. 

Ils sont les yeux et les oreilles de ceux restés au sol. « On voit la fumée dès qu’on s’élève », explique Vincent Eyquem. La mission démarre sur « un tour un peu large pour analyser la zone d’intervention ». Il leur faut noter la présence d’habitations, de routes ou de pistes forestières, la virulence et l’axe de propagation des flammes, une saute de feu, etc. « Du ciel, on comprend tous les enjeux », expose le capitaine. « Une carte ne suffit pas à prendre la mesure d’un incendie. La composante humaine est importante. » La plupart du temps, le COS est embarqué pour un survol de la zone du sinistre. « Cela lui donne une photographie aérienne. »

hélico 4© Crédit photo : PHOTO JEAN-MAURICE CHACUN 

L’officier « aéro » a aussi un rôle d’arbitrage pour guider le Codis dans ses choix d’engagement de matériel. Il peut faire du « largage monitoré », guidant ainsi les bombardiers d’eau engagés sur une zone définie par le COS. 

Le Sdis 33 a donc besoin d’un appareil avitaillé pouvant réaliser des vols de près de 3 heures et d’un pilote chevronné, habilité Sécurité civile, qui ait l’autorisation pour des vols rasants, qui puisse tenir des vols stationnaires, notamment pendant les phases de guidage des bombardiers d’eau mais aussi qui puisse atterrir et embarquer des pompiers ou des autorités sur des terrains accidentés, non aménagés ou à proximité d’obstacles. « Parfois, l’hélicoptère d’investigation passe d’une fumée à une autre, dans la même journée », ajoute le capitaine. Rien de tel que la prise d’un peu de hauteur pour détecter un départ de feu qui couvait dans les herbes sans lever de fumée ou pour distinguer, au loin, un panache de fumée d’un… nuage de pollen, de poussière de champ ou de carrière.

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