Sud-Gironde

Sud-Ouest du 10 décembre 2019 

Le centre hospitalier attend une prescription 

SANTÉ Installée en janvier, la nouvelle direction planche sur la réorganisation des services et sur l’offre de soins

Quel projet et quelle stratégie pour l’hôpital public du territoire? Depuis janvier dernier, la direction du centre hospitalier du Sud Gironde (Langon-La Réole) ainsi que la direction commune du groupement hospitalier qui compte quatre autres établissements (Cadillac, Bazas, Podensac et Monségur) ont été confiées à Patrick Faugerolas avec pour mission de construire «un projet médico-soignant de territoire» pour la période 2020-2025. 

Un audit sur la situation du centre hospitalier du Sud-Gironde a été restitué au mois de juillet par le cabinet Adopale. Il y a un an, 17 médecins avaient démissionné des instances représentatives pour s’opposer aux réorganisations de services en cours à l’époque. Depuis que la nouvelle direction est en place, ils siègent à nouveau et participent à l’élaboration du projet. 

Pour autant, le malaise qui touche l’hôpital en France n’épargne pas le personnel du Sud-Gironde. Plusieurs grèves ont émaillé l’année, de l’Éphad de La Réole aux urgences de Langon en passant par Cadillac (lire ci-contre), laissant apparaître un certain épuisement moral. 

Le conseil de surveillance, qui doit se réunir ce mercredi 18 décembre, devrait être l’occasion d’une première présentation des orientations stratégiques pour l’établissement ainsi que les modalités de leur mise en œuvre. 

En attendant, très peu d’informations filtrent sur la forme et le fond du projet. La direction n’ayant pas souhaité répondre à nos différentes sollicitations. «On apprend les choses comme ça, il n’y a jamais rien d’officiel, ce sont des rumeurs de réorganisation de services, de restructuration architecturale, mais rien n’est acté. Il y a des bonnes idées, mais on ne sait pas qui fera quoi et sur quel site », résume Annie Pellegrino, responsable du syndicat Force ouvrière, majoritaire au sein de l’hôpital du Sud-Gironde. À la CGT, on regrette une certaine distance. « La direction, on ne la voit pas», déplore le syndicaliste Jacques Duperret. 

Nouveaux médecins 

L’un des enjeux pour la direction sera de proposer une organisation efficace dans chaque établissement, mais aussi de faire jouer la transversalité entre chaque site ainsi qu’avec le CHU de Bordeaux. 

La mise en place depuis quelques mois de consultations avancées ou décentralisées, c’est-à-dire des médecins qui consultent sur différents établissements du territoire, est une avancée. 

Le recrutement de médecins, comme récemment un rhumatologue et deux ophtalmologues, est aussi une bonne nouvelle. « Des choses se mettent en place », perçoit Philippe Plagnol, maire de Langon et membre du Conseil de surveillance. «La difficulté sera de faire venir de jeunes médecins. Il y a une très forte concurrence, notamment avec les cliniques. » 

Autre mesure. Depuis la semaine dernière, les personnels des services de médecine et de chirurgie travaillent au rythme de 12 heures par jours, trois jours par semaine. Une organisation du temps qui séduit d’avantage les jeunes infirmiers et aides soignants et permettrait de recruter plus facilement, mais qui ne plaît pas aux syndicats. 

Le déficit de l’hôpital, environ 5 millions d’euros, est principalement dû à un manque d’activité. D’où l’importance de recruter, mais aussi de faire évoluer certains services. Par exemple la chirurgie, qui travaille essentiellement avec les cas graves et compliqués des urgences, pourrait développer une activité plus rentable en direction de la chirurgie réglée, c’est-à-dire des patients envoyés par leurs médecins traitants. Ils sont en général en bonne santé et monopolisent des lits moins longtemps. C’est en tout cas l’un des souhaits de Philippe Plagnol, ancien chef du service de chirurgie vasculaire, qui souhaite au directeur « de réussir» la reconstruction de l’hôpital.