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27 août 2018

Dysfonctionnement ?

Sud-Ouest du 27 août 2018 

« Il a été envoyé au mouroir » 

LIBOURNE Jacques Chanet est décédé en octobre 2016 à l’hôpital. Sa famille dénonce des manquements et a déposé une plainte. Une information judiciaire a été ouverte pour homicide involontaire

il a été envoyé au mouroir

Jean-Claude Chanet ne décolère pas. Cela fera bientôt deux ans que son cousin Jacques est décédé à l’hôpital Robert-Boulin de Libourne et sa rancœur est toujours tenace vis-à-vis des professionnels du milieu hospitalier. « Il avait une pathologie cardiaque grave et ils n’ont tenu compte de rien et n’ont fait preuve d’aucune empathie », se désole Jean-Claude Chanet. «En deux jours, il n’est jamais passé par le service cardiologie !» 

Jacques Chanet, 74 ans, admis à l’hôpital le 28 octobre 2016 à 16h30 s’est éteint le 30, à 10h10. Ce retraité, ancien commercial, est envoyé au service d’accueil des urgences sur les conseils de son médecin traitant pour «une décompensation cardiaque avec œdème des membres inférieurs très important» 

Quand il arrive au centre hospitalier de Libourne, Jacques Chanet est accompagné de son cousin Jean-Claude. Ce dernier raconte avoir attendu jusqu’à 2h30 du matin et que, pendant tout ce temps, « juste une prise de sang a été réalisée afin d’établir un bilan». 

Une famille sous le choc 

Aujourd’hui encore, le souvenir est intact. «J’ai passé la nuit dans le hall et lorsque je me suis réveillé vers 7h30-8 heures, j’ai appris que mon cousin avait été transféré dans le service de gériatrie. Puis, vers 13 heures, il a été ramené aux urgences car il se plaignait de douleurs abdominales avant finalement de repartir en fin de journée vers le pavillon gériatrie. Je l’ai trouvé très mal, très faible. Ils l’ont redirigé vers les urgences, il était 21 heures. Il aurait fait un arrêt cardiaque qui a nécessité son transfert vers le service réanimation car son état de santé était très préoccupant. J’ai demandé à le voir et, effectivement, j’ai constaté qu’il était inconscient et ne réagissait plus. Il était ventilé. Je suis rentré à mon domicile après avoir demandé que l’on me prévienne dans la nuit si quelque chose survenait. J’ai appelé plusieurs fois et la situation ne s’améliorant pas je suis retourné à l’hôpital où j’ai appris que mon cousin venait de décéder. » 

Souffrance invraisemblable 

Jean-Claude Chanet et toute sa famille sont sous le choc. «On a tout de suite eu conscience que la prise en charge avait été défaillante», dit-il. Le lendemain, il dépose une plainte à la gendarmerie de Libourne et le procureur de la République ne tarde pas à ouvrir une information judiciaire pour homicide involontaire. L’instruction a permis au juge en charge de l’affaire d’entendre plusieurs cadres de santé ainsi que les personnels administratifs de l’hôpital. Des experts ont également été requis. «Le retour vers le service de gériatrie après le second passage aux urgences était encore plus inapproprié car le pronostic vital était clairement engagé à court terme», conclut l’un d’eux. 

« Il a été envoyé au mouroir, tout a été fait en dépit du bon sens », déplore Me Philippe Courtois, avocat de Jean-Claude Chanet lequel attend désormais avec impatience un procès. «Sa maladie était connue de tous. Sa famille s’apprêtait à le voir disparaître mais pas aussi vite et dans de telles conditions. Il est mort sans aucune dignité et sans aucun traitement pour le soulager. On l’a laissé dans une souffrance invraisemblable. Il aurait été préférable qu’il finisse ses derniers jours de vie entourés des siens », renchérit l’auxiliaire de justice. « Il faut des responsabilités car des mises en examen s’imposent dans ce dossier pour homicide involontaire et omission de porter secours et assistance. » Contacté, le centre hospitalier de Libourne, par un communiqué de son directeur adjoint Fabrice Prigneau, indique que «la totalité des informations demandées par la gendarmerie dans le cadre des réquisitions ont été transmises aux autorités compétentes. L’établissement n’a pas été informé des conclusions de l’enquête préliminaire et de la suite qui en a été donnée» 

Selon nos informations, l’instruction pourrait être clôturée d’ici peu semble-t-il.

 

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