Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
GIRONDE VIGILANTE
Archives
20 mai 2018

Appel à la réorganisation du Docteur Pelloux

Pourquoi faut-il toujours qu'il y ait plusieurs drames et que la presse s'en empare pour que les autorités examinent la situation et réfléchissent à d'éventuelles améliorations ? Quand prendront-elles enfin au sérieux les lanceurs d'alerte tels que Gironde Vigilante ou bien d'autres ?

Dans l'article ci-dessous on peut lire : "Les centres de régulation du Samu sont débordés de demandes de gens qui veulent réécouter leurs bandes." Cela montre bien que les réponses apportées par le Centre 15 ne sont pas toujours adaptées.

L'Obs du 19 mai 2018 

Samu, urgences : "Quand le système ne répond plus, naît un sentiment d'insécurité"

samu urgence quand le système ne répond plus

Un camion de pompiers aux urgences du CHU de Nantes, en mai 2017. (LOIC VENANCE/AFP) 

La saturation des urgences menace le lien de confiance entre la population et les soignants, avertit l'urgentiste Patrick Pelloux. 

L'affaire Naomi Musenga, il y a une semaine, puis l'annonce jeudi de la mort de deux nonagénaires dans la salle d'attente des urgences de Tours, ont attiré la lumière médiatique sur la saturation chronique des services et des centres d'appels d'urgences. Les raisons de l'engorgement sont nombreuses : vieillissement de la population, manque criant de moyens matériels et humains, désertification médicale dans de nombreuses régions. Et les professionnels appellent le gouvernement à une réponse rapide. 

Président de l'Association des médecins urgentistes de France (Amuf), le médecin et syndicaliste Patrick Pelloux a été reçu par la ministre de la Santé Agnès Buzyn cette semaine. Auprès de "l'Obs", il décrit les débats qui agitent la profession et le "big bang" qu'a représenté l'affaire Naomi Musenga dans l'opinion.

Les drames du Samu de Strasbourg, des urgences de Tours et bien d'autres récits ont remué l'opinion ces derniers jours. Ces drames sont-ils représentatifs d'un système arrivé à son point de rupture ? 

D'abord, il faut rappeler que les urgences n'ont jamais été un métier facile. C'est un travail intimement lié à la maladie, à la mort. Mais ce serait mentir de dire qu'on n'est pas arrivés à saturation d'un système. En 1988, il y avait 8 millions de passages aux urgences. Aujourd'hui nous avons dépassé 21 millions. C'est colossal ! Les centres de régulation du Samu ont été bâtis pour quelques millions d'appels par an. Ils en reçoivent 30 millions. On ne peut plus demander aux urgences et au Samu de continuer à assurer toute la permanence du système de santé. Il faut rapidement réorganiser les choses. 

L'histoire de Naomi Musenga a résonné comme un big-bang car nos compatriotes ont été ébranlés dans la confiance qu'ils avaient dans les secours, dans cette promesse de l'Etat régalien d'apporter la sécurité à tous. C'est un confort de se dire qu'on peut compter à tout instant sur les pompiers, la gendarmerie, le Samu, les urgences. Quand le système ne répond plus, un sentiment d'insécurité se développe. C'est ce sentiment qu'il faut combattre.  

Comment éviter que ces faits divers et cette accumulation de mauvaises expériences individuelles ne retournent l'opinion contre le personnel ? 

On en prend plein la tête ces derniers jours. On a reçu énormément d'appels d'insultes. Les centres de régulation du Samu sont débordés de demandes de gens qui veulent réécouter leurs bandes. Ce n'est pas négatif, ils en ont le droit et c'est légitime que les gens veuillent comprendre, analyser ce qui s'est passé. Mais une culture de la suspicion et de l'accusation permanente s'est installéeIl y a un lien de confiance à retrouver. Les urgentistes ne sont pas les ennemis de la population et ne cherchent pas à faire du mal. Ça peut être bon de le rappeler. 

Il faut qu'on montre qu'on ne refuse pas l'exigence de nos compatriotes pour un système de soins de qualité. C'est là que se télescopent l'exigence déontologique et éthique du soignant et la responsabilité politique de lui donner des moyens matériels et humains. Ce n'est d'ailleurs pas qu'une question d'argent. Il faut redonner un sens politique à un système qui était valable au XXe siècle, et qui doit se réformer pour fonctionner au XXIe siècle. 

Il y a une semaine, après l'affaire Naomi Musenga, vous lanciez un appel à la ministre de la Santé Agnès Buzyn. Comment jugez-vous la réponse du gouvernement ? 

La ministre nous a reçus, elle a écouté le débat de fond qui agite la profession. "Samu-Urgences de France" plaide pour étendre le périmètre des urgences, pour qu'elles fassent encore plus de choses. Nous pensons au contraire qu'il faut arrêter cette expansion inflationniste, et qu'elles retrouvent leur sens de l'urgence. Cela demanderait évidemment une réorganisation en profondeur. 

Que proposez-vous ? 

Nous sommes favorables à des plate-formes de régulation des urgences en partenariat avec les sapeurs-pompiers, pilotées au niveau départemental, qui est l'échelon qui correspond le mieux à l'organisation territoriale. Il faut ensuite calibrer les moyens pour répondre à des exigences de qualité : que chacun puisse avoir une réponse des secours au bout de deux sonneries, pas plus. 

Il faut enfin une concertation avec nos confères libéraux : pourquoi ne pas inventer une nouvelle structure, un centre de soins non programmés, qui laisserait aux urgences le traitement de l'urgence ? On dit que l'hôpital doit s'ouvrir à la ville, mais je crois que c'est l'inverse : dans les endroits où il n'y a plus de médecins, c'est peut-être à l'hôpital de développer des antennes.  

Propos recueillis par Timothée Vilars

Publicité
Commentaires
Publicité
Derniers commentaires
GIRONDE VIGILANTE
Publicité