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4 octobre 2017

La vie des Sapeurs-pompiers volontaires

Sud-Ouest du 2 octobre 2017 

Dordogne : « T’as la foi, sinon t’arrêtes »

T'as la foi

Samedi, à Périgueux, les hommes du Groupe de reconnaissance et d’intervention en milieu périlleux (Grimp) ont procédé à des démonstrations en plein air. PHOTO ARNAUD LOTH

La vie d’un volontaire ressemble de plus en plus à celle d’un moine-soldat.

Dans la vie, certains se font curés, d’autres deviennent sapeurs-pompiers volontaires. Dans les deux cas, c’est une histoire de « foi ». « Quand tu choisis d’être volontaire, mieux vaut croire à ce que tu fais. Sinon, ce n’est pas la peine, il faut arrêter tout de suite », plaisante Patrick, 57 ans, l’un des 1 350 sapeurs-pompiers volontaires de la Dordogne, adjudant-chef à la caserne de Périgueux. Lui, ça fait trente ans qu’il est entré dans les ordres de la lance à incendie, trente ans qu’il fait rimer les mots week-end et caserne. Une vie de moine-soldat, presqu’un sacerdoce, qui lui a valu d’être décoré d’une médaille lors du 86e Congrès départemental des sapeurs-pompiers, samedi, à Périgueux. 

Compliquée, la vie de Patrick l’a été parfois. Mais, à présent qu’il est à la retraite, les choses sont plus faciles à organiser. « Pourquoi abandonner maintenant ? Je raccrocherai le jour où je n’aurai plus la foi », confie cet ancien fonctionnaire de l’administration pénitentiaire. 

S’adapter en permanence 

Être pompier volontaire est pourtant loin d’être une sinécure, surtout depuis que le volontariat traverse une violente crise des vocations. Car, qui dit moins de recrues disponibles, dit plus de travail et de responsabilités pour ceux qui sont à la manœuvre. « Cela devient difficile à partir du moment où le nombre d’interventions augmente d’année en année », concède Patrick, qui s’efforce malgré tout de faire bonne figure. « Ce n’est pas le premier obstacle auquel on doit faire face », relativise l’adjudant-chef. Formations, nouveaux logiciels, évolutions des technologies… le quinquagénaire a dû s’adapter aux nombreux changements survenus au cours de ces quinze dernières années. « Dans ces moments, le soutien de mon épouse et de mes trois enfants m’a été précieux, confesse-t-il. D’autres n’auraient peut-être pas accepté de me laisser partir le week-end pour suivre des formations. » 

Pareil dévouement a de quoi forcer le respect, surtout celui des jeunes qui commencent tout juste à étrenner leur uniforme. « Un gars comme Patrick, qui aime s’investir en tant que volontaire, c’est tout ce que j’aime chez les pompiers », commente le sapeur infirmier Nathan (1), 25 ans, qui achève sa première année de volontariat à la caserne de Brantôme. Infirmier dans un service d’urgences, Nathan trouvait normal de s’investir dans le corps des volontaires. « Mon activité professionnelle et mon volontariat se complètent bien », indique le jeune homme qui s’efforce de jongler au mieux entre les deux au quotidien. « Ce n’est pas toujours simple de mener les deux de front, surtout quand votre employeur ne vous facilite pas la tâche », confie Nathan. Dans l’hôpital où il travaille, personne ne veut entendre parler de la convention que propose le Service départemental d’incendie et de secours (Sdis) aux employeurs publics et privés. 

Pas de retard à l’embauche 

« Les effectifs à l’hôpital étant ric-rac, la direction préfère garder son personnel », observe son ami Julien, 28 ans, également infirmier hospitalier et pompier volontaire. En comparaison, l’Éducation nationale pour laquelle il a un temps travaillé était beaucoup plus conciliante. « À l’époque, je disposais d’une clause de retard à l’embauche et mes jours de formation étaient inclus dans mon planning », se souvient Julien. 

C’est sur ce genre de « détails » que se joue parfois l’engagement d’un homme. « Il y a des moments où on perd la foi, où on veut arrêter parce que tout est subitement compliqué », confesse le presque trentenaire, qui finit toujours par retrouver la lumière : « C’est en moi, c’est plus fort que tout. » 

  1. Le prénom a été modifié. 

Dans l’hôpital où il travaille, personne ne veut entendre parler de la convention que propose le Sdis 

LE COUP DE GUEULE DE SERGE MÉRILLOU 

C’est un président du Service départemental d’incendie et de secours (Sdis) particulièrement remonté qui a pris la parole, samedi, en clôture du 86e Congrès départemental des sapeurs-pompiers de la Dordogne organisé à Périgueux. Serge Mérillou, qui occupe la fonction depuis plusieurs années, s’est dit outré de voir une nouvelle fois les dotations de l’État aux collectivités, communes, Communautés de communes et Département baisser. « N’oublions pas que ce sont ces mêmes collectivités qui financent le budget du Sdis », indique le conseiller départemental. 

« BEAUCOUP D’EFFORTS » 

« Nous avons fait beaucoup d’efforts pour tenir le budget ces dernières années, mais là, la bête est à l’os », insiste Serge Mérillou, qui s’inquiète de l’avenir à l’heure où se profilent déjà de nouvelles dépenses quasi somptuaires. « Sous prétexte qu’un technocrate a pondu une nouvelle norme de sécurité, on nous demande de renouveler toutes les tenues de nos hommes », ronchonne le président du Sdis, comptes à l’appui. « À raison de 90 euros par tenue, la facture va s’élever à 180 000 euros. 180 000 euros qu’il va falloir d’une manière ou d’une autre faire rentrer dans le budget », peste-t-il.

Pour autant, le maire de Saint-Agne et conseiller départemental de Lalinde n’envisage toujours pas de facturer aux contribuables les interventions jugées les moins vitales (captures d’animaux, ouvertures de portes…). « Cette piste n’est pas définitivement écartée, mais la menace doit être pédagogique, pour que les gens se responsabilisent », conclut Serge Mérillou.

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