Le coût des interventions sur les incendies en Gironde
Ouest-France du 27 septembre 2022
Incendies. Combien ont coûté les interventions des pompiers en Gironde et qui paie ?
Plusieurs incendies ont émaillé un été caniculaire en France. D’importants moyens ont été déployés. Combien cela a-t-il coûté et qui paie ? Éléments de réponses.
Un pompier combattant l’un des incendies en Gironde le 17 juillet dernier. | THIBAUD MORITZ / AFP
« Qui a payé les pompiers et le matériel mis en œuvre pour lutter contre les incendies en Gironde ? » Comme beaucoup d’entre nous, Pierre a été marqué par les incendies ravageurs qui ont ponctué un été caniculaire, notamment en Nouvelle Aquitaine. La Teste-de-Buch, Landiras, puis Arès, Saumos… La Gironde a payé un lourd tribut. Ce département, qui abrite une partie de la plus grande forêt de résineux d’Europe, a subi de lourdes pertes avec plus de 30 000 hectares brûlés.
La Gironde n’est d’ailleurs pas le seul département à avoir souffert. Pendant l’été, les incendies ont ravagé plus de 62 000 hectares de forêt, de la Gironde au Jura en passant par le Finistère et le Maine-et-Loire.
Partout, pour contenir l’avancée des flammes, les moyens déployés ont été colossaux. On a dénombré plus de 10 000 sapeurs-pompiers mobilisés par jour en juillet. Les renforts ont joué à plein. Ainsi en Gironde, des pompiers d’Ille-et-Vilaine, de la Charente, du Lot-et-Garonne, de l’Hérault, des Bouches-du-Rhône, l’Allier, du Cantal, du Puy-de-Dôme et de la Haute-Loire sont venus en renfort.
Voir aussi : VIDÉO. Incendies en Gironde : à la rencontre des pompiers et bénévoles qui luttent sans relâche
Des Canadairs gourmands en carburant
Alors, combien cela a-t-il coûté ? Nos confrères d’ Europe1 ont eu accès à quelques données du Service départemental d’incendie et de secours de Gironde (Sdis 33) et se sont livrés à de petits calculs. « Petits », mais malgré tout complexes puisqu’ils compilent les salaires de pompiers professionnels, mais aussi volontaires ou encore des militaires. Nos confrères se sont concentrés sur la période courant du 14 juillet au 23 juillet, au plus fort de la mobilisation. Cela donne toutefois un aperçu des dépenses engagées.
Côté humain, sur la séquence « Teste-de-Buch-Landiras », la mobilisation aurait coûté 3,1 millions d’euros sur dix jours sur la base de 1 450 sapeurs-pompiers engagés en moyenne chaque jour. Côté matériel, la facture est là aussi à la hauteur de l’engagement nécessaire. Cinq bombardiers d’eau – cinq Canadairs et deux Dash – ont opéré sur la même séquence pour un coût de 2,3 millions d’euros, principalement englouti en carburant. Enfin, nos confrères ont évalué à 1,3 million d’euros a minima le coût du carburant sans lequel les 300 engins terrestres n’auraient pu intervenir.
Soit un total 6,6 millions d’euros en neuf jours pour les incendies de la Teste-de-Buch, Landiras. « Une note qui sera, sur la globalité de l’été, encore plus salée », indique à Ouest-France le commandant Matthieu Jomain, porte-parole du Sdis 33, confirmant malgré tout la crédibilité du calcul d’Europe 1.
Plus globalement, l’activité des Sdis coûte cher. En 2020, leur budget s’élevait au total à 5,2 milliards d’euros. Les interventions sur les incendies ne représentent certes que 7 à 8 % des interventions – contre 71 % pour le secours aux victimes par exemple – mais restent les plus onéreuses en matériels et moyens humains. Aussi, si ces chiffres n’ont jamais été validés officiellement, certaines estimations – jamais confirmées – font état d’un coût annuel global dans la lutte contre les incendies de 2,5 milliards.
Qui paie quoi ?
Le financement des Sdis est assuré par les collectivités locales, les départements en tête. Et face à la recrudescence des incendies, les élus s’inquiètent. « Les collectivités locales qui mettent cinq milliards d’euros par an sur la table pour le financement des Sdis ne pourront pas faire face seules », a récemment rappelé à ce sujet François Sauvadet, président de l’Assemblée des départements de France, devant le congrès annuel des sapeurs-pompiers de France le 22 septembre, à Nancy. Ce dernier a appelé à davantage de financement de la part des grandes métropoles.
Solidarité européenne
Au plus dur des incendies en Gironde, la France a également reçu des renforts de ses voisins européens. Près de 400 personnes et une centaine de véhicules, dont quatre Canadairs, sont arrivés le 12 août en provenance d’Allemagne, de Roumanie, de Grèce, de Pologne, d’Autriche et d’Italie. Ils sont restés une semaine sur le terrain. « Une solidarité dans le cadre du dispositif RescEU en place depuis une vingtaine d’années », rappelle le commandant Alexandre Jouassard, porte-parole de la Sécurité civile française.
Cet afflux de renfort est coordonné par la Commission européenne grâce au dispositif RescEU, une réserve de secouristes et de moyens matériels mis à disposition par tous les pays de l’Union européenne. Créé en 2001, ce dispositif a été renforcé en 2019 et a servi pendant la crise sanitaire.
Qui finance cette solidarité européenne ? RescEU est financé à 100 % par l’Union européenne, notamment les coûts d’achat, d’exploitation et de maintenance. « Ce dispositif est financé par l’Union, mais la France et l’Allemagne restent les plus généreux », note le commandant Jouassard.