Conséquences des grands incendies
Sud-Ouest du 9 septembre 2022
Environnement : Après les incendies, sécurité et risques phytosanitaires dans le viseur
L’État fédère tous les acteurs au sein d’un groupe opérationnel pour travailler sur l’après incendies, l’exploitation et la valorisation des bois
« Pendant les feux, il y a eu une bonne cohésion des acteurs de la lutte contre les incendies, du bois et de la forêt, et des services de l’État. Il s’agit de poursuivre cette dynamique, de trouver des solutions aux difficultés du moment et d’anticiper celles à venir. Ces incendies et leurs conséquences ne relèvent pas d’un seul secteur mais d’un ensemble. J’attends du bon sens et de la responsabilité de chacun, et de l’exagération de personne. »
C’est ainsi que Fabienne Buccio, préfète de Nouvelle-Aquitaine, a résumé l’esprit de la deuxième réunion du groupe opérationnel forêt-bois, qui se déroulait ce jeudi 8 septembre dans les locaux de la préfecture de Gironde. Un groupe dédié aux incendies de cet été, qui ont ravagé 26 000 hectares de forêt sur le massif des Landes de Gascogne, soit 2,8 millions de m3 de bois (la moitié d’une récolte annuelle sur le massif) et affecté 1 500 propriétaires.
Mobilisation générale
Autour de la table : services de l’État, Défense des forêts contre les incendies (DFCI), service départemental d’incendie et de secours (Sdis), sylviculteurs, entreprises d’exploitation et industries du bois. Sur le front des incendies, DFCI, pompiers, bénévoles dont des propriétaires forestiers s’emploient à la surveillance des zones sinistrées.
Les sylviculteurs, aux côtés des entreprises d’exploitation forestière chargées de déblayer les parcelles accessibles, sont également mobilisés autour de deux priorités : la sécurité des personnes et les risques phytosanitaires. « Beaucoup de gros arbres paraissent épargnés, mais leurs racines ont été dévorées par la tourbe incandescente », soulignait François Guiraud, président de Fibois Landes de Gascogne, interprofession du bois sur le massif des Landes de Gascogne. « Ils présentent alors un risque de tomber sur les intervenants professionnels, sur les automobilistes et les promeneurs. On priorise les interventions sur ces sites à risque et les bords de route. »
L’interprofession vient d’ailleurs de rédiger une charte de bonnes pratiques « travaux forestiers incendies », issue des échanges au sein du groupe opérationnel. Cette urgence vis-à-vis de la sécurité impose que le domaine départemental d’Hostens et la forêt domaniale de la Teste-de-Buch soient toujours interdits au public, alors que les sinistres sont désormais maîtrisés.
La crainte des parasites
Ces interventions prioritaires, associées aux contrats d’exploitation déjà signés, risquent aussi de submerger les entreprises locales spécialisées. On réfléchit à faire appel à des acteurs d’autres régions tandis que des entreprises investissent déjà pour renforcer leurs moyens.
Sur le front sanitaire, le développement de champignons et la prolifération de parasites préoccupent. « Nous savons qu’il faudra évacuer en urgence les piles de bois coupé en bord des routes et tenter d’exploiter la majorité des arbres endommagés avant février à cause des scolytes (un insecte ravageur, NDLR)… En attendant, les industries travaillent à l’intégration de bois en partie calcinés dans leur process. Des tests sont engagés avec un partage d’expérience », ajoutait François Guiraud.
Enfin, l’impact carbone de ces incendies est estimé entre 8 et 9 millions de tonnes de CO2, soit l’équivalent d’une année d’émission du département de la Gironde (portion girondine de l’A63 comprise).