Mission flash : trouver des pistes d'amélioration avant l'été 2023
Sud-Ouest du 7 septembre 2022
Sud-Ouest du 7 septembre 2022
Incendies : La mission flash pour tirer les leçons des feux
La mission flash pour dresser le bilan des incendies de l’été, et trouver des pistes d’amélioration avant l’été 2023, était en Gironde hier. Son rapport doit être remis le 23 septembre.
Jean-Luc Gleyze, président PS du Conseil départemental de la Gironde, et son homologue de Saône-etLoire, le divers droite André Accary, ont passé l’après-midi d’hier au centre de formation des pompiers du service départemental d’incendie et de secours de la Gironde (Sdis 33), à Bassens, dans la banlieue rive droite de Bordeaux.
Une visite organisée dans le cadre de la « mission flash » lancée le 22 août par François Sauvadet, le président de l’assemblée des Départements de France, pour tirer les enseignements de grands incendies de l’été en France. 62 000 hectares sont partis en fumée, un record, dont près de 30 000 en Gironde. « L’été 2022 a été dramatique et doit rester une exception », estime François Sauvadet. Pour que son vœu se concrétise, il va falloir changer beaucoup de choses.
Hélicoptère de location
La mission flash devrait rendre publiques ses conclusions le 23 septembre. Elle les transmettra au gouvernement et aux parlementaires. Au-delà du simple bilan, elle ambitionne de faire des propositions « pour trouver les meilleures solutions – financières, humaines ou encore fiscales – pour anticiper et intervenir sur les incendies », selon François Sauvadet.
En Gironde, les incendies ont mis en lumière la bravoure des pompiers, mais aussi parfois le sous-dimensionnement des moyens matériels dont ils disposent. À Bassens, Jean-Luc Gleyze et André Accary ont passé un long moment au pied d’un hélicoptère bombardier d’eau. « Un engin très utile, capable de se projeter rapidement sur n’importe quel feu naissant », vante un pompier. L’engin est intervenu sur les feux de l’été en Gironde, mais faute d’en posséder un, le Sdis a été obligé de le louer à une société privée.
Le Canadair, incontesté
Face aux deux élus, les pompiers ont parlé sans filtre. « On a eu quelques conflits dans les méthodes de travail, a expliqué un adjudant, avec des chefs de secteurs issus d’autres départements. Ils avaient une vision du feu différente, d’autres méthodes opérationnelles, la communication n’était pas simple. Ici, on a l’habitude de pénétrer dans le couvert végétal, alors que dans d’autres départements ils préfèrent rester sur les lignes d’appui en attendant le feu. La coordination n’était pas optimale, pour nous c’était très compliqué. En termes de moyens, on avait besoin d’avions à Landiras, mais ils étaient sur La Teste. Un samedi, on s’est laissé dépasser à cause de ça. »
D’autres ont plaidé en faveur du Canadair, un avion vieillissant et trop rare en France. « Le Canadair c’est le top ! La rotation est rapide, les lancers hyperprécis. Le Dash met trente minutes à recharger, l’hélicoptère ne sert que pour les reprises de feu, pas pour un feu lancé. Le Canadair, il n’y a pas mieux ! »
Le rôle de la DFCI
Le rôle de la Défense de la forêt contre les incendies (DFCI) a été souligné. « On vit avec eux, on est complémentaires. Dès qu’il y a un feu ils sont là. Cet été, ils ont formé les pompiers d’autres départements aux feux de tourbe, c’est hyperbénéfique », souligne un pompier. Cette association de Défense de la forêt contre les incendies est financée par les propriétaires privés en Aquitaine. Ses membres ont une connaissance très fine du massif, de la moindre piste au plus petit point d’eau. Ils ont aussi la garde du feu, lorsque les pompiers se retirent. Pour eux, c’est une aide qui n’a pas de prix. Les DFCI sillonnent le massif à longueur d’année. Ils sont souvent les premiers à éteindre des feux naissants, grâce à des véhicules équipés de citernes. « Je découvre ça en Gironde. Cela n’existe pas chez moi. Il faut sans doute s’en inspirer », juge André Accary.
« Évaluation objective »
« On voulait avoir les remontées du terrain, ce qui a bien fonctionné, mais aussi les points d’amélioration, poursuit-il. On veut une évaluation très objective de ce qui s’est passé. Ce qui ressort, c’est la solidarité, celle des populations vis-à-vis des pompiers, celle entre les départements. Ce sont des choses à améliorer, peut-être à conditionner, pour être plus efficaces. Ce qui semble aussi évident, c’est la question des moyens aériens : des départements comme la Gironde doivent les avoir le plus proche possible. » De son côté, Jean-Luc Gleyze espère que les trois rapports en cours (Sénat, Fédération nationale des pompiers, Départements de France) sauront convaincre le gouvernement.