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12 août 2022

Incendies en Gironde

Sud-Ouest du 12 août 2022

2022 08 12 SO Aucun répit

Sud-Ouest du 12 août 2022 

« Les pompiers nous ont dit de partir, sinon on allait cramer » 

Le choc après la nuit de mardi à mercredi où l’incendie a repris, détruisant 17 maisons sur son passage en Gironde. Reportage sur cette nouvelle terre de désolation

2022 08 12 cramer

 Il ne reste plus que deux poules. Seules âmes vivantes qui errent encore dans le hameau de l’Ambeliet, à Belin-Béliet. Tout le monde est parti quand l’ouragan de feu a traversé à toute vitesse ce quartier de Joué dans la nuit de mardi à mercredi. Dans sa course, le feu n’a pas épargné les maisons. Enfermés dans l’enclos grillagé, les deux gallinacés ont pu se réfugier sur une dalle de béton que le feu a entourée. Deux jours plus tard, les deux poules ont soif, sans doute faim aussi. 

Juste à côté, le spectacle de maisons entièrement détruites par les flammes est saisissant. Il ne reste plus que les murs de pierre d’un solide corps de ferme que son propriétaire avait patiemment restauré. Ce devait être un havre de paix, tourné vers une grande prairie et la forêt de pins. L’herbe jaune cramée par le soleil d’un été infernal est maintenant noire, brûlée par le feu. 

Briques fumantes 

La limite jaune et noire est très nette autour d’autres maisons épargnées de justesse. Signe du combat victorieux qu’ont mené ici les pompiers, mais aussi les habitants avec le tuyau d’arrosage avant de fuir sous peine de ne peut-être jamais revoir le jour se lever. 

Deux hommes arrivent à pied. Des habitants du hameau sinistré qui viennent constater les dégâts. « La ferme, on l’a vue brûler en direct. On était dans le champ à côté. En quelques minutes, il n’y avait plus rien », raconte l’un d’eux, évacué chez des amis à Salles. « On a vu le feu au bout du chemin, il s’est étendu des deux côtés et en vingt minutes, il était aux maisons. J’ai eu de temps de déplacer des affaires dans le jardin et puis voilà. On essayait d’arrêter les flammes aux jets d’eau jusqu’à ce que les pompiers arrivent. » 

De l’autre côté de la rue, deux autres maisons ne sont plus que des carcasses de briques fumantes. Une voiture et un tracteur sont carbonisés. Au total, 17 maisons ont été détruites cette nuit-là dans les hameaux de Joué. Mais bien plus ont été sauvées lors de cette nuit où le feu s’est propagé à une vitesse jusqu’alors inconnue, brûlant 5 000 hectares en quelques heures. 

« C’est un secteur avec beaucoup d’habitats dispersés. Nous avions évidemment engagé beaucoup de moyens, relate le lieutenant-colonel des pompiers Arnaud Mendousse. Mais le feu très violent est arrivé très rapidement sur la zone et de nuit. On s’est retrouvé dans une situation extrêmement difficile. On a protégé l’essentiel des maisons du hameau. Malheureusement, plusieurs ont été détruites. » 

Chênes salvateurs 

Parmi celles qui ont été sauvées, il y a la ferme du centre équestre Volcelest, sur la route d’Hostens. Enfoncé dans la forêt carbonisée, l’airial a été épargné. Comme une oasis dans le désert brûlant. « Tout est défiguré. Tout a brûlé à 360 °C autour du centre équestre. Mais on a de la chance. On a vraiment énormément de… » Michel San José ne parvient pas à finir sa phrase, débordé pas l’émotion. « Pardon. Je suis très ému. » 

« On a beaucoup de chance d’avoir un airial landais qui ait supporté les flammes, reprend sa fille Mathilde. Les pompiers ont fait beaucoup, mais les chênes qui ont 200 ans ont aidé à arrêter le feu et préservé tous les bâtiments. » « Voyez tous les chênes autour, ils n’ont pas brûlé, approuve son père. Les Landais, ils n’étaient pas cons. Quand ils s’installaient, ils plantaient d’abord les chênes, et après ils construisaient les maisons. » 

Dès mardi après-midi, la famille avait évacué les chevaux à trois kilomètres d’ici, dans une prairie elle aussi incendiée. Par chance, il leur est resté 50 mètres carrés d’herbe sèche où ils se sont regroupés. Ils ont depuis été rapatriés sur le bassin d’Arcachon. 

Cerné par les flammes 

Alors qu’un convoi d’agriculteurs arrive de Pau, d’Haget-mau (40) et du Pays basque en tracteurs pour noyer les sols autour de l’airial, Michel San José reprend le récit de cette nuit en enfer. « On était cerné par les flammes. Vers 2 heures du matin, les pompiers n’étaient plus sûrs de pouvoir nous protéger. Ils nous ont dit de partir, sinon on allait cramer. Franchement, je ne sais pas comment ils ont réussi à s’extraire d’ici. » 

Encore sous le choc, la famille confie avoir eu « très peur ». « Et pourtant, nous ne sommes pas impressionnables facilement. » 

« On n’est pas des chouquettes, sourit sa compagne Isabelle. Mais là, quand vous avez des flammes de 20 mètres de haut, un mur de flammes qui fait tout le tour de la propriété sur plus d’un kilomètre… Quand ça brûle, ça fait le bruit des vagues de l’océan qui se fracassent en furie sur les rochers. On s’en rappellera. »

2022 08 12 SO Les 3 batailles de Landiras 2

2022 08 12 carte

Sud-Ouest du 12 août 2022

Pour les évacués, le traumatisme d’une nuit cauchemardesque

2022 08 12 nuit cauchemardesque2

2022 08 12 nuit cauchemardesque

2022 08 12 SO L'Europe envoie des renforts les bénévoles girondins fatiguent

2022 08 12 SO L'Europe envoie des renforts les bénévoles girondins fatiguent2

2022 08 12 SO L'Europe envoie des renforts les bénévoles girondins fatiguent3

2022 08 12 SO Sur la piste des feux le travail de fourmi des enquêteurs

2022 08 12 SO La pluie seule ne pourra pas éteindre les incendies

2022 08 12 SO La pluie seule ne pourra pas éteindre les incendies2

2022 08 12 SO A63 seul un tronçon reste fermé

2022 08 12 SO Le pare-feu géant de l'A63 a débuté mercredi

2022 08 12 SO Le feu passe comme un train vite et avec beaucoup de bruit

2022 08 12 SO Le feu passe comme un train vite et avec beaucoup de bruit2

2022 08 12 SO Les renforts allemands sont arrivés à Hostens

2022 08 12 SO La course à Saint-Symphorien

Sud-Ouest du 12 août 2022 

Reportage à Saint-Magne :« Ce feu est une plaie. On l’attend quelque part, il file ailleurs » 

Au troisième jour de l’énorme incendie qui ravage le sud de la Gironde et touche les Landes, des lotissements ont été menacés à Saint-Magne, où les flammes ont franchi la départementale D 111, faisant craindre de devoir évacuer Le Barp

2022 08 12 saint magne

 Un soleil rouge transperce le ciel noir. L’orage de feu approche. Il est un peu plus de 9 heures à Saint-Magne, hier, et la situation est tendue. « Il y a une heure, on avait un grand ciel bleu. Le vent a tourné et nous ramène la fumée. Elle est de plus en plus épaisse et sombre. Sur un groupe Facebook d’habitants, il se dit que le feu a traversé la route de Belin-Béliet, la D 111, et monte vers le nord. Si c’est le cas, c’est la cata. Derrière, jusque chez nous et même jusqu’au Barp, il n’y a que des pins », s’inquiète Charles Mielot. 

Avec sa femme Anne-Charlotte et ses deux enfants de 1 et 3 ans, il craint une deuxième évacuation, comme en juillet. Le couperet tombe une heure plus tard : les derniers quartiers éloignés du bourg et épargnés jusque-là sont vidés par précaution. Saint-Magne, village d’où est partie la reprise du feu de Landiras-Guillos mardi, a connu hier une journée éprouvante et mobilisé d’importants moyens. 

« On a eu très chaud », confirme Ghislaine Charles, la maire, qui souffle un peu en début de soirée. « La situation semble désormais sous contrôle. » Dans la matinée, elle a fait partie des élus qui ont rencontré la Première ministre Élisabeth Borne et le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin. Elle n’a pas manqué de marteler « le besoin urgentissime de développer les moyens aériens ». « Aujourd’hui, ils ne sont arrivés qu’à 9 h 30. Dès 7 heures, pourtant, j’alertais et demandais leur intervention », insiste-t-elle. 

La bataille de la D 111 

Baladeur, le feu a sillonné le sud-ouest du village pendant la nuit de mercredi à jeudi. Matinal, il a tapé aux portes de deux lotissements, Ripail puis La Daunade, vers 5 heures. Des coupe-feu, construits dans l’urgence quelques heures plus tôt par la commune, l’ont ralenti. « Pendant la nuit et jusqu’à 8 heures, on a eu très peu de moyens des pompiers sur place », s’énerve le premier adjoint du village, Thierry Forêt. 

Les maisons ont été sauvées mais, gourmandes, les flammes ont bifurqué vers l’ouest, se sont nourries de pins encore verts et ont franchi la frontière de la route de Belin-Béliet vers 9 heures. S’est alors engagée la bataille de la D 111, l’un des trois principaux combats menés par les soldats du feu ce jeudi. L’enjeu : éviter à tout prix que l’incendie ne remonte vers Le Barp et son quartier le plus au sud, Haureuil. 

« C’est compliqué chez vous, il n’y a pas de zone d’appui », confie à des habitants un pompier spécialisé dans les feux tactiques en s’engageant avec une équipe sur la départementale D 5, la route du Barp, vers 9 h 30, à la recherche de secteurs favorables pour allumer des contre-feux. Ces « brûleurs », comme on les surnomme, viennent d’Ardèche, des Pyrénées-Orientales, du Gard et de la région de Nice. Anne-Marie et Vincent Deycard les écoutent avec attention. Ce couple n’a pas quitté sa maison. « On l’a fait en juillet mais, cette fois-ci, on a décidé de rester. Les voitures sont chargées au cas où. » 

« Une histoire sans fin » 

Dans les airs, le ballet des hélicoptères bombardiers d’eau et des Dash débute. Ils larguent eau et produits retardants à deux pas des pavillons. Au sol, la cavalerie se met en place. Gironde, Var, Loire, Côtes-d’Armor, Pyrénées-Atlantiques… La carte de France s’affiche sur les camions-citernes feux de forêt qui rougissent petit à petit la D 111 et les pistes forestières qui la traversent. « Ce feu est une plaie, soupire un pompier de retour du front. On ne pensait pas qu’il arriverait si vite à cet endroit. À croire qu’il est intelligent. On l’attend quelque part, il file ailleurs. » « C’est une histoire sans fin », se désespère Damien Andrès, bénévole de la réserve communale de Sécurité civile. 

À quelques centaines de mètres de là, dans le bourg, Cindy, Laura et Kevin poursuivent leur tournée. Ces membres de l’association Urgence poilus nourrissent des animaux restés dans des maisons évacuées. « On en a une trentaine à faire. Surtout pour des poules. On espère pouvoir finir avant que ça se dégrade. Notre responsable, Alexis, a dû nous quitter précipitamment à midi. Il vit au Barp et a reçu un appel de la mairie lui annonçant une très probable évacuation. » 

Un temps très sérieusement envisagée, l’évacuation du Barp a finalement été annulée en début d’après-midi. Le combat de la D 111 a été gagné. En espérant qu’il n’ait pas à reprendre.

2022 08 12 SO Les recalés de l'A63 ouchonnent à Salles

2022 08 12 SO Les recalés de l'A63 ouchonnent à Salles2

2022 08 12 SO Les fumées se sont répandues sur la presqu'ile

2022 08 12 SO Les fumées se sont répandues sur la presqu'ile2

 

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