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20 juillet 2022

Incendies Gironde

Sud-Ouest du 19 juillet 2022

2022 07 19 SO Incendies de La Teste hors de contrôle

Sud-Ouest du 19 juillet 2022 

Bassin d’Arcachon : 8 000 évacuations, les campings de Pilat détruits 

La forêt de La Teste (33) s’est à nouveau embrasée hier, nécessitant l’évacuation des quartiers de Pyla, Miquelots et Porte de l’océan. Le feu a réduit en cendres les célèbres campings de la dune

2022 07 19 la testeLes campings brûlent, vue du haut de la dune du Pilat. GUILLAUME BONNAUD / « SUD OUEST »

A 17 heures hier, Pyla avait des allures de 1er janvier. Pas âme qui vive dans les rues. Seules quelques voitures de police et de pompiers circulent. Il aura fallu deux heures pour vider ce quartier chic de La Teste-de-Buch de ses 3 000 habitants. Deux longues heures pour s’extraire par la seule route possible qui traverse le Pyla. Ils n’ont pas eu le choix. Clients fortunés des hôtels cinq étoiles comme la C(o)orniche et Ha(a)ïtza, propriétaires de villas cossues, employés de maison, vacanciers ordinaires. Tous ont pris leurs véhicules pour quitter ce lieu de villégiature, surtout composé de résidences secondaires. 

Le résultat ? Une longue file de voitures qui s’est formée dès 14 h 30 sur cinq kilomètres, partant de l’hôtel-restaurant la Co(o)rniche jusqu’à l’autre bout du Pyla. Ordre a été donné un peu plus tôt par la sous-préfecture et la mairie de La Teste d’évacuer ce quartier, ainsi que ceux assez proches des Miquelots et des Portes de l’océan, en raison des fumées et du feu en approche. L’incendie a déjà ravagé, ici, plus de 4 300 hectares depuis le 12 juillet. Pendant une bonne heure, les voitures sont quasiment à l’arrêt. C’est à un exode auquel on assiste. 

Alarme déclenchée 

« On a commencé à vraiment être incommodés par les fumées depuis le matin et un voisin vient de nous parler de l’ordre d’évacuation. On va partir à Bordeaux où on a notre famille », témoigne Lise, qui vit à l’année à Neuilly-sur-Seine. Un peu plus loin un monsieur d’un certain âge pédale dans la fumée : « Je me rends à la mairie annexe pour m’assurer qu’il y a bien une évacuation. » Mais la mairie annexe est fermée. Tout le monde s’en va, ou presque. Les policiers patrouillent. Ils insistent auprès d’un couple de retraités qui vit non loin de l’Hermitage et n’a visiblement pas l’intention de partir. Ils vont finir par faire leurs valises. 

À l’approche de l’hôtel-restaurant Ha(a)ïtza, un des employés a ouvert la portière de son véhicule à l’arrêt, l’air dépité : « C’est incroyable ce qui se passe, je crois qu’on va être coincés pendant des heures et je ne comprends pas pourquoi cela ne va pas plus vite. » À Ha(a)ïtza justement, le chef étoilé Stéphane Carrade raconte : « On a déclenché l’alarme pour alerter la clientèle et le personnel. Tout s’est passé dans le calme. C’était simplement un peu long de partir sur la route. » 

Plus haut, près de la Co(o)rniche, les derniers clients s’en vont. On met les bagages dans le coffre d’une grosse berline devant des fourgons de policiers. La fumée est beaucoup plus dense, plus proche. On entend des successions d’explosions. Elles proviennent en fait des bouteilles de gaz des campings qui sont en train de brûler. Car le feu a progressé à une vitesse ahurissante depuis les plages océanes avec des vents en rafales à 80 km/heure qui le pousse en direction de la dune. À 18 heures, les cinq campings du Pilat, dont le célèbre camping des Flots bleus du film, sont détruits à 90 %. Tout comme les restaurants des plages. Les pompiers les avaient sauvés les deux nuits précédentes, mais cette fois ils n’ont rien pu faire. 

8 000 habitants 

Au même moment, les combattants du feu se préparent à l’arrivée des flammes au niveau du parking de la dune. Des semi-remorques ont transporté plusieurs bulldozers qui s’attaquent aux arbres et nettoient le sol pour créer un pare-feu. Les camions de pompiers se mettent en ligne devant les cabanes du village de la dune, ainsi que le long de la forêt, du giratoire jusqu’au quartier des Portes de l’océan et des Miquelots qui viennent d’être vidés de leur population. 

Dans ce secteur situé entre Cazaux et la dune du Pilat, qui regroupe 5 000 habitants dont le maire Patrick Davet, l’évacuation s’est faite dans le calme en début d’après-midi, mais avec parfois un peu d’incompréhension. Dans un lotissement de petits collectifs à l’entrée des Miquelots, Valérie se prépare à partir et s’inquiète : « Je ne sais pas si c’est pour les fumées ou le feu. J’espère qu’il n’y aura pas d’incendie ici. » Un monsieur passe à côté avec son chien, et se demande « Pourquoi on peut aller à Gujan ou Arcachon, où il y a autant de fumée qu’ici ? » 

Béatrice, retraité, est « sous le choc ». Elle a préparé les papiers de sa maison et ses médicaments » et juste « quelques fringues, pour loger chez des amis à Arcachon ». Une dame âgée, qui ne peut marcher, est sortie en fauteuil. « Le fauteuil est trop gros pour mon coffre, il faut trouver une solution pour cette dame », soupire son voisin. 

Isabelle vient de charger sa voiture à ras bord. Il reste juste la place pour ses deux enfants. « On va aller au parc des expositions. C’est quand même inquiétant tout ça ». Elle part pour le parc des expositions de la Teste-de-Buch où la ville a réorganisé l’accueil pour ces nouveaux réfugiés. En deux heures, comme à Pyla, les Miquelots et les Portes de l’Océan, se sont en grande partie vidés.

2022 07 19 gironde incendies landiras et de la teste

2022 07 19 gironde incendies landiras et de la teste2

2022 07 19 SO Feux multiples

 

 

Sud-Ouest du 19 juillet 2022 

Le point sur les enquêtes, un homme en garde à vue 

Les deux incendies qui frappent la Gironde depuis une semaine ont conduit le parquet de Bordeaux à ouvrir deux enquêtes judiciaires distinctes. Hier après-midi, un homme a été placé en garde à vue 

La progression des flammes est inexorable. Depuis le mardi 12 juillet, plus de 16 000 hectares sont déjà partis en fumée autour de La Teste-deBuch et de Landiras et plus de 32 000 personnes ont été évacuées. Les deux incendies ont conduit le parquet de Bordeaux à ouvrir deux enquêtes judiciaires distinctes. 

Feu accidentel 

« Une enquête a été ouverte pour destruction involontaire par incendie de bois, forêt, dû à un manquement à une obligation de sécurité », détaille le procureur de la République de Bordeaux, Frédérique Porterie en faisant le point sur les investigations en cours. La peine encourue est de deux ans et 30 000 euros d’amende. 

Selon les premiers éléments recueillis par les policiers, c’est l’assistant technique d‘un camping situé sur le secteur qui se dirigeait vers la déchetterie quand il est tombé en panne. En descendant du véhicule, il s’est aperçu que des flammes partaient de sous la benne. Le feu est vite devenu hors de contrôle, le conducteur ,qui a prévenu les pompiers, n’a pas eu le temps de se servir de son extincteur. 

« À cette heure et au regard de la violence du sinistre, le véhicule est toujours inaccessible. Dès que l‘accès sur le site sera autorisé par le PC sécurité, il sera placé sous scellé », révèle Frédérique Porterie. « L‘examen technique programmé ce jour pour tenter, grâce à un expert désigné par le parquet de Bordeaux, d‘établir les causes de l‘incendie a dû être reporté sine die compte tenu de la dangerosité du site, à cette heure toujours inaccessible. » 

« Or cette expertise s‘avère essentielle pour vérifier, notamment, l‘état mécanique du véhicule et son état d‘entretien avant le départ du sinistre. Pour l‘heure, au regard des éléments recueillis, ces faits ne présentent pas de caractère criminel et s‘inscrivent dans un contexte de délit involontaire. Pour autant, le dommage environnemental est avéré. » 

La piste criminelle 

À Landiras, où le feu ne s’essouffle pas, « les techniciens en identification criminelle ont pu effectuer des constatations qui accréditent un acte volontairement malveillant », souligne le procureur de la République de Bordeaux. Et c’est une enquête pour destruction par incendie de bois, forêt pouvant causer un dommage aux personnes. 

C’est une infraction criminelle, passible de la cour d’assises, faisant encourir quinze ans de réclusion et 150 000 euros d‘amende. « L‘enquête, confiée à la Brigade de recherches de Langon a conduit les gendarmes à s‘interroger sur l‘existence d‘un lien entre ce sinistre et d‘autres départs de feux constatés sur la zone le même jour mais à des horaires différents. Pour l‘heure, aucun élément formel ne milite en ce sens mais des indices restent à exploiter afin d‘éliminer ou de retenir la thèse d‘un même auteur », précise le parquet. 

Un homme a été placé en garde à vue ce lundi après-midi. « De nombreuses expertises sont en cours et les auditions de témoins se poursuivent en parallèle. » 

Le pôle saisi 

L’antenne locale de l‘Oclaesp, l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique, a été cosaisie par le parquet. Enfin, « au-delà de l‘identification du ou des auteurs des faits, les magistrats du Pôle régional environnement (PRE) créé en 2021 au parquet de Bordeaux sont associés aux investigations judiciaires afin que, le plus rapidement possible, le préjudice environnemental de ce qui peut être qualifié de drame écologique pour la région et ses habitants soit évalué avec précision », conclut Frédérique Porterie.

 

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