Incendies en Gironde
Sud-Ouest du 17 juillet 2022
Sud-Ouest du 17 juillet 2022
Direct. Incendies en Gironde : une « lutte acharnée », 10 600 ha brûlés, le point ce dimanche matin
Ce dimanche marque le 6e jour de lutte contre les incendies de Landiras, dans le Sud-Gironde, et La Teste, près du bassin d’Arcachon. Selon les derniers chiffres, 10 600 hectares sont partis en fumée
Après une cinquième nuit à combattre les flammes, une sixième journée de lutte débute ce dimanche pour les quelque 1 200 pompiers mobilisés sur les incendies de Landiras et de La Teste, en Gironde. Ces deux incendies indomptables ont ravagé, selon le dernier pointage effectué ce dimanche par la préfecture, 10 600 hectares de forêt et poussé 14 400 personnes à évacuer.
Au total, « plus de 1 200 sapeurs-pompiers, trois Canadairs et deux avions Dash étaient mobilisés » samedi. Ce dimanche, le dispositif va être un peu plus étoffé, avec six avions bombardiers d’eau, soit quatre Canadairs et deux Dash. Dans la matinée, Gérard Larcher, le président du Sénat, s’est rendu au poste de commandement opérationnel de La Teste-de-Buch à 8 h 30, avant de prendre la direction de celui de Villandraut. Voici les dernières informations disponibles.
Incendie de Landiras. Ce dimanche peu avant 9 heures, le sous-préfet de Langon, Vincent Ferrier, a fait état de « 7 200 hectares » brûlés à Landiras, soit 200 hectares de plus que lors du point effectué samedi soir. « Le feu n’est pas fixé mais il a peu progressé cette nuit », a-t-il assuré. « La situation est contenue sur le flanc avant gauche du feu, assure la préfecture. En revanche, la situation reste défavorable sur le flanc avant droit, où le feu progresse entre la D110 et la D115 avec plusieurs habitations en cours de protection. Le secteur arrière est stabilisé malgré le traitement de plusieurs reprises et grâce à la réalisation d’une bande à sable blanc sur 2 km de lisière avec les moyens de la Sécurité civile ». « 2 200 personnes ont été évacuées samedi à Hostens », a ajouté le sous-préfet, portant à 4 400 le nombre total de personnes évacuées depuis le début de la crise. Aucune victime n’est à déplorer.
Incendie de La Teste. Ce samedi matin, la préfecture constate que « 3 400 hectares » de forêt ont brûlé à La Teste-de-Buch, contre 3 200 ha lors du pointage effectué samedi soir. « Le feu a progressé cette nuit sous l’effet d’un vent soutenu, assure un officier du Sdis 33. Les campings ont été sauvegardés au prix d’une lutte acharnée ». « La situation reste défavorable, complète la préfecture dans un point effectué à 9 heures. Pendant la nuit, le feu a de nouveau menacé les campings de la dune du Pilat en raison de nombreuses reprises de feu, soutenues par de fortes rafales de vent. Les sites sont désormais préservés ». Ce dimanche, la préfecture annonce que 521 pompiers sont mobilisés, un effectif renforcé par rapport à la veille. À noter que la route départementale D218 est toujours coupée entre le rond-point du Pilat et Biscarrosse plage.
10 h 38 : l’incendie de Clérac, en Charente-Maritime, est fixé
Les pompiers ont lutté toute la nuit pour circonscrire l’incendie qui s’est déclaré samedi, vers 18 h 30, au lieu-dit Boischarles à Clérac, en Charente-Maritime. Finalement, le feu a pu être fixé vers 3 heures du matin, ce qui signifie que l’incendie n’est pas encore éteint mais il ne progresse plus. Une trentaine de pompiers étaient encore sur place, ce dimanche matin, pour surveiller le feu et éviter toute reprise. Quinze hectares de pins ont été détruits et un soldat du feu a été légèrement blessé. Lire notre article ici.
10 h 26 : une impressionnante colonne de renforts
Après une nuit de route, 24 pompiers du Puy-de-Dôme, 27 pompiers de l’Isère et 16 pompiers de l’Allier et du Cantal sont venus en renfort de leurs collègues girondins. Édouard Qunitano, maire de Saint-Jean-d’Illac, et le lieutenant Constanty, chef de centre de la caserne de Saint-Jean-d’Illac, les ont accueillis tôt ce dimanche matin. Ces renforts, pour la plupart pompiers volontaires, vont prendre quelques heures de repos avant de partir au feu.
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10h : le point sur les routes et les plages fermées en Gironde
De nombreux axes de circulation sont toujours coupés à travers le département de la Gironde. Par ailleurs, des plages sont également fermées et inaccessibles,
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9 h 45 : quelles sont les techniques pour lutter contre les feux ?
Notre photographe Laurent Theillet a suivi une équipe de pompiers chargée d’allumer des contrefeux, un reportage à visionner dans cette vidéo.
9 h 25 : plus de 500 pompiers mobilisés à La Teste
Selon un point effectué par la sous-préfecture d’Arcachon, la lutte a été acharnée cette nuit sur la route RD218 en direction de Biscarrosse. Le feu n’a pas franchi la route mais des pare-feu continuent à être creusés par des bulldozers. 521 sapeurs-pompiers sont engagés sur le front, un effectif qui a été renforcé. Le président du Sénat Gérard Larcher était présent ce dimanche matin au poste de commandement à La Teste. Il vient de repartir, direction Landiras.
9 h 01 : quelle stratégie ce dimanche ?
Selon un officier du Service départemental d’incendie et de secours (Sdis) de la Gironde, la stratégie, ce dimanche, devrait être la même que samedi : « Contenir le feu de La Teste et essayer de le fixer, limiter la propagation du feu de Landiras en poursuivant la création de zones coupe-feu et en procédant à des brûlages tactiques, tout en protégeant les bâtiments. »
8 h 45 : « Les lignes ont été tenues » cette nuit à Landiras
Vincent Ferrier, sous-préfet de Langon, a fait un point ce dimanche à 8 h 30 sur la situation en Sud-Gironde. « Le feu n’est évidemment pas fixé, il a un peu progressé en direction du Sud-Ouest mais les lignes ont été tenues, la progression est contenue. Ce matin, on est à environ 7 200 hectares qui ont été brûlés. Il faut rassurer les évacués : aucune maison n’a été endommagée par l’incendie cette nuit » Vincent Ferrier a par ailleurs indiqué que 2 200 personnes ont été évacuées ce samedi, d’Hostens en particulier, et annoncé l’arrivée d’escadrons de gendarmes mobiles – une quarantaine de personnes. La préfecture reste inquiète pour la journée de lundi, au vu d’une météo a priori très défavorable à la lutte contre l’incendie, avec des températures à plus de 40 degrés dans le département.
8 h 30 : 6e jour sur les incendies en Gironde
Bonjour à tous, merci d’être si nombreux à suivre ce direct sur Sudouest.fr. Suivez avec nos journalistes sur le terrain les dernières informations sur les deux feux à Landiras et La Teste, en Gironde. Il s’agit du sixième jour de lutte contre ces feux, et plus de 10 600 hectares ont été brûlés. Retrouvez tous nos articles sur le sujet, dans un dossier spécial de la rédaction, en cliquant ici.
Sud-Ouest du 17 juillet 2022
Pour l’heure, rien ne semble pouvoir arrêter les flammes
Engagés sur plusieurs fronts, les sapeurs pompiers tentent de maîtriser l’incendie de Landiras, devenu tentaculaire hier, et celui de La Teste, plus stable
Hier à Louchats, en Sud-Gironde. Les pompiers anticipent l’avancée de l’incendie en utilisant la technique des feux tactiques. LAURENT THEILLET / “SUD OUEST”
L a mobilisation intense des pompiers ne faiblissait pas hier pour fixer les incendies dévastateurs en Gironde, où de nouvelles évacuations étaient en cours face à l’avancée des flammes, dans un contexte de canicule généralisée. Le cap de 10 000 hectares brûlés a même été franchi, avec 3 200 hectares sur le sinistre de La Teste et pas moins de 7 000 hectares à Landiras, dans le Sud-Gironde, où la situation est de loin la plus défavorable.
« Deux feux hors norme »
« Nous luttons contre deux feux hors norme depuis presque une semaine. Dans le même temps, nous avons enregistré 110 départs de feu en Gironde. Nous sommes intervenus au plus vite, souvent avec l’appui de la force aérienne, pour éviter l’ouverture d’un troisième front », expliquait le chef des pompiers du département, le contrôleur général Marc Vermeulen, à l’occasion d’un point presse organisé en Sud-Gironde. Répétant les objectifs prioritaires de cette mobilisation : protéger les personnes, « Aucun civil n’est blessé et nous avons évacué 14 100 personnes depuis mardi. Quatre sapeurs-pompiers ont été légèrement blessés ». Mais aussi les biens : « Les pompiers défendent 3 000 bâtiments sur les deux chantiers ».
Les soldats du feu ont une feuille de route claire dans les prochains jours : « Le feu de La Teste (3 200 ha) n’est pas encore fixé. Celui de Landiras (7 000 ha) est plus préoccupant. Notre stratégie : d’abord fixer le feu de La Teste pour pouvoir transférer toutes les forces sur le Sud-Gironde. » a poursuivi Marc Vermeulen.
« Une pieuvre »
La Girondine Bérangère Couillard, secrétaire d’État chargée de l’Écologie, présente lors du même point presse aux côtés de la préfète Fabienne Buccio à Villandraut, a qualifié les incendies de Gironde de « désastre écologique ». « L’État sera au rendez-vous pour accompagner les forestiers. Il faudra reconstruire ces réserves de biodiversité et ces puits de carbone. » a-t-elle précisé. Aucune mesure concrète n’a été annoncée pour le moment.
Dans le Sud-Gironde, sur les communes de Landiras et Guillos, au sud-est du département, la situation était toujours «très défavorable », avec un sinistre qui avait pris une nouvelle dimension dans la nuit de vendredi à samedi, plus de 7 000 hectares sont partis en fumée.
En raison des vents qui poussent les feux vers le sud-ouest, l’ordre a été donné en début d’après-midi de procéder à l’évacuation du bourg du Tuzan, du hameau de Villagrain sur la commune de Cabanac-et-Villagrain et, sur la commune d’Hostens, du bourg et de la base nautique (voir ci-contre).
« Nous anticipons en utilisant la technique des feux tactiques et en créant des coupes rases. Ces pare-feux de plus de 40 mètres ont pour objectif de stopper l’avancée du feu plus au sud, vers l’océan vert, en le privant de combustible. »
Le responsable du Sdis 33 a comparé le feu de Landiras à « une pieuvre », en raison de sa forme. À la mi-journée, le périmètre du feu marathon était gigantesque : 42 kilomètres »
La crainte d’une reprise
À La Teste-de-Buch, où l’incendie s’était emballé jeudi soir à Cazaux, la situation s’est stabilisée. Un total de 3200 hectares ont brûlé, soit à peine davantage que la veille. Le sous-préfet d’Arcachon Ronan Léaustic a salué l’« énorme intensité et mobilisation » des pompiers dans la nuit « pour conserver ce périmètre ».
Pour autant, le feu n’est toujours pas fixé et les sapeurs-pompiers craignaient toujours une reprise dans la nuit de samedi à dimanche. Dans la fournaise, les mêmes conditions sont annoncées pour aujourd’hui. « On maintient la tête de feu notamment sur le sud, ce qui évite qu’il soit en progression vers les Landes mais on n’est pas à l’abri d’une reprise », a détaillé le lieutenant-colonel Olivier Chavatte du service départemental d’incendie et de secours (Sdis). « On a presque 30 kilomètres de lisière donc c’est un travail titanesque ».
Sud-Ouest du 17 juillet 2022
« On a des avions sur le parking qui ne peuvent pas voler »
À l’heure où les forêts continuent de flamber en Gironde, Christophe Govillot, pilote de Canadair engagé sur les feux et porte-parole du Syndicat national du personnel navigant de l’aviation civile dénonce un manque de moyens
Après huit heures de vols, près de 60 largages d’eau dans le Sud-Gironde et sur le bassin d’Arcachon, Christophe Govillot pilote de Canadair prend le temps de répondre à « Sud Ouest » : « Nous sommes engagés corps et âme dans la lutte contre le feu, nous avons une doctrine d’engagement, une méthode, encore faut-il se donner les moyens de l’appliquer ».
Un autre incendie couve dans les rangs des pilotes de la Sécurité civile (1). Une question de moyens. À l’inverse de ses collègues, cet ancien pilote de chasse, n’est pas soumis au droit de réserve de par ses fonctions syndicales : il est porte-parole du Syndicat National du Personnel Navigant de l’Aviation Civile. « À notre direction, aux politiques, je dis simplement : Ouvrez les yeux, donnez-nous les moyens de travailler. Des efforts ont été faits mais la réponse n’est pas à la hauteur. Avec le réchauffement climatique, on ne va pas vers des étés plus sereins. Chacun est face à ses responsabilités, nous assumons les nôtres, à nos décideurs de prendre les leurs ».
Canadairs vieillissants
La flotte d’avions de lutte antifeu est située à Nîmes sur la base de la Sécurité civile. Sur le papier, on dénombre 12 Canadairs, 7 Dash, 3 Beechers (pour la reconnaissance et l’observation). « On a des avions sur le parking qui ne peuvent pas voler. C’est simple, le 14 juillet 2019 sur ce même parking, nous avions 22 avions en capacité de voler. Trois ans plus tard, à date, nous en avons 13 », constate Christophe Govillot.
Plusieurs explications. : « Nous avons six Dash, des avions rapides - ils font Nîmes Bordeaux en une heure- chargés de 10 000 litres de produits retardant, le septième doit être livré. Quatre sur six sont en mesure de voler. Quant aux Canadairs, sur les 12, seulement 9 sont opérationnels » La raison ? « La maintenance n’est pas au niveau. Notre direction est incapable de mettre au garde à vous les sociétés qui en ont la charge, au frais du contribuable. On les paie pour avoir des avions disponibles, ce n’est pas le cas ».
Problème qui se pose avec acuité sur les canadairs, la vieillesse de la flotte : « Le plus ancien a trente ans, nous faisons face à des problèmes de pannes récurrentes, un manque de pièces détachées. On a un Canadair qui attend un moteur depuis un mois… C’est l’avion le plus adapté à la France, le plus agile, qui fait le plein en quelques secondes à proximité du feu ». Pour les remplacer, l’affaire n’est pas simple. Il y a bien sûr le coût, plusieurs millions d’euros. Mais surtout une équation industrielle complexe. L’ancien fabricant, Bombardier, a cessé sa production. La société Viking Air a repris le flambeau pour un nouvel appareil, mais a attendu de remplir son carnet de commandes pour investir dans un chaîne de production : « L’Europe a acheté 12 appareils, la France en aura deux, mais pas avant 2025. Notre pays ne s’est pas positionnée pour en acheter. Plus on attend plus ça décale dans le temps, et nos Canadairs ne seront pas fringants ».
Manque de pilotes
Autre sujet porté par le syndicat, la question des moyens humains : « On l’a éprouvé cette semaine en Gironde. Après avoir tourné pendant huit heures (horaire réglementaire), deux avions ont posé à Mérignac. Ils auraient pu repartir, mais nous n’avions personne à mettre dedans…. En tant que pilotes, ça nous fait mal », se désole Christophe Govillot. Il fait le calcul : « Il y a 16 commandants de bord, quand il en faudrait 22 ». Ces deniers mois, la Sécurité civile a vécu un mouvement social inédit. Pendant des mois, des discussions se sont déroulées avec leur ministère de tutelle, l’Intérieur, autour de questions salariales, de primes, de statuts, moyens.
Les pilotes sont allés jusqu’à déposer un préavis de grève pour le 1er juillet dernier, premier jour de la « saison des feux » des pompiers du ciel. Gérald Darmanin a fini par signer le protocole d’accord, le 1er juillet dernier. Parmi les avancées, la reconnaissance du statut de « métier à risque » pour les pilotes… Christophe Govillot assume son coup de gueule : « On profite d’être dans la lumière pour poser les problèmes sur la table. Il faut que les Français comprennent, on va au feu tous les jours, nous avons de grosses difficultés. Ce que nous ne faisons pas ce sont nos collègues pompiers au sol qui doivent le faire. Il faut être conscient que cette question des feux, avec le réchauffement est incontournable dans les années qui viennent. Et plus seulement pour le sud de la France ».
(1) 90 personnes, commandant de bord ou copilote, d’avions ou d’hélicoptères.