Covid-19
Ouest-France du 5 juillet 2022
Covid-19. Symptômes, contagiosité, dangerosité… Est-on plus malade avec le sous-variant BA.5 ?
La septième vague de l’épidémie de Covid-19 s’accélère en France et les cas de contamination explosent de nouveau. Ce rebond est notamment lié à l’apparition de nouveaux sous-variants d’Omicron, dont BA.5. Symptômes, contagiosité, dangerosité… Les personnes positives au sous-variant BA.5 sont-elles plus malades ? On vous répond.
Une homme se fait tester au Covid dans un centre de dépistage en Vendée. Photo d’illustration. | FRANCK DUBRAY / OUEST-FRANCE
Le pic des contaminations de la septième vague épidémique de Covid-19 pourrait être atteint fin juillet en France, a estimé le professeur Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique, jeudi 30 juin. Cette nouvelle vague en cours est notamment alimentée par la progression de sous-variants d’Omicron, BA.4 et surtout BA.5.
« Est-ce que ceux qui ont le Covid maintenant avec le sous-variant BA.5 sont plus secoués ? » C’est une question posée par un lecteur. Explications avec Yannick Simonin, virologue et enseignant-chercheur à l’université de Montpellier (Hérault).
Quels sont les symptômes ?
Selon le dernier bulletin de Santé publique France, un remplacement progressif de BA.2 par BA.5 est observé depuis plusieurs semaines et devient majoritaire. Ces sous-variants se propagent d’autant plus rapidement qu’ils semblent bénéficier d’un double avantage de contagiosité et d’échappement immunitaire, c’est-à-dire une forte capacité à échapper à la réponse immunitaire.
Mais s’agit-il des mêmes symptômes que les autres sous-variants ? « Les principaux symptômes associés à BA.5 sont assez classiques pour Omicron : la fatigue, la toux, la fièvre et les maux de tête. Néanmoins, la probabilité de présenter des pertes du goût ou de l’odorat est plus élevée qu’avec BA.2, explique Yannick Simonin. Les personnes infectées présentent également des nausées, des vomissements et des diarrhées à des fréquences plus importantes ».
Qu’en est-il de la durée des symptômes ? « Elle est également plus longue : autour de sept jours pour BA.5 contre quatre jours pour les sous variants précédents d’Omicron », poursuit le virologue.
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Un variant plus dangereux ?
Ce sous-variant, désormais majoritaire en France, est-il plus dangereux ? « Il n’y a actuellement pas de données de « terrain » montrant que ce sous variant serait plus virulent que les autres membres de la famille d’Omicron. Il a probablement une virulence proche de BA.2 mais il est plus contagieux et échappe mieux au système immunitaire », explique l’enseignant-chercheur. Ce sous-variant se propage effectivement encore plus vite que de précédents membres de la lignée Omicron.
La mortalité est-elle plus élevée ? Non, elle « ne semble pas plus importante avec BA.5 et reste plus faible qu’avec les autres variants, souligne le spécialiste. Non seulement, en raison du fait que les variants Omicron sont moins virulents que les variants précédents mais aussi en raison de la protection conférée par la vaccination ou les infections préalables contre les formes graves de la maladie. »
Lire aussi : Covid-19. Quelle est la différence entre les variants et les sous-variants ?
Doit-on s’en inquiéter ?
Tiré par le sous-variant Omicron BA.5, le nombre de cas dans la cinquantaine de pays de la zone de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) Europe s’est rapproché, la dernière semaine de juin, des 500 000 quotidiens, alors qu’il était autour de 150 000 par jour fin mai, selon les données publiques de l’organisation.
Ce fort rebond épidémique, lié à l’apparition des nouveaux sous-variants d’Omicron capables de contourner les défenses immunitaires, est donc généralisé à toute l’Europe.
Résultat, doit-on s’inquiéter du sous-variant BA.5 et de sa progression ? « L’observation des données des pays qui ont déjà connu une vague BA.5, notamment le Portugal et l’Afrique du Sud, ne montre pas de saturation des systèmes de soin malgré des restrictions assez faibles. On a néanmoins observé au Portugal une augmentation assez importante des personnes hospitalisées probablement en raison d’un grand nombre de cas (pour la plupart non diagnostiqués), assure Yannick Simonin. Plutôt qu’être inquiet, il faut être vigilant et prudent. Cela implique notamment de respecter mieux les gestes barrières en cette période de reprise épidémique, de porter le masque dans les endroits clos a forte densité de population (comme les transports en commun) et de mettre à jour ses rappels vaccinaux, car le vaccin reste toujours le meilleur moyen d’éviter les formes graves de la maladie. »
Ouest-France du 5 juillet 2022
Covid-19. Plus de 200 000 cas ce mardi, quand atteindra-t-on le pic de la septième vague ?
Les contaminations quotidiennes au Covid-19 augmentent en France, portées par le sous-variant BA.5, devenu majoritaire. Mais jusqu’à quand ? On fait le point.
Un homme masqué tenant un écouvillon, nécessaire à un test PCR. Photo d’illustration | MARC ROGER / ARCHIVE OUEST-FRANCE
Plus de 200 000 cas de Covid-19 ont été recensés en 24 heures en France, a annoncé le ministre de la Santé, ce 5 juillet 2022. En moyenne sur sept jours, la France comptabilise près de 120 000 nouveaux cas positifs au coronavirus par jour, selon les derniers chiffres officiels publiés mardi 5 juillet.
La septième vague est bel et bien arrivée en France, dans le sillage de celles observées au Portugal ou en Afrique du Sud ces derniers mois, causées par l’arrivée du sous-variant BA.5. Mais quand atteindra-t-elle son pic ? Éléments de réponse.
Fin juillet… peut-être
À l’orée des vacances, le 30 juin dernier, le président du Conseil scientifique, Jean-François Delfraissy, estimait que le pic épidémique serait atteint fin juillet. Je ne peux pas vous dire avec certitude quand le pic épidémique sera atteint, les scientifiques esquissent un horizon à deux ou trois semaines mais pointent les incertitudes de cette projection à ce stade, a estimé ce mardi 5 juillet le ministre de la Santé François Braun.
En effet, des chercheurs interrogés par Ouest-France, le 4 juillet, appelaient à la prudence. Je ne saurais pas vous le dire précisément. À mon avis, ce pic arrivera à la fin juillet, peut-être au début du mois d’août. C’est extrêmement difficile à prévoir. Probablement, cette vague va nous embêter pendant la majeure partie de l’été , estime Yves Buisson, président de la cellule Covid-19 de l’Académie de médecine.
Les équipes compétentes n’ont pas fait pour le moment de modélisations car les paramètres deviennent de plus en plus compliqués, abonde Mahmoud Zureik, professeur d’épidémiologie et de santé publique.
En effet, de nombreux critères sont à prendre en compte, pour les modélisateurs : la vaccination, par exemple, ou encore l’échappement immunitaire et la contagiosité des sous-variants. Il y a les facteurs plutôt positifs, comme le début des vacances. On est en été, il fait chaud, les gens vivent à l’extérieur, il y a moins de risque de transmission, explique Yves Buisson.
Mais d’autres sont plus inquiétants, tel que le comportement du variant BA.5 qui est l’un des plus contagieux qu’on ait jamais rencontré, sinon le plus contagieux, et sa capacité d’échapper à l’immunité collective. Et puis, rappelle le spécialiste : Les Français ont des profils d’immunité extrêmement variables. Tous ne sont pas vaccinés, tous n’ont pas fait leur dose de rappel.
Un pic plus proche que prévu ?
Ce pic pourrait-il arriver plus tôt que prévu ? En effet, si les contaminations continuent d’augmenter, le rythme semble se ralentir ces derniers jours. Santé publique France a noté 24 418 nouveaux cas pour le lundi 4 juillet. Un chiffre en augmentation de 39 % par rapport aux 17 601 nouveaux cas enregistrés lundi 27 juin. Rappelons que les chiffres du lundi sont toujours artificiellement bas, en raison de la fermeture de nombreux laboratoires le dimanche.
Si l’on compare le nombre de cas positifs annoncés chaque jour à ceux annoncés sept jours plus tôt, à J-7, le taux de croissance diminue : +67 % au 30 juin, +58 % le 1er juillet, +52 % le 2 juillet, +45 % le 3 juillet, +39 % le 4 juillet, +40% le 5 juillet. Mais ce constat reste fragile et il est trop tôt pour en tirer des conclusions.
Les exemples du Portugal et de l’Afrique du Sud difficilement transposables
Il serait imprudent de tenter de trouver des réponses en observant le Portugal, où cette vague a duré entre 8 et 10 semaines, comme le rappelle Mahmoud Zureik, ou l’Afrique du Sud. Comme le note Yves Buisson, ces deux vagues sont arrivées lors de saisons différentes, et les taux de vaccination dans ces deux pays ne sont pas les mêmes qu’en France. L’immunité collective n’est ainsi pas la même.
Un constat également dressé par le Conseil scientifique, dans son dernier avis publié lundi 4 juillet 2022. Au Portugal, si la population est un peu mieux vaccinée, et notamment les personnes d’âge supérieur à 80 ans, le remplacement de BA.1 par BA.2 en mars 2022 a été moins visible qu’en France : « On peut donc penser que l’absence de circulation massive en population de BA.2 au Portugal comparé à la France a rendu le Portugal plus vulnérable à la circulation de BA.4/BA.5, ce d’autant qu’il existe une proximité antigénique plus proche entre BA.4/BA.5 et BA.2 qu’avec BA.1. »