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30 juin 2022

Pénurie de maîtres nageurs sauveteurs

Sud-Ouest du 29 juin 2022 

Pénurie de maîtres nageurs sauveteurs : « Pour le même salaire, certains préfèrent faire des livraisons »

2022 06 29 sauveteurs

Il manquerait des milliers de maîtres nageurs sauveteurs sur les plages et dans les piscines. Malgré son littoral attractif, le Sud-Ouest n’est pas épargné. Les syndicats réclament une refonte de la formation

Sur 3 836 postes de surveillants permanents recensés 651 sont pourvus par des diplômés saisonniers BNSSA (soit 17 %). Et 369 postes de surveillants permanents sont toujours vacants (soit 9,6 %). La Nouvelle-Aquitaine semble moins touchée que d’autres régions. Son littoral reste attractif mais la situation est plus difficile dans les territoires plus intérieurs : la piscine de Pont-du-Casse (Lot-et-Garonne) avait été contrainte à ne pas ouvrir en 2020 et 2021 faute de MNS. Et ces deux étés d’inexploitation ont mis à mal la structure qui ne peut rouvrir cette année encore.

Depuis des années, les associations professionnelles alertent sur un déficit chronique de maîtres-nageurs. On en compte aujourd’hui 17 000 habilités en France. Selon elles, il en faudrait entre 2 000 et 5 000 de plus pour répondre à tous les besoins des collectivités et opérateurs privés en demande. Dans son étude, Asporta affirme que trois-quarts des employeurs éprouvent des difficultés de recrutement. Faute de personnel qualifié, les établissements et lieux de baignade sont obligés de restreindre leurs horaires d’ouverture ou bien de supprimer des activités aquatiques qui ne peuvent être encadrées.

Des dérogations

Dans un secteur ballotté par la hausse des prix de l’énergie et des matériaux, et parfois fortement dépendant des subventions, « il ne s’agit pas d’un problème de finances publiques » assure Jean-Michel Lapoux, secrétaire général de la Fédération des MNS basée au Bouscat en Gironde. « La problématique, c’est la formation trop longue et trop onéreuse qui a cassé les vocations. Résultat, il n’y a plus de maîtres-nageurs-sauveteurs….»

Depuis un arrêté de 1985, deux diplômes distinguent les permanents (le diplôme d’état BPJEPS AAN) et les saisonniers (le BNSSA) qui sont limités aux missions de surveillance et ne peuvent pas enseigner. « Des lieux de baignade, y compris sur les plages, demandent des dérogations préfectorales pour pouvoir se dispenser d’un brevet d’état puisqu’ils n’en trouvent pas. Et c’est comme ça qu’on se retrouve avec des piscines qui ne peuvent plus apprendre à nager » déplore Jean-Michel Lapoux.

Réformer la formation

Poussé par les associations professionnelles et la fédération de natation, avec les Jeux olympiques de 2024 à l’horizon, le ministère des Sports a consenti en 2021 à élargir l’habilitation MNS aux étudiants en Staps (Sports) pour un résultat modeste de 200 diplômés supplémentaires.

Dans la région, les centres de Biarritz, Pau, Villenave d’Ornon ou des Creps de Talence et Poitiers, forment une centaine de nouveaux MNS chaque année. « Mais l’objectif serait d’en avoir au moins le double » assure la Fédération nationale des MNS (FNMNS) installée en Gironde. « Des formations par petits groupes, à Dax, en Dordogne, dans des secteurs en demande mais où peu de candidats se manifestent permettraient de répondre aux problématiques des territoires. L’équivalence des diplômes au niveau européen ne laisse pas beaucoup de marge. En revanche, il faut améliorer les possibilités de financement et d’accompagnement de la formation, encourager l’alternance ou considérer l’enseignement comme un possible complément de revenus. »

Revaloriser la profession

Passer la journée au bord de l’eau ne suffit plus à séduire les nouvelles recrues. Les conditions de travail ne contribuent plus à l’attractivité du métier. « Entre les horaires décalés, les responsabilités démesurées en cas de défaillance et l’investissement personnel exigé, les jeunes ont de quoi hésiter » remarque Axel Lamotte, secrétaire général du Syndicat des MNS (SNPMNS). « On peut comprendre que pour le même salaire au ras des pâquerettes, certains préfèrent faire des livraisons… »

Sur les plages, les conditions ne sont pas plus faciles : » les contrats saisonniers sont souvent des temps partiels, mal payés et pourtant il faut bien que les jeunes se logent, dans des zones touristiques où les loyers sont hors de prix. S’ils ne sont pas du coin, ça ne peut pas marcher… »

Dernier détail à ne pas négliger : des milliers de maîtres-nageurs avaient été embauchés dans le cadre du « plan 1 000 Piscines » lancé à la fin des années 70. Or c’est cette génération qui part actuellement à la retraite. La pénurie de MNS risque encore de faire des vagues…

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