Tension du système de santé cet été
Sud-Ouest du 29 juin 2022
Sud-Ouest du 29 juin 2022
Santé : L’été s’annonce tendu à l’hôpital
La Gironde, malgré un nombre élevé de généralistes, n’échappe pas à la tension du système de santé. Dans ce contexte, l’ARS a mis en place un carnet de route
Les urgences hospitalières vont se consacrer aux véritables urgences. ILLUSTRATION DAVID LE DÉODIC / « SUD OUEST »
Autant dire que rien ne sera plus jamais comme avant. Avant ? Quand le système de santé français était généreux, accessible, égalitaire. « Désormais, le patient devient acteur de son parcours de soins », a précisé le Dr Caroline Delarivière, coordinatrice médicale du réseau territorial des urgences du département de la Gironde. L’été s’annonce glissant, parce qu’en Gironde, comme ailleurs, il s’agit de protéger les équipes médicales en même temps qu’assurer le suivi des soins. 600 lits seront fermés au seul CHU de Bordeaux cet été. Bénédicte Motte, directrice départementale de l’Agence régionale de santé (ARS) en Gironde, a présenté un plan d’attaque pour l’été afin « de garantir la continuité des soins, en limitant les effets des tensions, et accompagner le déploiement de solutions territoriales ».
1 Les médecins généralistes au taquet
La Gironde n’a pas à se plaindre puisqu’elle est le 11e département le mieux doté en termes de médecins généralistes qui sont 55 pour 100 000 habitants. 90 % des habitants ont un médecin traitant. Un constat qui fait tiquer le Dr Fabrice Broucas, président de l’Ordre des médecins de Gironde. « Le Sud-Gironde et le Médoc notamment sont carrément sous-dotés en médecins, tempère-t-il, et les praticiens sur ce territoire se cassent la tête pour tenir. Il va falloir que l’ensemble des médecins libéraux collaborent avec les hospitaliers, comme durant la crise sanitaire. Par ailleurs, nous avons déjà des brigades de médecins retraités qui assurent des gardes à vue à l’hôtel de police, afin de libérer du temps médical aux médecins en exercice. »
Un cabinet de médecins généralistes a été installé à l’entrée des urgences de l’hôpital Pellegrin à Bordeaux, ainsi qu’à l’entrée des urgences de l’hôpital d’Arcachon, ouvert de 14 heures à minuit, depuis un mois. Un seul médecin y assure des consultations non programmées, afin de fluidifier les entrées à l’hôpital. Des généralistes se relaient sur la base du volontariat dans le cadre d’une collaboration ville-hôpital.
2 Les urgences, c’est plus automatique
On le sait désormais, les urgences de Pellegrin sont régulées toutes les nuits par le Service d’accès aux soins (SAS) ou le centre 15. Le Dr Catherine Pradeau, responsable du centre de régulation des appels du Samu 33, rappelle les consignes qui seront désormais fondamentales : « Aller aux urgences ne sera plus automatique, les patients dont la pathologie relève de la médecine générale devront être pris en charge en ville, afin que les urgences se recentrent sur les urgences : AVC, infarctus, traumatologie… La liste est longue. Chaque réponse sera adaptée en fonction de la réalité du terrain. Le SAS à Bordeaux reçoit, depuis la fermeture nocturne des urgences de Pellegrin, entre 20 et 40 appels de plus la nuit et le travail des régulateurs est évidemment majoré. »
3 Arcachon, Langon, le Médoc s’organisent
Des dispositifs provisoires de régulation pour l’accès direct aux services d’urgence sont installés lorsque le nombre de médecins et de paramédicaux manque à l’appel. Les procédures s’adaptent toutes au territoire.
Ainsi, à Arcachon, un infirmier d’accueil et d’orientation (IAO) des urgences dirigera les patients vers le médecin généraliste libéral qui pourra assurer des consultations au sein du service. Les critères d’orientation sont convenus préalablement et en concertation entre le service d’urgence et les médecins libéraux. Objectif : ne laisser personne sur le carreau et distinguer les urgences vitales de la bobologie.
À Langon, en Sud-Gironde, la continuité des soins sera assurée via une réorientation, si besoin, des patients vers des consultations de spécialité ou une convocation aux urgences différée. Idem à Sainte-Foy-la-Grande. Objectif : éviter les hospitalisations systémiques. Dans le Médoc, le groupe de la Mutualité a prévu un renfort d’urgentistes.
4 Urgences obstétricales touchées
Toute la chaîne des urgences est en souffrance, aussi bien dans le public que dans le privé. D’où une nécessité absolue de se serrer les coudes. Y compris pour ce qui concerne les maternités. Le personnel soignant va manquer à l’appel.
Les 11 maternités de la Gironde seront saturées. Celle de Lesparre devra fermer au mois d’août et les femmes prêtes à accoucher iront soit à la clinique d’Arès, à la polyclinique Bordeaux-Nord ou à la clinique Jean-Villar de Bruges.
« Elles peuvent encore choisir, charge à elles de se mettre en contact avec l’établissement de leur choix. Il est conseillé d’avoir son dossier médical à portée de main », précise Marie-Laure Beijas, cheffe de projet périnatalité ARS.