Déserts médicaux : propositions des candidats
Ouest-France du 8 avril 2022
Présidentielle. Que proposent les candidats pour résoudre le problème des déserts médicaux ?
Contraindre la liberté d’installation des médecins ? Instaurer une prime ? Rouvrir les établissements de santé de proximité ? Voici les propositions des douze candidats à l’élection présidentielle pour résoudre le problème des déserts médicaux.
Un médecin généraliste de campagne prescrivant un arrêt de travail pour un patient. Photo d’illustration. | MARC OLLIVIER / OUEST FRANCE
La santé figure au cœur des préoccupations des Français, et notamment la question de l’accès aux soins. La désertification médicale, un phénomène loin d’être nouveau, touche de plus en plus de Français vivant dans les zones rurales mais aussi en ville.
Tout au long de la campagne présidentielle, les douze prétendants à l’Élysée ont exposé leurs mesures pour améliorer le système de santé français et répondre au problème des déserts médicaux.
Certains veulent imposer l’installation des médecins dans ces territoires dépourvus de soignants. D’autres, préfèrent miser sur des mesures incitatives comme une rémunération attractive. Plusieurs proposent aussi une réouverture des établissements de santé de proximité pour désengorger les hôpitaux publics et permettre aux Français d’avoir un accès aux soins à moins de trente minutes de leur domicile. On fait le point.
Contraindre l’installation des médecins dans les déserts médicaux
Faut-il obliger les nouveaux médecins à s’installer dans les territoires en manque de praticiens pour lutter contre ce phénomène ? Certains candidats le pensent. Yannick Jadot, souhaite par exemple mettre en place « de façon temporaire ou transitoire » une obligation d’effectuer la dernière année d’internat et les deux premières années d’exercice dans un territoire en manque de médecin.
Le candidat écologiste, tout comme Fabien Roussel, veut également limiter les nouvelles installations dans les zones déjà bien pourvues. C’est-à-dire qu’un médecin ne pourra s’installer dans une zone dense que pour remplacer un départ.
De son côté, Jean-Luc Mélenchon propose de payer les études de médecine mais à condition que les étudiants exercent un certain nombre d’années dans les déserts médicaux. Une mesure que l’on retrouve aussi dans le programme de Jean Lassalle. Le candidat annonce vouloir financer les études « à ceux qui s’engagent pour une durée de six ans dans les territoires déficitaires ».
Dans le même esprit, Nicolas Dupont-Aignan entend créer une bourse pour les étudiants en médecine en échange de laquelle ils s’engageront à s’installer dans une zone sous-dotée pendant leurs cinq premières années.
Eric Zemmour quant à lui veut recruter 1 000 médecins salariés par l’État sur cinq ans pour soigner dans les déserts médicaux.
Une année d’internat à effectuer dans un désert médical
Anne Hidalgo, Valérie Pécresse mais aussi Emmanuel Macron veulent sensibiliser les futurs médecins généralistes dès leur internat à la problématique des déserts médicaux. La candidate du parti socialiste propose de remplacer la dernière année d’internat par une « année de professionnalisation comme médecin-assistant » dans les déserts médicaux.
Afin de faciliter l’accueil de ces étudiants, Anne Hidalgo précise dans son programme que le logement et les moyens de mobilités seront pris en charge « par les départements avec un accompagnement de l’État ».
Valérie Pécresse, elle, compte créer une quatrième année de formation à effectuer dans un désert médical. Une mesure qui « permettra de créer 4 000 docteurs juniors de médecine générale d’ici 2025 », peut-on lire dans son programme.
Miser sur la rémunération pour attirer
Marine Le Pen, elle, mise sur la rémunération pour attirer les professionnels de santé dans les déserts médicaux. Ainsi, la candidate du Rassemblement National propose dans son programme « une rémunération de la consultation modulée selon le lieu d’installation ».
Nicolas Dupont-Aignan veut également permettre aux médecins s’établissant dans les déserts médicaux de « toucher plus de revenus en complétant les dispositifs existants ».
Rouvrir les établissements de proximité
Avoir accès aux soins à moins de trente minutes de son domicile, c’est ce que promettent notamment Fabien Roussel, Jean-Luc Mélenchon et Valérie Pécresse.
Le candidat de la France Insoumise souhaite ainsi rouvrir « graduellement des services d’urgences et maternités de proximité ». Le candidat communiste assure vouloir construire « un hôpital public de proximité à moins de 30 minutes de chaque bassin de vie, disposant d’une maternité, d’un service d’urgence et de chirurgie. »
Nathalie Arthaud et Philippe Poutou veulent également maintenir la médecine de proximité. La candidate Lutte ouvrière entend imposer la réouverture de tous les établissements de santé de proximité.
De son côté, Marine Le Pen veut augmenter le nombre de maisons et de centres de santé et « les doter des capacités leur permettant de traiter les « petites urgences » (comme les fractures mineures) afin de désengorger les hôpitaux ».
De nouvelles compétences pour les paramédicaux
Candidat à sa réélection, Emmanuel Macron propose de nommer « un pharmacien ou infirmier référent sur un territoire de santé » pour « un renouvellement d’ordonnance ou des choses très simples à faire ». Jean-Luc Mélenchon veut également étendre cette compétence aux sages-femmes concernant les prescriptions nécessaires à leur exercice.