Covid-19
Ouest-France du 7 avril 2022
Covid-19. Pourquoi la 4e dose pour les plus de 60 ans ne fait pas l’unanimité chez les scientifiques
L’extension du second rappel de vaccin contre le Covid-19 aux plus de 60 ans, décidée par le ministère de la Santé, ne sera pas une obligation. Les avis scientifiques sur l’urgence de le recommander sont partagés.
Une vaccination à Caudan, dans le Morbihan. | THIERRY CREUX / OUEST-FRANCE
Le ministre de la Santé Olivier Véran a annoncé jeudi 7 avril 2022 l’ouverture du second rappel de vaccin contre le Covid-19 à tous les plus de 60 ans qui le souhaitent.
Une préconisation qui ne fait pas l’unanimité. Dans son avis du 18 mars, la Haute autorité de santé recommandait l’extension de ce second rappel (quatrième dose) aux plus de 65 ans les plus à risque de forme sévère, mais pas en population générale.
De leur côté, l’Agence européenne du médicament et le Centre européen de contrôle des maladies ont précisé ce jeudi leur avis sur l’utilité d’un second rappel. Elles le jugent essentiel pour les plus de 80 ans, mais estiment qu’il n’y a pas de preuve suffisamment fortes pour les personnes de 60 à 79 ans avec un système immunitaire normal. Par contre, Israël pratique le second rappel aux plus de 60 ans depuis janvier, les États-Unis l’ont étendu à tous les plus de 50 ans le 29 mars…
Données israéliennes
Les dernières données israéliennes, qui suggèrent (mais avec peu de recul) un risque quatre fois inférieur de forme sévère de la maladie après un second rappel semblent avoir emporté la décision.
Le Conseil d’orientation pour la stratégie vaccinale (COSV), présidé par le Pr Alain Fischer, a validé ce choix d’un second rappel pour les plus de 60 ans mais recommande un délai supérieur à celui pratiqué en Israël (quatre mois). Soyons précis : ce sera six mois après le premier rappel ou après une infection survenue moins de trois mois après le premier rappel. Si une personne a été infectée plus de trois mois après son premier rappel, le second rappel est superflu.
Pas pour les soignants
Dans son avis du 31 mars mais qui n’a été rendu public que jeudi matin, le COSV recommande également une seconde dose de rappel pour tous les soignants, quel que soit leur âge. Une disposition qui n’a pas été suivie par le gouvernement. Par crainte de réactions épidermiques à trois jours du premier tour de la présidentielle ?
500 000 personnes
La nouvelle recommandation rajoute 500 000 personnes éligibles dès maintenant (et 4 à 5 millions fin mai) aux 2,3 millions de plus de 80 ans et résidents des Ehpad.
La campagne de second rappel (ouverte le 28 janvier aux immunodéprimés, étendue le 14 mars aux plus âgés) ne fait pas le plein. Au 5 avril, 375 000 doses avaient été injectées, dont seulement 12 500 en Ehpad. « Cela ne nous inquiète pas, assure un porte-parole du ministère de la Santé. Lors du premier rappel, il avait également fallu quelques semaines pour que la campagne en Ehpad s’organise. »
Un stock stratégique de 50 millions
Pour les autres, le rappel sera essentiellement réalisé en ville (pharmacie, infirmière, médecin…) où plus des trois quarts des injections de vaccins contre le Covid-19 ont lieu (234 000 la semaine du 28 mars). Quelque 500 centres de vaccination restent « actifs » (plus de 50 doses par semaine) mais leur rôle va continuer à s’amenuiser… sauf en cas de nouvelle grosse poussée épidémique.
Afin de s’en préserver, un « stock stratégique » de 50 millions de doses de vaccins ARNm est constitué, précise le ministère, qui assure, qu’à ce jour, aucune dose de vaccin de ce stock n’a été perdu.
« Malgré tous nos efforts, 218 000 doses d’AstraZeneca ont été périmées avant d’être injectées ou données (aux dispositifs de distribution dans les pays tiers), mais il faut le comparer aux 140 millions de doses injectées et aux 80 millions de doses données (NDLR : cela fait 1 sur 1 000) ». La France s’est engagée à donner 120 millions de doses d’ici à la fin de l’année.