Covid-19
Sud-Ouest du 2 mars 2022
Ouest-France du 1er mars 2022
Covid-19. L’allègement des restrictions sanitaires est-il précipité ? « Ouest-France » vous répond
Fin du masque à l’extérieur et dans les lieux clos soumis au passe vaccinal, protocole sanitaire allégé à l’école, abandon des jauges… Face au recul du variant Omicron et de la pandémie de Covid-19 en France, le gouvernement lève progressivement les restrictions sanitaires. La France va-t-elle trop vite ? Explications.
Une serveuse contrôle le passe vaccinal des clients dans un bar à Nantes (Loire-Atlantique). Photo d’illustration. | JÉRÔME FOUQUET / OUEST-FRANCE
« Même si Omicron semble reculer, n’est-il pas dangereux de lever toutes ces restrictions sanitaires au risque que la contamination reprenne ? » Cette question nous est posée par Catherine.
La France poursuit son allègement des restrictions ce lundi 28 février. Si la pandémie décroît fortement, ces nouveaux assouplissements sont-ils précipités ? On fait le point avec Yannick Simon, virologiste à Montpellier (Hérault) et Pierre Tattevin, chef du service d’infectiologie du CHU de Rennes (Ille-et-Vilaine).
Qu’est-ce qui a changé depuis le 28 février 2022 ?
D’abord, commençons par rappeler ce qui a changé depuis lundi 28 février. Fini le masque dans les restaurants, les bars, les musées et les cinémas. Désormais, vous êtes exemptés du masque dans tous les lieux clos soumis au passe vaccinal. Exceptions faites au travail, dans les transports, les commerces et les services publics.
Les règles changent aussi pour les personnes cas contacts et vaccinées. Désormais, un seul test est nécessaire (autotest, PCR ou antigénique) deux jours après avoir été déclaré cas contact, au lieu de trois auparavant. Si l’autotest est positif, un test antigénique ou PCR reste nécessaire pour confirmer le résultat. La durée d’isolement reste inchangée en cas de test positif.
Dans les écoles, après la zone B, c’est la zone A de retour de vacances d’hiver qui voit les contraintes s’alléger. Le protocole sanitaire, qui passe du niveau 3 au niveau 2, permet aujourd’hui aux écoliers d’enlever le masque pendant la récréation et autorise davantage de brassage entre les élèves de même niveau. Désormais, un enfant déclaré cas contact ne devra plus faire qu’un seul autotest, deux jours après, avant de pouvoir revenir en classe s’il est testé négatif.
Lire aussi : Une quatrième dose de vaccin est-elle envisagée pour l’ensemble de la population ?
Quelle est la situation épidémiologique actuelle en France ?
Des mesures justifiées, selon le gouvernement et le Haut conseil de la santé publique (HCSP), par la décrue épidémique. « Nous sommes depuis plusieurs semaines face à une forte baisse de l’incidence des cas de Covid, d’environ 30 % chaque semaine. Nous sommes ainsi actuellement à environ 50 000 cas par jour contre plus de 400 000 il y a trois semaines », nous répond Yannick Simonin, virologiste et enseignant chercheur à l’université de Montpellier (Hérault). Selon les derniers chiffres enregistrés, on comptabilise 42 600 nouveaux cas dans les 24 heures au dimanche 27 février.
« Le nombre de patients hospitalisés et en réanimation est également en baisse constante », poursuit le virologiste. Publié chaque semaine par Santé publique France, le dernier point épidémiologique affirme que les admissions à l’hôpital sont en diminution. Idem pour les admissions en services de soins critiques. Parmi les patients à l’hôpital au 24 février 2022, 2 546 étaient pris en charge dans les services de soins critiques accueillant les formes les plus graves, soit 110 de moins en 24 heures.
Un allègement trop hâtif ?
Si les indicateurs sanitaires s’améliorent et que l’épidémie continue de refluer, l’allègement des restrictions sanitaires est-il raisonnable ? « La forte vague d’Omicron associée à la campagne de vaccination fait que nous nous retrouvons actuellement avec une immunité de la population assez forte nous protégeant d’un rebond important de l’épidémie, au moins sur le moyen terme, explique Yannick Simonin. Les mesures d’allégement des restrictions sanitaires semblent donc appropriées au regard de cette situation sanitaire. »
Même son de cloche chez Pierre Tattevin, chef du service d’infectiologie du CHU de Rennes (Ille-et-Vilaine). « Il est certain qu’il faudra alléger les restrictions un jour, on ne pourra pas vivre éternellement comme ça », répond le professeur.
Omicron « est nettement moins virulent et la population Française est actuellement bien immunisée ». Quant aux hôpitaux, « ils sont moins saturés, particulièrement les réanimations. On pourra donc faire face en cas d’augmentation des besoins d’admission. Ce qui semble peu probable, mais on a appris à être prudent ».
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La fin du port du masque, une bonne idée ?
Exemple avec la fin du port du masque dans les lieux clos soumis au passe vaccinal. La levée de cette mesure partout dans l’Hexagone est-elle accélérée ? « Notons que ces restrictions sont progressives, le masque est par exemple toujours obligatoire à l’école, à l’intérieur des classes ou encore dans les transports en commun », ajoute l’enseignant chercheur.
Yannick Simonin affirme que « l’allégement des restrictions sanitaires n’empêche pas de conserver l’application des gestes barrières et de conserver le masque si on est particulièrement fragiles vis-à-vis de ce virus, pour les personnes immunodéprimées par exemple, ou si l’on souhaite individuellement conserver un niveau de protection important ».
Ou une mauvaise idée ?
Alors que toutes les courbes sont en chute libre, la levée du port du masque en intérieur divise. Cette décision est jugée trop hâtive par certains chercheurs.
La fin du masque obligatoire envoie « un message d’auto-isolement aux personnes les plus à risque » et témoigne « d’absence de solidarité »,affirme l’épidémiologiste Dominique Costagliola à nos confrères de BFMTV . Pour cette directrice de recherches auprès de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), « dans toutes les mesures prises, le masque est la dernière à enlever ».
Le professeur Gilles Pialoux, chef du service des maladies infectieuses à l’hôpital Tenon de Paris (Ile-de-France), interrogé par BFMTV le 16 février, appelle à la prudence : « On ne peut pas faire comme si les choses étaient réglées. Il y a une circulation virale encore. Le masque, c’est comme le préservatif, ce n’est pas parce que ce n’est pas obligatoire que ce n’est pas utile. »
Selon le praticien, cette mesure n’est pas un hasard politique. « Il y a des élections et ces éléments sont très attendus par une partie de la population qui n’en peut plus des mesures parfois présentées comme liberticides – ce que je peux comprendre parfois. » Et d’ajouter : « Ce n’est pas parce qu’on enlève une obligation parce qu’on est dans une décision politique qu’on ne peut pas avoir un discours de santé publique qui fait qu’on doit tirer des leçons de cette pandémie. On ne sait pas ce qu’il y a derrière Omicron donc on doit être extrêmement prudent. »
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Quid du masque et du passe vaccinal ?
Si le masque n’est plus obligatoire dans les lieux clos soumis au passe vaccinal, il l’est encore dans les transports et les commerces. Toutefois, le ministre de la Santé Olivier Véran a ouvert la porte, mercredi 16 février, à une levée de l’obligation à la mi-mars pour les adultes et les enfants, accompagnée d’un allègement du passe vaccinal.
« À la mi-mars, si les hôpitaux sont en état normal de fonctionnement, et si la circulation du virus est très faible, nous pourrons enlever les masques pour les adultes et les enfants, pour tout ou partie des lieux fermés, y compris sans passe », a-t-il déclaré sur FranceInfo .
Est-ce bientôt la fin du passe vaccinal ? C’est du moins ce qu’envisage le gouvernement « d’ici la fin mars » ou « début avril », avait évoqué le porte-parole Gabriel Attal, au début du mois de février. « Nous considérons que les conditions pourraient être réunies d’ici au printemps » pour lever le passe, avait affirmé Olivier Véran vendredi 11 février sur France Bleu Isère .
Auditionné par la Commission des affaires sociales du Sénat mardi 22 février, le ministre de la Santé a indiqué que « si cette trajectoire positive se confirmait, en particulier sur le plan hospitalier, nous pourrions envisager la levée du passe à la mi-mars dans toute ou partie des lieux où il s’applique. Notre système de santé reste très exposé ». Il a d’ailleurs précisé les trois conditions qui seront nécessaires à la levée du passe dans la lutte contre l’épidémie.
Ouest-France du 1er mars 2022
Passe vaccinal. Cinq questions sur les règles qui s’appliquent désormais aux voyages en train
En cette période de vacances scolaires, de nombreux voyageurs choisissent le train. Mais, alors que l’épidémie de Covid-19 est toujours présente, quelles sont les règles à suivre pour voyager sereinement ? « Ouest-France » vous répond.
Autour de la gare de Rennes. Photo d’illustration. | JOËL LE GALL / OUEST-FRANCE
La levée des restrictions sanitaires donne des envies d’ailleurs, et en cette période de vacances scolaires, de nombreux voyageurs ont choisi le train. En gare, toujours la même rengaine : « un billet, un masque, un passe ». Si ce triptyque peut a priori paraître simple, vous êtes nombreux à vous interroger sur les règles à suivre pour voyager sereinement. Essayons d’y voir plus clair.
Lire aussi : Covid-19. Tests, passe, remboursements… Sept questions sur les voyages à l’étranger
Je viens de faire ma première dose, puis-je voyager ?
« J’ai fait ma première dose le 20 février, et je dois prendre le train dans une semaine. Le pourrai-je ou pas ? », nous interroge Raphaël.
Raphaël, comme vous commencez tout juste votre parcours vaccinal, vous pouvez bénéficier d’un passe vaccinal temporaire. « Les personnes s’engageant dans un parcours vaccinal […] ont la possibilité temporaire de bénéficier d’un passe vaccinal valide, à condition de recevoir leur deuxième dose dans un délai de 28 jours et de présenter un test négatif de moins de 24 heures », explique le gouvernement sur sa page dédiée au passe.
Le dispositif devait initialement ne s’appliquer qu’aux personnes ayant fait leur première dose avant le 15 février. Mais contactée par Ouest-France, la Direction générale de la Santé (DGS) précise que « la dérogation est prolongée au-delà du 15 février et tant que le passe vaccinal sera en œuvre ».
Raphaël, vous pourrez donc bénéficier de cette dérogation. Il vous faudra faire un test PCR ou antigénique juste avant votre voyage. Le QR code du résultat négatif fera office de passe vaccinal, valable pendant 24 heures après la date et l’heure de prélèvement.
Lire aussi : Covid-19. Comment obtenir son passe vaccinal « temporaire » ? On vous répond
Puis-je voyager si ma seule preuve d’infection est un antigénique ?
« Je veux prendre le train pour me rendre aux Pays-Bas. On nous a longtemps assuré qu’un test antigénique suffisait à justifier la contamination au Covid de la même manière qu’un PCR. Or après deux injections et une contamination, mon antigénique n’est recevable qu’en France. Je ne peux le présenter à l’étranger car je n’ai fait qu’un antigénique. Comment valider mon antigénique de la même manière qu’un PCR sur l’application Tous Anti Covid et voyager sans contrainte ? », nous demande Sandrine.
Une nouvelle mesure sera de nature à vous rassurer, Sandrine. Contactée par Ouest-France, la Direction Générale de la Santé (DGS) nous indique qu’« à compter du 2 mars, les tests antigéniques issus de la liste des fabricants autorisés par l’UE donneront droit à un certificat de rétablissement identique à celui issu d’un test RT-PCR et donc avec la même validité, au niveau national et aux frontières ».
Votre résultat de test antigénique, Sandrine, sera donc suffisant. La DGS nous rappelle en outre que « les preuves sanitaires demandées dépendent du pays de destination ». Concernant les Pays-Bas, l’ensemble des consignes est à retrouver sur le site de l’Ambassade de France.
Lire aussi : Covid-19. Une quatrième dose de vaccin est-elle envisagée pour l’ensemble de la population ?
Puis-je voyager pendant le délai d’activation de mon nouveau passe vaccinal ?
« Je dois recevoir ma troisième dose le 2 mars. Comme les autres injections y a-t-il un délai de 7 jours pour la validité de cette dose. Devant voyager en train le 3 mars, mon injection du 2 validera-t-elle mon passe vaccinal ? », s’inquiète Claire.
Ce qui est sûr, Claire, c’est que votre nouveau QR code mettra sept jours à s’activer. « Toutes les personnes qui font leur rappel disposeront d’un nouveau QR code, qui deviendra valide 7 jours après leur injection qu’il s’agisse d’une 2e dose, d’une 3e dose ou plus », comme le précise le site Service Public.
Mais dans quelle mesure ce délai peut-il compromettre votre voyage ? Premier cas de figure : vous effectuez la dose de rappel dans les délais impartis, et votre passe vaccinal n’a donc pas été désactivé à ce jour. Dans ce cas, votre certificat de vaccination précédent – celui de votre schéma vaccinal initial -, demeure valable et ce jusqu’à ce que le nouveau QR code prenne le relais dans sept jours. Vous pourrez voyager sereinement.
Second cas de figure : vous faites votre dose de rappel après les délais requis. Dans ce cas, « le QR code de leur précédent certificat de vaccination sera désactivé, leur précédent certificat de vaccination valant passe vaccinal ne sera plus valide ». Vous ne disposerez alors pas de passe vaccinal vous permettant de voyager le 3 mars.
Lire aussi : Covid-19. Que sait-on sur la levée du passe vaccinal, prévue en mars ?
Le jour de ses 18 ans, perd-on son passe faute de rappel ?
« Ma fille va avoir 18 ans le 1er mars, elle a deux doses de vaccin, le dernier fin septembre 2021. Peut-elle voyager après le 2 mars 2022 en train ? », nous demande Baika.
Effectivement Baika, on peut se demander si l’obligation d’avoir fait une dose de rappel s’appliquera à votre fille dès son anniversaire. Pour rappel, si les 15-17 ans sont soumis au passe vaccinal au même titre que les majeurs, la dose de rappel ne leur est pas obligatoire : ils conservent leur passe vaccinal même s’ils n’ont pas fait de rappel.
Alors qu’adviendra-t-il du passe de votre fille, Baika ? « Depuis le 15 janvier 2022, le passe sanitaire, devenu passe vaccinal le 24 janvier, est conditionné à la dose de rappel pour toutes les personnes âgées de plus de 18 ans et un mois », explique le site Service Public.
Cela implique que votre fille, Baika, gardera un passe vaccinal valide jusqu’au 1er avril. Elle pourra donc voyager sans problème le 2 mars, mais il faudra qu’elle prévoie une dose de rappel courant mars si elle souhaite garder son passe valide le mois suivant.