Covid-19
Sud-Ouest du 10 décembre 2021
LCI du 9 décembre 2021
Covid-19 : que sait-on de la durée d'immunité de la dose de rappel vaccinal ?
VACCINATION - Plus de 12 millions de Français ont déjà reçu leur dose de rappel contre le Covid-19, et plus de 500.000 se font vacciner chaque jour. Mais combien de temps l'immunité engendrée par la troisième dose va-t-elle durer ?
Depuis le 27 novembre, il règne un goût d'été 2021 dans les centres de vaccination. Les Français - plus de 500.000 chaque jour - se présentent massivement pour recevoir leur troisième dose de vaccin. Un rappel essentiel pour améliorer l'immunité vaccinale, en baisse dans le temps après la deuxième dose, mais qui suscite encore de nombreuses incertitudes. Parmi elles, la durée de la protection conférée par cette nouvelle injection.
Pourtant, le Pr Alain Fischer, président du Conseil d'orientation de la stratégie vaccinale (COSV), se veut rassurant. "Il y a un élément d'optimisme fort : le niveau d'immunité après le rappel est significativement plus élevé qu'après la primo-vaccination", déclare-t-il, estimant le niveau d'anticorps "cinq à dix fois supérieur" à celui observé après le schéma initial.
Toujours selon l'immunologue, la protection contre l'infection n'est que de 40 à 50% un semestre après la deuxième dose, contre 90% quelques jours après. Le rappel permet donc de revenir à ces standards, voire de les améliorer. De manière durable ? "Nous manquons par définition de données", répond le président du COSV, puisque la campagne de rappel pour les plus vulnérables n'a débuté qu'à la rentrée. "Il y aura forcément une décroissance, mais partir d'un plus haut niveau de protection est toujours mieux."
Pour l'heure, seules des observations sur les personnes vaccinées avec le rappel dès septembre sont disponibles. "À deux mois et demi de recul après cette troisième dose, la protection reste encore à un haut niveau", rassure le Pr Fischer. "La pente de décroissance et le délai de protection restent toutefois des inconnues."
Et ce ne sont pas les seules. Le variant Omicron, initialement détecté en Afrique du Sud et qui circule désormais en France, complique la tâche des autorités sanitaires. Car il pourrait en partie résister aux vaccins, avertit l'Organisation mondiale de la santé (OMS). "Des données préliminaires venant d'Afrique du Sud suggèrent un risque de réinfection" des personnes guéries de la maladie ou vaccinées "plus élevé avec Omicron", a prévenu mercredi l'OMS, qui attend des données plus amples pour confirmer ces conclusions.
Les entreprises Pfizer et BioNTech ont cependant fait savoir que la dose de rappel fonctionnait bien contre le variant Omicron, tout en indiquant leur souhait de développer un vaccin spécifique. Quoi qu'il en soit, le Pr Fischer recommande aux Français de ne pas attendre une dose spéciale contre Omicron pour recevoir le rappel. "Ce serait une erreur grave", assure-t-il. "Il faut se faire vacciner pour se protéger contre le variant Delta, responsable de 99% des cas en France."
Le président du Conseil scientifique, Jean-François Delfraissy, s'est lui déjà tourné vers une quatrième dose. "Il est possible que nous ayons besoin, à un moment donné, d'une quatrième dose", a-t-il indiqué mercredi lors d'une audition au Sénat. "Dans quel délai ? Je ne le sais pas encore."
LCI du 9 décembre 2021
Le vaccin de Moderna comporte-t-il "trois fois plus d'ARNm" que le vaccin Pfizer ?
EFFETS SECONDAIRES - Si les autorités sanitaires appellent à se faire vacciner avec les produits de Moderna ou de Pfizer sans distinction, des internautes s'inquiètent du dosage des vaccins Moderna, "trois fois" plus concentrés en ARN messager.
Ils sont décrits comme des "frères jumeaux" par le ministère de la Santé. Selon les autorités sanitaires, les vaccins commercialisés par Moderna et Pfizer pour lutter contre le Covid-19 sont "pareils", pour reprendre les termes utilisés par Olivier Véran le vendredi 3 décembre sur Franceinfo. Selon le ministre de la Santé, "la seule différence" entre les deux produits "c'est que si vous avez moins de 30 ans, on préfère vous donner du Pfizer plutôt que du Moderna".
Une explication qui ne satisfait pas les internautes. Depuis plusieurs jours sur les réseaux sociaux, ils soulignent les différences entre ces deux produits, critiquant notamment celui de l'entreprise américaine, jugé moins sûr. En cause selon eux, Spikevax (Moderna) compterait "trois fois plus d'ARN messager", la technologie utilisée par les deux laboratoires, que son concurrent Comirnaty (Pfizer). Qu'en est-il réellement ?
Si les autorités sanitaires pensent que les deux produits sont quasi-similaires, c'est parce qu'ils "s'appuient sur la même technologie" et "présentent une efficacité comparable", comme le précise le site du ministère de la Santé. Sauf que jumeaux ne veut pas dire identiques. Il est vrai que certaines différences existent, notamment sur le dosage. Une injection du produit de Moderna comporte ainsi 100 microgrammes (µg) d'ARNm pour 0,5 ml de solution saline. Avec Pfizer, le patient reçoit 30 µg dans une dose de 0,3 ml, après dilution. Dans le premier cas, le dosage est bel et bien trois fois plus fort.
Qu'est-ce-que cela signifie ? Interrogé sur la question, le professeur Alain Fischer, président du conseil d'orientation de la stratégie vaccinale, a reconnu sur LCI que "cette dose un peu plus élevée" était "probablement, mais sans certitude absolue" liée à un "tout petit risque chez les jeunes de moins de 30 ans d'une complication inflammatoire". Pour rappel, ces complications ne sont pas jugées graves, et "passent au bout de deux ou trois jours".
... Mais une efficacité plus longue
Une concentration en ARNm éventuellement liée à plus d'effets indésirables... Mais aussi à une plus grande efficacité ! Plusieurs travaux ont en effet montré depuis le début de l'automne que le produit américain permettrait d'être protégé plus longtemps. Une étude britannique (pas encore évaluée par les pairs) suggère par exemple que le vaccin Moderna serait le seul à être efficace à plus de 90% plusieurs semaines après la deuxième dose, contrairement à Pfizer et AstraZeneca.
Dans un avis rendu le 8 novembre dernier, la Haute autorité de santé observait donc que "plusieurs études conduites en conditions réelles d'utilisation tendent à montrer une efficacité vaccinale légèrement supérieure pour Spikevax par rapport à Comirnaty". De quoi "conforter l'intérêt de Spikevax, en particulier chez les personnes à risque de forme grave de Covid-19".
L'interdiction de ce produit chez les moins de 30 ans est donc le résultat d'un calcul "bénéfice-risque" assez classique. Ce qui ne signifie pas que le vaccin commercialisé par Moderna "comporte un quelconque danger particulier", comme le rappelait Alain Fischer.
Par ailleurs, pour les plus réticents, il est important de souligner que lors de l'injection du "booster", c'est une demi-dose de Moderna qui est injectée. À savoir, 50 µg uniquement. De quoi lever les doutes sur cette arme dont on aura besoin dans la lutte contre l'épidémie.