Covid-19
Sud-Ouest du 27 novembre 2021
Sud-Ouest du 27 novembre 2021
Crise sanitaire en Gironde : Le port du masque obligatoire à Bordeaux et Libourne
Face à une « circulation virale très active », des mesures ont été annoncées hier par la préfète, elle a également rappelé l’importance des gestes barrière
La situation épidémique n’est pour l’heure pas alarmante. ARCHIVES « SO »
L’exercice n’avait manqué à personne. Après cinq mois d’accalmie, hier signait le retour du point presse spécial consacré à la crise sanitaire, organisé à la préfecture.
Dans un contexte de circulation virale « très active », selon Véronique Billaud, directrice générale adjointe de l’Agence régionale de santé, la préfète de Gironde, Fabienne Buccio, a annoncé quelques mesures dont le retour du port du masque obligatoire dans les cœurs de ville de Bordeaux et Libourne à partir d’aujourd’hui. La représentante de l’État a également rappelé l’importance des gestes barrière dans ce contexte de regain épidémique.
Le port du masque, dans tous les lieux publics soumis au passe sanitaire, s’impose de nouveau depuis hier. Aucun confinement, ni couvre-feu, ni aucune jauge ne sont pour l’heure envisagés.
Campagne de vaccination
Mais les rassemblements importants seront également soumis au port du masque, à l’instar des rencontres sportives de ces prochains jours, telle l’affiche UBB-Toulouse, le 4 décembre au stade Chaban-Delmas, où plus de 30 000 personnes sont attendues.
Afin de « casser la propagation du virus », la campagne de vaccination doit être favorisée afin d’atteindre les besoins prévisionnels de 300 000 injections chaque semaine en Nouvelle-Aquitaine, sur les deux mois qui viennent. Les 18 centres de vaccination déjà ouverts dans le département sont donc maintenus. Deux espaces doivent également rouvrir, l’un à Mérignac, l’autre à Arès. De plus, des barnums pour bénéficier d’un rappel du vaccin « pendant les courses » doivent être installés dans certains grands centres commerciaux bordelais. Un premier doit être opérationnel dès aujourd’hui à Bordeaux-Lac. Un second est en réflexion à Mériadeck.
Situation épidémique
La situation épidémique, bien que « préoccupante », n’est pour l’heure pas alarmante. Le taux d’incidence dans le département est passé à 260 pour 100 000 habitants mais le nombre d’hospitalisations reste contenu : hier, on recensait 183 personnes hospitalisées pour cause de Covid, dont 44 en soins critiques. Lors de ce point presse, quelques chiffres ont également été communiquées sur la situation dans les établissements scolaires. En Gironde, hier, 218 classes étaient fermées, dont quatre au collège. 727 élèves étaient déclarés positifs au Covid contre 455 la semaine dernière. Cela représente 148 enfants positifs (sur 75 000 environ) au collège et 61 élèves positifs (sur près de 55 000) au lycée.
Plus de contrôles Face à cette reprise épidémique, les services de l’Etat ont enfin annoncé une intensification des contrôles, dans les jours et les semaines à venir, sur l’application des mesures tout en rappelant que les forces de l’ordre n’étaient pas restées inactives depuis début août dernier, quand le passe sanitaire a été activé en France. En Gironde, sur les quatre derniers mois, 2 450 établissements et 27 500 personnes ont été contrôlés, entraînant 84 infractions relevées et quatre fermetures administratives prononcées.
Sud-Ouest du 26 novembre 2021
Sud-Ouest du 26 novembre 2021
Covid-19 : la piqûre de rappel pour tous pour traverser l’hiver
En annonçant, hier, une troisième injection pour tous les adultes le ministre de la Santé Olivier Véran n’a pas soulevé d’indignation. Décryptage
Il reste plus de 1 000 centres de vaccinations ouverts aujourd’hui en France. Ici, le vaccinodrome de Bordeaux-Lac, en mai dernier. ARCHIVES GUILLAUME BONNAUD/« SUD OUEST »
«Vous croyez qu’ils vont nous confiner ? » Si la pire crainte tenait dans cette menaçante question. Le confinement tellement redouté par les citoyens est devenu une arme de persuasion massive de l’exécutif. En clair, tant qu’il n’y a pas de confinement, tout va ou presque. Olivier Véran, ministre de la Santé, lors de la conférence de presse d’annonce des mesures gouvernementales pour enrayer la cinquième vague épidémique, ce jeudi, n’a pas mâché ses mots : « Oui, le vaccin est efficace. Si nous n’avions pas été vaccinés, à ce jour, compte tenu du variant Delta bien plus contagieux que le virus d’origine, nous serions foudroyés, tous confinés. » Ça calme.
Il avance le chiffre de 90 % de la population française vaccinée aujourd’hui, dont 6 millions de personnes ont déjà reçu la troisième dose. Faisant référence aux autorités scientifiques, le ministre a appelé tous les Français de plus de 18 ans, à une dose de rappel à cinq mois de la dernière injection, plutôt qu’à six comme cela était préconisé jusqu’à aujourd’hui.
Stratégie « modérée »
Dix-neuf millions de Français sont concernés. Avec une échéance et une carotte : le passe sanitaire. Cette extension de la campagne de rappel, qui s’appuie sur la flambée du taux d’incidence partout en Europe, va débuter ce samedi et mettre à contribution les professionnels de santé de ville, et pas seulement hospitaliers. Les médecins traitants, les pharmaciens, les kinés, les infirmiers, les sages-femmes… Il reste plus de 1 000 centres de vaccinations ouverts en France et certains, qui avaient fermé, vont rouvrir.
« La stratégie sanitaire du gouvernement pour cette cinquième vague est intelligemment modérée », estime Roger Salamon, ancien président du Haut Conseil de la santé publique.
« Dans ces annonces, rien de traumatisant, ni de spectaculaire non plus. Cinq mois au lieu de six entre la dernière injection et la troisième dose me semble correct. Et ouvrir la dose de rappel à toute la population, absolument nécessaire et dans la logique des choses. »
Bientôt les enfants ?
Le passe sanitaire assujetti à la troisième dose pour tous risque de faire pousser quelques cris d’orfraie et grincer des dents. Pas celles de Roger Salamon, qui s’en explique : « Le passe sanitaire, tellement décrié, a été un coup de génie. Nous avons été l’un des premiers pays d’Europe à l’ouvrir, et nous avons, grâce à ça, rattrapé notre retard en termes de vaccination. Il a permis, en plus de sauver des vies, de limiter la casse dans les hôpitaux publics et aussi de participer à la reprise économique. C’était plus politiquement correct qu’une obligation vaccinale. »
L’extension de la campagne vaccinale devrait aussi concerner les enfants (5-11 ans), bien que le professeur Denis Malvy, infectiologue au CHU de Bordeaux et membre du Conseil scientifique, balaie la probabilité : « Ce n’est pas encore à l’ordre du jour. » Pas pour Olivier Véran qui, lui, a dit attendre l’avis de l’Agence européenne du médicament ce jeudi, lequel s’est révélé favorable. Aussi, il devrait précéder celui du Conseil consultatif national d’éthique et de la Haute Autorité de santé. « Dans le cas où tous les signaux sont au vert, rien ne se fera avant 2022, car il faut attendre les doses avec des dilutions de vaccins adaptés aux enfants », a déclaré le ministre. Autant dire qu’on y va tout droit. Mais il reste un caillou dans la chaussure. Les non-vaccinés, qui ne sont pas tous des antivax convaincus, « ceux qui ont préféré la croyance à la science », a décrit Olivier Véran, mais beaucoup des personnes âgées, isolées, qui n’ont pas eu accès au vaccin.
6,9 millions non-vaccinés
Ils sont encore 6,9 millions aujourd’hui, dont 1,6 ont entre 18 et 34 ans, et 1,6, entre 35 et 49 ans, les autres ont plus de 50 ans. Ceux-là sont aujourd- ’hui les plus exposés à contracter des formes graves de la maladie, parce que les bi-vaccinés infectés par le Covid, même dans des formes minorées, restent très transmetteurs d’un virus de type variant Delta, particulièrement contagieux. « C’est ce Delta qui est majoritaire partout en Europe et en France, il circule redoutablement vite aujourd’hui, remarque le professeur Malvy. Seule la vaccination peut le contenir, en l’associant à tous les gestes barrières. »
Aération, port du masque obligatoire dans les lieux publics soumis au passe sanitaire et aussi en extérieur en cas de forte densité, gel hydroalcoolique sont autant d’« outils inestimables », selon le ministre de la Santé. Comme l’avait déjà annoncé, lors de sa dernière allocution, Emmanuel Macron, Olivier Véran a aussi mis l’accent sur l’arrivée prochaine d’un médicament soignant les formes graves de Covid. Ceci venant s’additionner à l’arsenal de lutte contre la pandémie.