Covid-19
Sud-Ouest du 8 novembre 2021
Retour du masque à l’école : les parents partagés
Dans 39 départements les écoliers vont devoir remettre le masque. Sur notre territoire, les Pyrénées-Atlantiques et le Lot-et-Garonne sont concernés
Les écoliers du Lot-et-Garonne et de Pyrénées-Atlantiques vont devoir retrouver les masques dès aujourd’hui. ILLUSTRATION STÉPHANE KLEIN/« SUD OUEST »
«De toute façon, la maîtresse nous autorise à l’enlever pour parler », relativise Roman, en CM2 à Foulayronnes. Il a tout de même soupiré de dépit quand ses parents lui ont appris qu’il devait remettre le masque à partir de la rentrée, aujourd’hui. Le Lot-et-Garonne fait partie des 61 départements où il est à nouveau imposé en raison d’un taux d’incidence supérieur à 50 pour 100 000 habitants.
« Ce qui est déstabilisant pour les enfants, ce sont ces changements continuels. Cela aurait été plus simple de le garder », estiment Sophie et Paul, ses parents. Sylvain Picard, directeur d’une école agenaise ne dit pas autre chose. « Nous nous sommes demandé pourquoi, quinze jours avant la fin des cours, ils pouvaient enlever le masque. »
D’ailleurs, les écoliers ont souvent continué à le porter. Au moins les premiers jours, demandant à leurs parents d’en glisser un dans le sac, « au cas où ». « Je trouve que c’est bien que les enfants remettent les masques. Depuis qu’ils les ont, ils sont moins malades », estime Brigitte, grand-mère layracaise de Jules.
Dans la rue aussi
Du côté des enseignants, « personne n’a été surpris… », selon Sylvain Picard. Cela dit, en Lot-et-Garonne, c’est surtout l’arrêté du préfet Jean-Noël Chavanne, en date du samedi 6 novembre que les enseignants redoutent : le retour du masque dans la rue, notamment aux abords des écoles. « Avant les vacances, même quand les parents étaient agglutinés au portail, le masque était remisé dans les poches. »
Le SNUipp, syndicat majoritaire chez les enseignants du premier degré, lui, fulmine. « On nous enfume avec le masque, mais où sont les capteurs de CO2 que l’on réclame depuis des mois ? Et les masques transparents en maternelle ? » Le Covid, « oui, il va falloir vivre avec », mais les masques, « c’est de la poudre aux yeux pour ne pas parler de classes surchargées, de moyens en baisse ». Et de pointer, notamment, l’absence de point d’eau systématique dans les classes, l’état des toilettes, le manque de savon récurrent…
Si, comme dans cette école rurale des environs d’Agen, « nous avons eu des cris de joie quand les enfants ont eu la confirmation qu’ils n’ont plus l’obligation de porter le masque, là, nous craignons des pleurs… », s’inquiète le directeur. Ce qui n’a pas manqué d’arriver à Diane, une petite Agenaise de 8 ans. Ses parents lui ont annoncé le retour du masque quand elle est rentrée de chez ses grands-parents… Plus que de le porter, ce sont ces consignes à géométrie variables qui l’embêtent. « Et ça tient chaud, la maîtresse ne voit pas qui parle pendant la classe », raconte la fillette.
« Tolérance »
Et si c’était les parents qui « projettent les choses comme les difficultés de communication, d’apprentissage ? Je pense que, parce que c’est nouveau pour nous adultes, on s’inquiète en tant que parents… », note Camille. Son fils, Paul, 6 ans n’a eu qu’un haussement d’épaules quand il a appris la nouvelle. Cela dit, Marie, de Villeneuve-sur-Lot, est loin d’avoir le même recul. Depuis l’année dernière et l’instauration du masque à l’école primaire, cette jeune grand-mère est de ceux qui ont voulu mener une fronde dans le Villeneuvois. « C’est abominable pour les enfants ! Cela joue sur leur concentration, sur les apprentissages. Pour moi, il ne sert à rien, ne protège pas du virus… » Le groupe de parents dont elle fait partie se dit prêt à reprendre la lutte.
« Nous avons une tolérance pour les premiers jours, pour accepter les enfants même sans, mais il va falloir expliquer… » explique Sylvain Picard. Et la dotation en masques ? « On pourrait aller en chercher à l’Inspection académique, mais ce n’est pas hyperpratique… »
Adaptation
« Le système est pourtant rodé, nous avons des réserves à la fois à l’Inspection académique et dans les différentes circonscriptions », rappelle Patrice Lemoine, directeur départemental des services de l’Éducation nationale. Comme l’ensemble de ses homologues, il a reçu la consigne d’accueillir tous les enfants, « masqués ou non », rassure le haut fonctionnaire.
« C’est vrai que huit masques par jour, c’est un budget », souligne Annick, maman de quatre enfants, tous en primaire. Alors, ses masques, y compris chirurgicaux, elle les lave. « Sur un paquet de 100, ça me permet d’en réutiliser un peu moins de la moitié, entre ceux dont les élastiques craquent et ceux qui ne sont plus présentables à la fin de la journée… » Pour les enfants, « le masque est devenu presque normal ». Même si en trois semaines, certains ont eu l’espoir de l’oublier. « Finalement, les plus jeunes s’adaptent plus et mieux que nous », conclut Sylvain Picard, le directeur d’école.
Sud-Ouest du 8 novembre 2021