Moustique-tigre
Sud-Ouest du 30 août 2021
Le moustique-tigre gagne encore du terrain
Véritable fléau de l’été, le moustique-tigre a colonisé cette année sept nouvelles communes girondines. L’Agence régionale de santé et la Métropole le surveillent de près
Reconnaissable à ses rayures blanches et noires, le moustique-tigre est implanté en Gironde depuis 2012. Les agents du centre de démoustication de la Métropole, basé à Ambarès-et-Lagrave (à droite), le surveillent de près. AFP / ARCHIVES FABIEN COTTEREAU
Moins présent cette année que d’habitude en Charente-Maritime et dans le Lot-et-Garonne, le moustique-tigre ne cesse à l’inverse de gagner du terrain sur le territoire girondin, où il est irréversiblement implanté depuis 2013. Selon l’Agence régionale de santé (ARS) de Nouvelle-Aquitaine, qui assure tous les ans une surveillance renforcée entre mai et octobre, sept nouvelles communes ont en effet été colonisées depuis le printemps : Budos, Giscos, Macau, Saint-Laurent-d’Arce, Yvrac, Abzac et Saint-Vivien-de-Monségur.
Cela porte à 188 le nombre de communes du département – soit près d’une sur trois – touchées par la présence du petit insecte (5 millimètres) reconnaissable à ses rayures noires et blanches.
Espèce invasive
« C’est une espèce invasive que l’on voit de plus en plus progresser. La majorité de la population girondine vit aujourd’hui dans une zone où le moustique-tigre est implanté », explique Fabien Jouanthoua, ingénieure d’études sanitaires à la délégation départementale de l’ARS, chargée de la gestion du risque sanitaire lié aux maladies (dengue, chikungunya, zika) dont le moustique-tigre est potentiellement vecteur.
Contrairement à 2020 où les chaleurs du printemps avaient favorisé le développement rapide des larves de moustiques-tigres, leur émergence a été plus tardive cette année. « On a observé, au début de saison en tout cas, une densité moins élevée que l’année dernière qui avait plutôt été exceptionnelle au niveau de la météo. Cette année, le printemps n’a pas forcément été chaud donc ça n’a pas généré cette grosse densité de moustiques », poursuit Fabienne Jouanthoua.
La saison estivale avançant, la dynamique est cependant similaire aux étés précédents et les nuisances causées par Aedes Albopictus, un moustique aussi silencieux que vif et dont les piqûres interviennent surtout le matin et en fin de journée, sont toujours importantes. En particulier dans les zones urbaines où il se déplace peu – entre 30 et 150 mètres – mais se reproduit dans les moindres collections d’eau stagnante.
Depuis qu’il a été détecté pour la première fois dans l’agglomération bordelaise en 2012, le moustique-tigre « a colonisé la totalité du territoire », explique Laurent Cunil, le chef du centre de démoustication de Bordeaux Métropole, créé au 1er janvier 2020 après la dissolution de l’Établissement interdépartemental de démoustication du littoral atlantique (EID). Aucune des 28 communes de la métropole, qui concentre 785 000 habitants, n’est épargnée.
Chez les particuliers
Y observe-t-on davantage de moustiques que les étés précédents ? « On n’en a pas plus ou pas moins que d’habitude mais il génère systématiquement d’importantes nuisances », répond Laurent Cunil. Et contrairement à certaines idées reçues, il ne se reproduit pas dans les zones humides ou périurbaines mais directement dans les jardins des particuliers, autour des habitations.
« On estime à plus de 80 % que la présence du moustique-tigre se développe sur la propriété privée », précise-t-il, désignant également les jardins familiaux et partagés comme de véritables « usines à moustiques ». D’où l’importance que chacun, chez soi et à l’échelle d’un quartier, repère et supprime les potentiels gîtes larvaires dans lesquels la femelle pond ses œufs.
Dengue « importée »
Si le centre de démoustication mène chaque année des missions de repérages, contrôles et traitements anti-larvaires sur les sites publics ou les propriétés appartenant aux communes et à Bordeaux Métropole, son champ d’action sur le domaine privé se limite en revanche à la surveillance, à l’expertise et aux conseils aux propriétaires. Des citoyens auxquels seuls les maires, conformément à un décret datant de mars 2019, peuvent prescrire des mesures nécessaires à la lutte contre l’insalubrité que constitue le développement des insectes comme les moustiques-tigres, vecteurs notamment de la dengue, signalée plusieurs fois en Gironde.
Depuis le 1er mai, « huit cas ont été importés (NDLR : de la zone intertropicale) en Gironde », précise Fabienne Jouanthoua de l’Agence régionale de santé. Lorsqu’un signalement est déclaré, une enquête de terrain est alors effectuée par un opérateur pour déterminer les lieux fréquentés par la personne malade et mettre en œuvre des mesures de lutte contre les moustiques-tigres, « l’objectif étant d’éviter que les moustiques-tigres présents piquent la personne malade et transmettent ensuite la maladie à d’autres personnes alentour ».
Aucun cas dit « autochtone » n’a encore été observé dans le département mais la surveillance et la vigilance de tous doivent rester de mise jusqu’à l’automne