La pression incendiaire grandit en France
Huffpost du 13 août 2021
Incendies en Algérie : Pourquoi la France peut craindre des événements similaires ?
En plein épisode de canicule, les autorités françaises restent à l’affût pour rapatrier les moyens engagés ailleurs en Europe du sud et en Afrique du nord.
CLIMAT - Combien de temps l’aide aérienne française envoyée en Algérie, après avoir servi en Italie, pourra-t-elle rester sur place? Les deux Canadair et l’avion de commandement sont rentrés en action le 12 août pour faire face aux flammes mortelles qui parcourent le nord du pays. La durée d’intervention est indéterminée, mais face à la pression incendiaire qui grandit en France, les autorités françaises se réservent le droit de rapatrier ces renforts à tout moment.
Bruno Ulliac, contrôleur général des pompiers à la Direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises, interviewé jeudi 12 août sur France Info, a rappelé que “face à la pression incendiaire qui va toucher le sud de la France dans les prochains jours, nous sommes obligés d’être prudents sur nos engagements”. Autrement dit, le risque d’incendie en France est fort et les autorités se préparent à intervenir.
L’Aude était d’ailleurs une nouvelle fois en proie aux flammes pas plus tard que ce mercredi 11 août rapporte France Bleu. Deux semaines plus tôt, plus de 850 hectares de garrigue ont été détruits dans un important incendie dans ce même département.
Ce fléau est récurrent sur le territoire français. En 2017, plus de 7000 hectares de végétation ont été calcinés en l’espace de quelques jours dans le sud-est de la France, l’équivalent de 10.000 terrains de foot. L’année 2003 affichait quant à elle un record jamais atteint depuis 30 ans, avec plus de 70.000 hectares partis en fumée en Corse et dans le massif des Maures.
La végétation française très inflammable
La France est le quatrième pays européen le plus boisé avec 16,9 millions d’hectares de forêt sur son territoire métropolitain, soit un tiers de sa superficie. À cela s’ajoute une végétation basse et particulièrement inflammable dans le sud du pays.
La garrigue par exemple, occupe environ 400.000 hectares, principalement en Provence et dans le Languedoc. Citons aussi le maquis corse, dont 6 hectares a brûlé à Ajaccio au mois de juin. Cette abondance végétative accentue la vulnérabilité au risque de feu de forêt, notamment en période estivale avec l’augmentation des températures.
“L’été très chaud” prédit par les météorologues pointe d’ailleurs “enfin” le bout de son nez. Les températures maximales ont déjà dépassé les 40 degrés et l’épisode de canicule annoncé par Météo France sur son site, devrait se poursuivre jusqu’en fin de semaine.
🌡️ Une masse d’air extrêmement chaud est en train de migrer de la Méditerranée orientale à la partie Ouest de la Méditerranée. Le sud-est de la France ne sera pas épargné, avec un épisode de très fortes chaleurs prévu jusqu'en fin de la semaine.▶️https://t.co/xISx83v75K pic.twitter.com/y3F6GUvxx3
— Météo-France (@meteofrance) August 11, 2021
Mais le thermomètre n’est pas le seul facteur à prendre en compte dans la prédiction des feux de forêt. Outre le mercure et l’importance forestière du territoire français, la probabilité d’incendies dépend aussi d’autres facteurs.
Le danger devient élevé quand la température grimpe à plus de 30 °C, que les rafales de vent dépassent les 30 km/h, et à mesure que la végétation s’assèche. Le gouvernement rappelle d’ailleurs que “toutes les régions de France sont concernées par le risque de feux de forêt et de végétation”.
Si la météo et la géographie du terrain sont essentielles pour prévoir la menace incendiaire, l’Homme n’est pas exempte de toute responsabilité. 90 % des feux ont une origine humaine et 40 % une volonté criminelle, rappelle France TV.
Un risque incendie calculé chaque jour
Météo France calcule chaque jours l’indice forêt météo (IFM), c’est-à-dire une estimation du risque d’un feu de forêt pour un endroit donné et selon le contexte météorologique. En faisant le bilan des pluies, de la température, de l’humidité de l’air et du vent, l’objectif est de prévenir d’un potentiel danger incendiaire.
Ces données ne sont pas accessibles au grand public, mais fournies aux services de la sécurité civile, aux préfectures et à l’Office national des forêts (ONF). Ainsi, en prenant en compte l’IMF, la préfecture de l’Indre établissait trois niveaux d’alerte opérationnels en mai concernant le risque dans le département, explique La Nouvelle République.
En 2010, Météo-France a réalisé un rapport concernant l’impact du changement climatique sur l’évolution de l’IFM de 1958 à l’horizon 2100. Les simulations révèlent un allongement de la saison propice aux incendies et une élévation constante du nombre de jours présentant un danger météorologique de feux de forêts.
Rien de bon à l’avenir, selon le GIEC
En parallèle, le GIEC a rendu le premier volet du rapport sur l’évolution du climat le 9 août. Et le bilan est pour le moins alarmant. Il prévient que la planète va subir une augmentation “sans précédent” des événements météo extrêmes comme les canicules ou les pluies diluviennes, même si le monde parvient à limiter le réchauffement à +1,5°C. Ne pas dépasser cette limite reste néanmoins essentiel.
Car qui dit réchauffement du climat dit hausse des sécheresses et par ricochet, des incendies. S’il on prolonge les courbes de l’augmentation des températures, la France elle aussi pourrait être de plus en plus touchée par ces phénomènes.
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