Covid-19
Sud-Ouest du 15 mai 2021
Pfizer, vaccin aux effets contrôlés
Le centre bordelais de pharmacovigilance dresse un bilan d’étape des effets secondaires du vaccin. Plutôt rassurant
Le professeur Antoine Pariente dirige le centre régional de pharmacovigilance au CHU de Bordeaux. FABIEN COTTEREAU / ”SUD OUEST"
En Nouvelle-Aquitaine, 33 % de la population a été piquée au moins une fois. Avec le vaccin Pfizer en tête, puis AstraZeneca et enfin Moderna en queue de peloton. Depuis le début, la transparence a été le mot d’ordre et donc, chaque semaine, l’Agence nationale de sécurité du médicament s’applique à mettre en ligne le rapport de l’enquête de pharmacovigilance, instaurée afin de surveiller comme le lait sur le feu, et en temps réel le profil de sécurité des vaccins anti-covid, qui circulent en France.
Cette enquête hebdomadaire est réalisée par les centres régionaux de pharmacovigilance (CRPV), à partir des déclarations signalant des effets indésirables, suite à une vaccination. Ces notifications sont réalisées par les professionnels de santé, les personnes vaccinées ou leurs proches. Au 13 mai, selon le ministère de la Santé, la France avait injecté leur première dose à 19 269 311 personnes, ce qui commence à faire un sacré panel de « cobayes » et… de déclarations. Car, parmi les vaccinés, combien se sont plaints de maux de tête, de fièvre, de courbatures, de problèmes intestinaux, de fatigue, de grelottement nocturne ? Beaucoup, il suffit de sonder notre propre entourage.
Maux de tête
Depuis, le CRPV du CHU de Bordeaux, le professeur Antoine Pariente et son équipe s’appliquent à mesurer la gravité de tous les effets secondaires annoncés sur le vaccin Pfizer et à les répertorier. En clair, le décès d’une personne de 95 ans, quelques jours après un vaccin, peut-être sans rapport avec le vaccin. Pour analyser les éventuels liens, les médecins et statisticiens enquêtent sur l’âge et les comorbidités de la personne vaccinée. « On est là, précise le professeur Pariente, en cas d’un éventuel excès de pathologies qui suspecterait un lien avec le vaccin. »
Son bilan mi-mai est plutôt rassurant. « Si les courbatures et les maux de tête font partie des effets indésirables les plus fréquents pour Pfizer, à ce jour, et compte tenu du recul considérable mondial dont on bénéficie aujourd’hui – plus de 100 millions de personnes ont reçu ce vaccin – désormais la sécurité du vaccin n’est pas remise en cause. On peut être rassurés », annonce le scientifique.
Il évoque les premiers événements déclarés, désormais stabilisés, tels que les décès. « On a commencé par vacciner des gens âgés très âgés, donc certains décédaient quelques jours après la vaccination, remarque-t-il. Chaque cas a été étudié et aucun élément n’établit un lien de cause à effet. » Par ailleurs, des embolies pulmonaires et des thromboses veineuses survenues, ont été également étudiées. « Ces cas font partie de ce qui est attendu et normal dans une population aussi vaste, et sans rapport avec le Pfizer », constate le professeur Pariente. Des cas de zonas un peu trop fréquents chez les vaccinés : « Ce n’est pas exceptionnel, cela correspond à une fatigue liée au vaccin, qui en favoriserait l’émergence. » Quid des signalements de pancréatites ? « Nous sommes en cours de documentation sur ces quelques cas signalés. » Syndromes de Guillain Barré ? « Classique dans tous vaccins, y compris celui de la grippe. » L’augmentation notable et fréquente de la pression artérielle, quelques heures après la vaccination questionne. « Rien de grave, mais une analyse supplémentaire a été demandée en France et en Europe », concède-t-il.
Plus on avance, mieux on connaît le Pfizer et ses effets de réactogénicité. Ainsi désormais, ce n’est plus un secret que d’admettre quelques effets indésirables marqués lors de la deuxième injection. « En effet, des effets désagréables, mais bénins et sans explication. »