Covid-19
Sud-Ouest du 28 mars 2021
Les contrôles se multiplient
Les autorités ont intensifié, samedi, les contrôles dans tout le pays pour faire respecter l’interdiction de se déplacer
À Montparnasse, samedi, une grande partie des voyageurs ont été contrôlés. THOMAS COEX / AFP
Face à une situation épidémique « critique » les autorités ont intensifié, ce samedi 27 mars, les contrôles pour faire respecter l’interdiction de se déplacer. Depuis vendredi, trois départements - le Rhône, l’Aube et la Nièvre - sont soumis aux mesures de restrictions déjà en vigueur dans 16 autres, dont Paris et sa région. Au programme : pas de déplacements à plus de 10 km sans dérogation, pas de sortie du territoire sans motif impérieux, commerces fermés et demi-classes en lycée.
Samedi matin, gare Montparnasse à Paris, « une dizaine d’équipes sont mobilisées contre deux à trois en temps normal », a expliqué un capitaine de police, précisant que les contrôles vont être accentués « aux heures de pointe ». Maëlle, 22 ans, est en partance pour Lorient, en Bretagne. Infirmière « en renfort Covid » à Paris, elle rentre voir sa famille pour quelques jours. Elle a attendu le dernier moment pour prendre son billet, craignant que ce déplacement lui soit interdit : « J’ai un papier de l’AP-HP, et, sur mon portable, j’ai rempli l’attestation en cochant la case déplacement entre le domicile et le lieu d’exercice de l’activité professionnelle. »
Dans le centre-ville de la capitale, les patrouilles ont été aussi plus visibles samedi après-midi aux abords des quais du canal Saint-Matin, généralement pris d’assaut dès les beaux jours. Mais l’interdiction des rassemblements n’a pas empêché des musiciens de donner un concert classique devant le théâtre de l’Odéon, occupé depuis trois semaines par des intermittents du spectacle frappés de plein fouet par la fermeture des lieux culturels.
À Avignon, ce sont quelque 400 professionnels ou passionnés de reconstitutions historiques qui ont défilé en vikings, chevaliers ou pirates pour alerter sur les difficultés rencontrées par leur secteur.
Conseil de défense
Parallèlement aux 16 départements touchés par les restrictions les plus dures, 24 autres sont sous vigilance renforcée. Devant la lassitude des Français, un an après l’explosion de la pandémie, le gouvernement est réticent à donner un tour de vis supplémentaire malgré une montée de l’épidémie laissant le pays dans une situation « critique » selon les mots du Premier ministre Jean Castex.
Jeudi, Emmanuel Macron, qui a refusé tout mea-culpa après son refus de confiner le pays en janvier malgré les prévisions des experts, avait indiqué que les semaines à venir seraient « difficiles ». Un conseil de défense doit ainsi se tenir mercredi pour décider d’un éventuel durcissement des sanctions.
Dans ce contexte, le débat sur un nouveau report des élections régionales et départementales, prévues les 13 et 20 juin, est relancé. L’exécutif a indiqué qu’il allait se conformer « strictement » à l’avis du conseil scientifique, qui doit en principe remettre ses recommandations ce dimanche à Matignon.
Car le scénario anticipé dès janvier par les épidémiologistes s’est révélé exact : l’épidémie a progressé quasiment partout en France en mars, poussée par le variant anglais, jugé plus contagieux et plus virulent. Il faudrait un confinement « au minimum (d’)un mois à partir de ce week-end », selon Eric d’Ortenzio, cité ce samedi dans les colonnes du journal « Le Parisien ».
Objectif : retrouver un taux d’incidence en deçà de 5 000 nouveaux cas par jour, le seuil fixé par Emmanuel Macron en novembre. Le nombre de malades en réanimation s’élevait samedi soir à 4 791, frisant le pic de la deuxième vague à l’automne. Au total, 94 302 personnes sont mortes depuis le début de l’épidémie.
Vaccination élargie
Mais face à l’épidémie qui n’en finit plus, une autre question se pose autour des écoles et de leur fermeture. En effet, contrairement à nombre de ses voisins européens, la France refuse de les fermer. Ce vendredi, le ministre de l’Éducation, Jean-Michel Blanquer, a annoncé que les classes fermeraient désormais dès l’apparition d’un premier malade dans les départements reconfinés. Mais de nombreuses voix s’élèvent, afin de demander une fermeture complète des établissements.
Chez les 0-14 ans, le taux d’incidence a augmenté de 31 % du 15 au 21 mars par rapport à la semaine précédente, selon le point épidémiologique publié vendredi par l’agence sanitaire. Sur le plan vaccinal, 7,5 millions de personnes ont reçu au moins une injection, dont 2,6 millions deux doses. La France a donc dépassé les 10 millions d’injections.
Et la ministre déléguée à l’Industrie, Agnès Pannier-Runacher, a annoncé samedi sur Europe 1 que près de 3 millions de doses de supplémentaires allaient arriver la semaine prochaine dans le pays.